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MARIAGJ DOI 1KIM I LASSIQ1 E, L'ÉTAT D1 M TRIAGE

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t J Vakur de f » eU conjugal. Si le mariage w « > » > étal naturel, n’y faut-U point reconnaître aujonrd nul la marque de la nature déchue ? L’acte conjugal n’est-ll pas un relvchement coupable de la chalrl

Les scolastiques rencontraient sur ce polnl la cri tique des hérésiarques et celle de ces philosophes qui condamnent en toute union charnelle une délectation superflue el ! < trouble de la raison. t>n leur objectall encore que Pierre Lombard rherche à cet acte des excuses, el qu’il est accompli dans le secret : preuves qu’il ne va point sans honte et sans péché.

P’asstt nombreux canonistes et théologiens -ou tiennent que lacté conjugal ne peu ! jamais s’accomplir s ms péché : Est enitn quidam ftreor. quædam voluplas, semoer peccatum est. ut XXXlll.q. IV, Vir (c. il ce hic expresse habetur quod opus conjugale nunm potesi exeneri sine peccato. Huguccio, in c. 1, eaus ll. q. ». <"' rerbum non datur. cité par K Gillmann. dans Hcr Katholik, 1909, t.n, p. 21 », n. 5, Huguccio ajoute que, si les hérétiques on ! tort de dire quotl concubitus non potest fieri sine peccato, c’est qu ils entendent par là : péché mortel, alors que l’union accomplie en vue de tins licites n’a pour conséquence qu’un péché véniel. On trouvera la même opinion dans Rufin (édit. Singer, p. 181) el dans un manuscrit d’Erlangen, cité par Gillmann : Sed metior et celebrior pinio ut dicatur quod i cumule commercium) non tit sine culpa compleri. Plusieurs théologiens du siècle et du début du xur professent une opinion re : R. Pull, Sent., I. VII, c. x. /'./… t. clxxxvi,

-. Pierre de Poitiers. 1'. I… t. CCXI, col. 1258 et

I ; Innocent III. /><' contemplu mundi, I. I. c. î. mi. eol. 703, et Commentaria in ps. IV

it. (?). ibid., eol. 1

Aussi se trouve-t-il des auteurs, dans cette période. pour interdire les relations conjugales presque tous les jours de la semaine : le jeudi, en souvenir de l’arrestation de Notre-Seigneur, le vendredi en commémoration de sa mort, le samedi en l’honneur de la sainte Vierge, le dimanche, jour de la Résurrection, le lundi, jour consacre aux défunts et encore certains jours de fête. Cf. Pierre le Chantre, op. cit.. Bibl. Nat., ms. lat. -. fol. 2Il et Robert de Courson, op. cit.. fol. 105. Cette disposition à la rigueur, qu’il serait intéressant de confronter avec les prescriptions et doctrines relatives au jeûne et à l’abstinence, s’explique parla force de la tradition pessimiste, par la répugnance que cause aux moralistes toute volupté charnelle, et si l’acte générateur accompli en vue de sa fin légitime n’est point excepté, c’est que, pour la plupart des théologiens antérieurs à saint Thomas, le péché d’ori gine se propage par la concupiscence de l’acte conjugal. La concupiscence dans l’acte conjugal souille le germe vital ;. J.-B. Kors. La justice primitive et le péché originel d’après saint Thomas, I » partie, Les sources. i, 71.. Une sorte de reaction contre le rigorisme fut entreprise par Pierre le Chantre et ses disciples. D’abord. lassent parmi les semi-hérétiques ceux qui. prohibant les relations conjugales cinq jours par semaine. Toréent par des moyens obliques de détruire le mariage >. Pierre le Chantre et Robert de Courson, Inc. ciî. Pratique et bienveillant. Robert de Courson rve qu<- ces relations ne sont pas toujours Inspi ! par la recherche d’une fin précise et qu’on ne saurait déclarer mortellement coupable celui qui use en toute simplicité, sans cause définie, de son droit. Mieux, ces actes que tant de docteurs réprouvent ne re méritoires'.' Cette question donna lieu - la fin du xir siècle a des débats, où Pierre le mtre prit une grande part, et qui furent particulièrement vifs en l’année de sa mort (1197), au « lire de r | îrson. dont nous suivons le. développe 1 1 78

inents. op. c « ., foi. 101 106, Que l’acte conjugal accom

pli ex COrttate, en ue de la procréai ion. ou par devoir.

