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MACHABÉES (LIVRES DES), THÉOLOGIE


état d' « être affranchis (de l’obstacle) du péché » : tîjç « [xapTÎaç àïtoXuôîjvai. » — Sainte et pieuse pensée, certes ! Voir aussi plus loin, col. 1495.

Pour ce même second livre des Machabées, païens coupables et Juifs apostats sont soumis providentiellement dans leur genre de mort à la loi du talion, sans que cette fois il soit fait allusion à une résurrection prévue ou non prévue : l’assassin d’Onias meurt tué à l’endroit même où il a commis son crime, iv, 38 ; les ravisseurs du trésor du temple sont mis à mort par la foule indignée prés du trésor lui-même, iv, 39-42 ; le grand prêtre Jason, qui a exilé ou massacré tant de ses compatriotes, meurt sur la terre étrangère et n’obtient les honneurs ni du deuil public ni des funérailles, v, 7-10 ; ceux qui ont brûlé sacrilègement les portes du temple (I Mac., iv, 38) sont brûlés vifs dans une maison où ils se sont réfugiés, viii, 33 ; Antiochus IV, blasphémateur et bourreau de tant de martyrs, périt misérablement dans l’infection et les plus atroces tortures, ix, 3, 8-10, 18, 28 ; l’impie Ménélas, coupable de sacrilège envers le feu et la cendre de l’autel, meurt du supplice de la cendre, xiii, 5-8 ; Nicanor, qui avait étendu la main droite contre le temple, jurant de le détruire, xiv, 33, a la tête et la main tranchées, la langue coupée en morceaux et jetée aux oiseaux de proie, xv, 30-35.

4° La vie éternelle qui doit suivre la résurrection n’est pas autrement définie dans le second livre des Machabées. vii, 9, 14, 36. Mais si nous nous en rapportons sur ce point à la littérature apocryphe de l'époque même, nous pouvons remarquer que, partie d’une nouvelle vie terrestre de très longue durée avec jouissance de biens de l’ordre matériel et sensible, Hénoch, v, 9 ; x, 17 ; xxv, 6 ; lxii, 14 ; Jubilés, xxiii, 27-29, l’idée de cette vie va se spiritualisant de plus en plus, et s'élève jusqu'à la conception d’une existence vraiment éternelle et surnaturelle. Voir Sagesse (Livre de la). Le quatrième livre considère les Juifs pieux et les martyrs comme entrés dans la vie éternelle dès que chacun d’eux a laissé dans les tourments son corps mortel, xviii, 3 : 71potéu.evoi Ta ccôfj.ocTa toTç tegvoiç èxeîvoi ; morts pour Dieu, ils vivent en Dieu, xvi, 25 : Sià tov ôeôv à^oôavévTeç Çcociv tco QzS> ; ayant reçu (ou recouvré) des âmes pures et immortelles, xviii, 23 : i^DX^Ç âyvàç xal àôavaTO’jç àTceiX^çoTeç. Il abandonne ainsi l’espoir d’une prochaine résurrection.

5° Les peines éternelles ne trouvent également pas d’expression claire dans les premiers livres. Le roi persécuteur est menacé du « jugement de Dieu », II Mac, vii, 35, 36, qui lui réserve, ainsi qu'à sa race, peines et tourments indicibles, vii, 17, 37 : paaavieï. Mais ce peut n'être que l’annonce de la mort cruelle décrite un peu plus loin, au chapitre ix. En revanche, notre quatrième livre est ici des plus catégoriques. La divine justice s’exerce sur les méchants par l'éternel tourment du feu, ix, 9 : ùrcô tîjç Ôetocç Sîxyjç alcoviov pàaavov Sià 7rop6ç ; ix, 32 ; x, 11 ; xi, 3 ; feu de trame serrée, 7ruxvÔTepov ; tourments qui de toute l'éternité ne feront point relâche, aï sic ôXov tov alwva oùx àv/]couoîv ce. xii, 12 ; xviii, 5.

/II. LES AXGES ET LES SAINTS. — 1° Les anges.— Sans doute faut-il interpréter d' « anges » véritables, c’est-à-dire de réels « esprits » célestes, les « manifestations » du ciel, tocç è.% oùpavoô è7U<paveiaç, ii, 21, en faveur des héros du judaïsme, que rapporte le second livre : cavalier, êjn, 6aTï ; ç, et jeunes hommes, veavlai, châtiant ou réconfortant Héliodore, iii, 2325, 33, 34 ; troupes de cavaliers combattant dans le ciel, 81à tcôv àépcov TpéxovTaç inneïç, en manière d’heureux présage, v, 2-4 ; hommes resplendissants, avopeç 81.a7Tpe7teïç, au nombre de cinq, foudroyant à la tête des Juifs, les ennemis de Judas, x, 29-31 ;

