Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.2.djvu/414

Cette page n’a pas encore été corrigée

M ] c.i :. I i l ONCILE DE 1 RI vu

223^

Il est done Juste de conclure qu’au x, e siècle, un fort mouvement d’opinion s'était dessiné dans l’Eglise pour la r> Forme du mariage, a cause des inconvénients la clandestinité.

lents do la clandestinité avalenl Inquiété les États, surtout à raison du désordre qu’ils mettaient dans les familles. CI. Détrez, op. cit., p. 154, Ce qui occasionna en France l’une dos premières interventions de la puissance civile dans la réglementation du mariage : le célèbre êdlt de Henri Il en 1556 donne faculté d’exhéréder leurs enfants nu neurs qui se seraient mariés sans leur consentement et ère aux juges le droit de prononcer telles peines ar eux suivant l’exigence des cas. Lefebvre, . p. 131 sq. Sur l’occasion do cet édlt (mariage de leanne de Plenne et de François de Montmorency, à qui Henri Il destinait et accorda, par la suite. e naturelle. Diane de France) ; cf. Vantroys, Êtudr historique et juridique sur le consentement des parents au mariage de leurs enfants, Paris. 1899.

ncile de Trente. - Définir les dogmes attaques par les protestants, opérer les reformes uécesls étaient les buts du concile de Trente. Les - relatifs au mariage furent, a ce double litre, inscrits au programme de sis travaux.

1. Ouverture des débats sur le mariage.

Dans sa n (3 mars 1547), le concile avait défini la doctrine générale des sacrements et. dès lors, les principes fondamentaux du mariage. Le mariage est un des sept sacrements institues par Jésus-Christ (c. 1) et ees sept sacrements diffèrent profondément de ceux de l’Ancienne Loi (c. 2) ; ils contiennent la grâce . ils la confèrent ex opère opéra to (c. 8) ; celui qui dminlstre doit avoir l’intention de faire ce que veut l'Église (c. 11). Par ces définitions qui renouvellent les précisions du Décret aux Arméniens, les débats des scol astiques étaient elos. spécialement le débat sur la grâce et sur Vunirocatio du mariage et des autres sacrements.

L’examen des difficultés propres au mariage fut décidé en 1552 : mais il fut arrêté net par l’intervention des protestants qui se plaignaient que l’on puvrit sans eux des diseussions nouvelles. Sarpi. 1. IV. c. xlv : Pallavicini. 1. XIII. c. n.

Le Il mars 1562, dans une congrégation générale, le cardinal de Mantoue, Hercule Gonzague, faisait lire par le secrétaire du concile. Angelo Massarelli, douze ula re/ormationis. Les e. xi et xii étaient ainsi conçus : c. XI. Mutrimonia clandestina un in /uluro debeant declarari irrita esse et nullal c. xii. Quw (.onditiones sint declarandse ad hoc ut matrimonium non dicatur dandestinum sed in facie Ecclesiw contraclum ? Voir le Uiaire de G. B. Liekler, dans Le Plat, Monumentorum ad historiam conc. Trident… s pédant ium colléelio, t. viifc, p. 288. C'était proposer la difficulté qui préoccupait avant tout les Pères du Concile et reproduire presque littéralement les Poslulala episcoporum Italiæ circa rc/ormationem generalem. Ibid., t. v, p. 618. En cette année 1562, rien d’utile ne fut fait en ce qui concerne la réforme du mariage.

Le débat ne devait être repris qu’en 1563 et, pendant

presque toute cette année, il préoccupa vivement

Nous en connaissons assez précisément

toutes les phases, et les plus intéressants détails sur

haque point par diverses sources. D’abord, par les

que rédigea Massarelli, secrétaire-notaire du con n 1874 par Aug. Theiner, Acla genuina

oeeumenici concilii Tridenlini, Zaghreb, 1874,

et plus complètement par S. Elises, Concilii Tridenlini

Actorum pars sexta (Coll. de la Societas Gœrresiana,

.1, Fribourg-en-H. 1924 Acfa, avant

tout, que nous ferons usage. Des compléments utiles

sont fournis par le Diaire de G. Paleotti. auditeur de

Pote et > canonlste du s. uni Siège. rédacteur >ies

décrets. Ce lUaire a été réédite par Theiner. dans les

Acta genuina… Les correspondances particulli offrent aussi de l’intérêt, notamment celle des légats avec le cardinal Borromée, que nous citerons d’après