ou pour éviter l’Incontinence soit méritoire, cela résulte de l’intention même, et de la prudence qui l’anime : omne opus cujuscumque vtrtults meritortum est

Ou objecte : In altqua parle épis efflcUUT homo lotus

euro. Mais il faudrait donc dire que les actes pieux ou héroïques perdent leur mérite parce que l’esprit est

momentanément détourne par quelque circonstance

extérieure de la pensée de Dieu. En réalité, il convient de décomposer l’acte comme le lait Pierre le Chantre el d’y reconnaître les moments du mérite et ceux du péché Véniel : l’intention est méritoire, la délectai ion charnelle véniellement coupable.

La dispute s'était encore compliquée dans le premier tiers du xur siècle, si l’on s’en rapporte au expllca lions de Hugues de Salnt-Cher qui, après avoir posé la question : l’acte conjugal peut-il être accompli sans péché.' expose tous les arguments pro et contra, et conclut : Solulio hufus dtpendetab illa quæstione qua quteritur utrum primi motus sint peccata. Illi qui dicunt quod primi motus sint percuta dicunt quod opus conjugale non » otest flerl sine peccato ad minus veniali. Alii qui dicunt quod primi motus non sint peccata dicuiil quod non omne opus conjugale sit peccatum… Ms. cite. fol. 139. Hugues de Saint-Cher appartient à cette dernière catégorie : usscrimus secure quod non omne opus conjugale est peccatum. immo quandoque meriloriiim Dita ceternse. Et il se rallie à la distinction augustinienne des quatre causes de Vopus conjugale.

Ces débats s’apaisèrent, comme bien d’autres, au milieu du xur siècle. Les textes allégués à la charge de l’acte conjugal. Albert le Grand et saint Thomas les expliquent et ils invoquent, en sens contraire, plusieurs autres textes. Ne leur suffisait-il point, d’ail leurs, d’avoir prouvé que la viraisgeneratiba est une vertu naturelle, que, donc, l’acte conjugal est nécessaire. On ne sera pas surpris que nul n’ait mieux affirmé que saint Thomas, avec un optimisme plus ferme et plus lucide, la bonté des inclinai ions naturelles, i Si la nature corporelle a été instituée par un Dieu bon, il est impossible de dire que ce qui concerne la conservation de la nature corporelle et à quoi la nature incline soit universellement mauvais. » Donc, il est impossible que l’acte de la procréation sit universaliter illicilus, ut in eo médium idrtutis inveniri non possit. Dist. XXVI, q. i, a. 3, sol.

L’acte conjugal est-il simplement utile ou vraiment honnête, se demandent les théologiens. Que 'ignifienl ces excuses dont parle le Lombard ? L’honnêteté, l’utilité, la délectation ont leur part dans le mariage, répond saint Bonaventure, mêlées cependant de leurs contraires, dist. XXXI, a. 1. q. i, ce qui explique la nécessité des excuses fournies par les trois biens du mariage. La définition même de ces trois biens donna lieu à une controverse entre canonistes et théologiens, vers la fin du xiie siècle. Hazianus († 1197), l’inaugura el ses disciples le suivirent : Robert de Courson les combat ( « '. 5, De bonis matrimonii, copie Malherbe, fol. 19) : Hazianus et sui sequaces exponebant hsec négative, dicentes quod in matrimonio débet esse proies, id est animas non contrarias proli c' fuies, ut neuier ad alienum lliorum Iranseat et sueramentum ut nunqnam divortium fiât. Sed sic non exponitur quid unumquodque istorum sit. et ideo nobis videtur aliter solvendum, ai

dirumus quod proies lue dicitllT spei pnliS pTOCTCandx ad cultum Del et fides obserranlia mutine serinlulis et conjugalis castitatis et sacramentum matrimonii sancti las sine /irmilus, rel si maris dicere, insepi

Les SCOlastiques écartent avec soin les malentendus

que pourrait suggérercette notion des /, tntta.

L’excuse, observe Albert le Grand s’applique a la pana ex culpa palris procèdent. El sa, m Thomas note