nouveau cavalier de blanc vêtu, e<p17t7roç èv Xeuxfj èo07 ( Ti, apparaissent encore en « bon ange » et « champion céleste » devant la troupe machabéenne qui s’avance contre Lysias à Bethsoura, .i, 6-10, — de même le troisième : « deux anges, ayysXoi, éclatants et terribles, visibles à tous excepté aux Juifs de l’hippodrome, vi, 18-21. — Esprits à qui Dieu a concédé quelque part au gouvernement du monde, II Mac, ni, 24 :  ; rveû(jLa, 7tàaa éEouaîa ; intermédiaires entre lui et les siens auxquels ii ne parle plus immédiatement comme au temps des prophètes. — Pourtant l’identification à des êtres angéliques ne se dégage-t-elle point tout à fait clairement du texte, et celui-ci demeure-t-il passablement nuancé de traits rappelant les apparitions anciennes de 1' « ange de Jahvé », c’est-à-dire les « manifestations », mal’eakim, de Jahvé lui-même. Plusieurs fois il est fait allusion à cemal’eak lahve détruisant l’armée de Sennachérib, IV Reg., xix, 35, soit que l’on évoque simplement son souvenir, I Mac, vu, 41 ; II Mac, viii, 19 ; soit que l’on prie Dieu instamment de l’envoyer à nouveau. II Mac, xv, 22, 23 : tov <5cyyeX6v cou (V : tov ôîyyeXov, A : àyyeXov àya66v ; Vulg. : qui misisti angelum luum…. nunc mille angelum tuum bonum). Et dans les passages mêmes où sont relatées les manifestations, celles-ci sont finalement considérées parfois comme « apparition du Dieu tout-puissant », II Mac, iii, 30 : sTTiçavévTOç xuptou ; ou comme « le Seigneur champion miséricordieux », xi, 10 : tov à^'oùpavoù o"ûp : |i, a/ov… èLeYjaavtoç… toù xupîou(Vulg., de ccelo habenles adjutorem et super eos miserantem dominum) ; ou comme « la magnifique présence de Dieu », xv, 27 : xf ; toû 6soû (AeyâXœç eùcppav0svTeç STUçaveta (Vulg. prasenlia Dei magnifiée deleclati) ; ou comme < apparition de la face même de Dieu ». III Mac, vi, 18 : 6e6ç è7uçâvaç tô àyiov aÙToû 7Tp6aco7rov. La pluralité des personnages apparaissant n’y fait rien, puisque les trois hommes des chênes de Mambré ne sont devant Abraham et devant Lot que l’unique Jahvé, Gen., xviii, 2, 3, etc., xix, 18, 21, etc., et que les male’aké ' Elohim du songe de Jacob ne sont que les « manifestations » occasionnelles de Iahvé lui-même, franchissant la ♦ porte des cieux ». Gen., xxvrn, 12-13 ; 16-17. L’analogie de III Mac, vi, 18 avec ce dernier passage est des plus frappantes : Dieu pour a manifester sa sainte face, ouvre les portes du ciel, » d’où l’on voit t descendre deux anges ». Il est remarquable que les livres des Machabées soient restés, dans leur angélologie, attachés de la sorte aux anciennes formules, quand ceux de Daniel, x, 13, 20-21 ; xi, 1 et de Tobie(voir Tobie) connaissent les anges à titre de personnalités distinctes de celle de Dieu, chargées de particulières fonctions et portant des noms propres.

2° Les saints. Leur intercession. — C'était croyance juive proprement palestinienne qu’en attendant la résurrection justes et impies recevaient, après la mort, rétribution passagère, momentanée et non définitive, de leurs actions. Après leur mort, les justes se trouvent déjà en paradis, sous les ailes du Maître des esprits, Hénoch, xl, 5 sq. ; lxi, 12 ; lxx, 4, etc. Nul doute non plus que les Juifs machabéens n’aient cru réunis pour un temps non loin de Dieu tous les saints personnages de l’ancienne Loi, patriarches, prophètes, tous les « justes » ; cf. sauf l’idée de la résurrection, IV Mac, xvi, 25 : Çwo-iv tco 0eô> &Girzp ttco/tëç… oî TraTpiâpxai. ! xviii, 23. Ainsi en est-il, dans II Mac, xv, 12-16, au moins d’Onias III « l’ancien grand prêtre », et de Jérémie « le prophète de Dieu », que Judas dans un « songe digne de foi » a vus priant pour toute la communauté juive, pour le peuple et pour la ville sainte. C’est restreinte également à l'Église juive, l’expression de la croyance au pouvoir d’intercession des saints ; car, ayant eu foi en ce pouvoir, les combattants, grâce au