I. SÛsta, />" r, miseke Kurlt und dus Konxil pon Trient

unter Pius iv. t. m et tv, Vienne, lui 1914. Les

autres recueils de textes relatifs an concile de Trente, sauf celui de Le Plat, déjà cite, ne fournissent qu’un

très petit nombre de renseignements mile-. Quant aux historiens du concile, P. Sarpi, séduisant.

à coup BÛT, est plein d’inexact il udes sur le sujet du

mariage, tandis que Pallavicini, cité Ici d après l'édl

tion de Cigli. suit de près les sourie..

2. Les débuts sur le contrat-sacrement. Attitude des

theologi minores. Le 3 février 1563, le cardinal de Mantoue, premier président et légat, dans l’allocution

par laquelle il annonçait la prorogation de la ses suggérait notamment… ut theologi disputarent de his articulis, qui pertinent ad sacramentum matrimonii Ehses, p. 376.

L’assemblée ayant approuvé ce dessein, huit articles furent proposes le 4 février aux theologi minores, qui se partagèrent entre quatre sections, dont chacune eut à examiner deux articles. La fixation du tour de parole donna lieu à un conflit très vif entre les français et les Espagnols qui allèrent jusqu'à affirmer que, si leur point de vue n'était pas accepté, leur roi pourrait demander aux armes sa vengeance. Voir deux lettres des légats à Borromée dans Sùsta, op. cit., t. iii, p. 204 sq, et 209 sq ; Theiner, t. ii, p. 643 ; BaluzeMansi, Miscellanéa t. iu.n p. 438.

Du 9 février au 22 mars, trente-six réunions furent tenues, Pallavicini, p. 269 sq., Elises, p. 382-470, dont les plus Intéressantes pour notre sujet sont celles des théologiens de la première section : six Espagnols, quatre Français, trois Italiens, deux Portugais. Elises, p. 382-408. Les deux articles suivants leur étaient soumis :

1. Matrimonium non esse sacramentum a Deo institutum, sed ab hominibus in Ecclesiam tnvectum, ne habere promissionem gratiæ.

2. Parentes posse irrilare mutrimonia clandestina, nec esse vera matrimonia, quæ sic contrahuntur, expedireque, ut in Ecclesia hujusmodi in futurum irrilentur.

De ces théologiens de la première classe et de tous ceux qui interviendront dans les débats ultérieurs, il nous est assez facile de reconstituer le dossier : ils étaient nourris de doctrine classique. P. Sarpi se moque de leur « grand étalage d'érudition scolastique Assurément, ils connaissaient fort bien les opinions de saint Thomas, de Duns Scot, de Durand de SaintPourçain. Ils subissaient, en outre, l’influence des auteurs récents, comme Gropper qui, dans son Enchiridion, Paris, 1545, nie le caractère sacramentel du mariage clandestin, ou, en sens contraire. Tapper, Explicationis articulorum ven. (acultatis Lovaniensis, Libri ii, Louvain, 1555-1557, t. ii, p. 503, et Delphinus, op. cit., p. 60-69.

La discussion du premier article fut l’occasion pour les theologi minores d’exposer toute la doctrine du sacrement. L’intérêt des débats, c’est qu’ils nous mou trent de façon précise l’opinion des plus éminents théologiens de la chrétienté sur les preuves du sacrement, la matière et la forme, la collation de la grâce, l’institution divine.

Plusieurs catégories de textes établissent le cai tère sacramentel du mariage. Les uns sont tin Écritures et parmi eux. le plus souvent cité est celui de saint Paul, Eph., V, 32, Sacramentum hoc magnum est, avec, parfois, cette observation, à l’usage d< protestants, que mysterium équivaut à sacramerdum. Salmeron et Simon Vigor dans Ehses, p. 383 et