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MARIAGE. DOCTRINE CLASSIQUE, L'ÉTAT M MARIAGE

témoigna d’un étal d’esprit qui n’eût pas été danger, s’il se fol librement développé. Car l’Institution « lu mariage étall alors menacée par de » contempteurs infiniment plus dangereux que 1rs poètes : les prédicateurs d’hérésies, Presque toutes les s hérétiques i ! u xii « et du xuie siècle <>nt résolument attaqué le mariage. F. Toceo, / 'eresta nel Iedio Florence. 188-1. p. 90, 1 18 sq., 216. On saii avec quel mépris l’hérésiarque Henri l’a traité, quelle est sur la génération et sur les sacrements la doctrine d’Amaury de Bène.cl dessus, t. i, col. 938 et celle des Vaudots. Malin. Die Lettre von den Sakrantenten. Bres lau. 1884, p. 120. 1 a plu-, dangereuse « le toutes les erreurs relatives m mariage lut celle « les Albigeois, dont les griefs peuvent se réduire à ces deux points : , i. Tout plaisir de la chair est coupable : le mariage, formant un lien charnel durable. ; 'st ^'organisation permanente de la débauche, meretrh iiim. lupanar. fui explique ees paroles de Jésus : (eux qui

seront jur.cs dignes d’avoir part au siècle a venir et à la ré su r r ection des morts ne se marieront pas. Luc, xx, et le mot de l’aul recommandant d’c [ter le contact des femmes. i c.or. vu. 1. Les textes invoqués par l'Église en faveur « lu mariage, les cathares les appliquent au mariage spirituel qui réunit au ciel l'âme réhabilitée et le corps immatériel qu’elle y a au jour de sa chute. b. La génération est l’oeuvre du diable. Ole fait descendre dans un corps misérable une ànie qui vivait heureuse en Dieu. En quence, celui qui reçoit l’initiation du consolamentum promet de ne jamais se marier et les hérétiques préfèrent le libertinage au mariage. Sur ces doctrines albigeoises « lu mariage, cf. Dôllinger, Geschichte der gmosiisctunaniehâischen Sekten im frûheren Mittelalter, Munich. 1890, p. 174-178 ; J. Guiraud, L’Atbigéisme hxiiguedot ien aux XII' et XIIIe siècles, dans Cartulairt de X.-l)../< Prouille, t. i. p. ixxiv-ixxix et p. xcn : P. Alphandérv. Lrs idées morales chez les hétérodoxes latins an début ttu A / / / siècle. Taris. 1903, p. 63 68. Cette condamnation du mariage est une des doctrines primitives des cathares. C. Schmidt, Histoire et doctrine de la secte des cathares ou albigeois, lis lit. I. n. p. 273, et il n’y a pas de raison sérieuse de croire, avec Schmidt. ibid.. p. is~ que les dualistes absolus la rejetaient. Sur les raisons, intéressantes, mais douteuses de condamner le mariage qu’Alain attribue aux cathares, cf. Alphandérv. op. cit., p. 65 sq.

Les doctrines cathares constituaient un très "rave péril pour la société. Des millions d’hommes les onl professées et peut-être appliquées. Ce qui explique la réaction vive des conciles et de la doctrine.

I.ucius III. au concile de Vérone (1184), prend des mesures contre ceux qui n’acceptent point sur le mariage les enseignements « le l'Église romaine : Déeréiales, V. vu. '. « . c. Ad abolendam. Le premier canon du quatrième concile « lu I. a Iran l 121 » ) qui a été inséré « lans les Déerétales, I. i. 1. Justifie le mariage : Non solum aiitem virai nés et continentes, oerum etiam ronjui/ati per (idem rectam et opèrationetn bonam plæentes Den ad teternam merentnr bc<diludinem prrvenire. I.a papauté a défendu avec constance la dignité du mariage. En 1 159 encore. Pie II sévit contre les hérétiques bretons. Raynaldi, Annales, a. 1 159, n. 30 ; ntré. Colleet. fudieiorum, t. i b. p. 253.

I.a propagande albigeoise fut l’occasion pour les prédicateurs et polémistes orthodoxes de réunir tous les textes et tous les arguments qui. dans la tradition catholique, justifient le mariage. Dès la seconde moitié du xir siècle, sont composés « les florilèges scripturaires : V Antihmresls d'Ébrard, dont le c. vii a pour sujet le mariage, édit. Gretser, Opéra omnia, t. xii b. p. 142-145 ; le sermon de Bonacurse, dont nous avons un texte si incertain « lans /'. L., t. <<iv.

col. 780 sq. ; le traité d’Ermengaud, Ibid., col I

1342. D’autres Ouvrages, comme le Sermon contre les

cathares d’Eckert, abbé <l « ' Schônau i ; 1185), « lans /'. I. t, x<. col. '_' « > a 36, et le Contra hteretlcos d’Alain de I 111e I : 1185), I. I. c. lxiv, P. L., t. ci. col. :  ; « > ; >.ion. relient les textes relatifs au mariage par un commentaire, La plus ample réfutation « les erreurs albigeoises sur le mariage est celle « lu dominicain Moiu’ta de Crémone i : 1235), Advenus valdenses et cal haros libri quinque, I. IV. c. vil, Home, 1743, p. 315 346, qui, en trois paragraphes, réunit successl vement les textes scripturaires, les arguments opposables aux hérétiques, les preuves que le mariage est licite, bon et saint : la Dtsputotio inler catholicum il patertnum hæreticum « le Grégoire « le Florence c 1 12 1 1), dans Martène et Durand. Thésaurus noous anecdot., t.. coi. iTii 1715 « ) Rainier Sacchoni, ibid., col,

1 TTl ». présentent des arguments brefs.

Cette réhabilitation du mariage, bien qu’elle soit l'œuvre « le polémistes distingués, ne présente pas tout l’intérêt que l’on pourrait attendre : la méthode d’au torité y joue le rôle principal et il pourrait être seule ment curieux d'étudier le choix qui fut fait parmi les textes script araires.

I.a discussion devait prendre beaucoup plus dam pleur dans les ouvrages des grands scolastiques : ils se demandèrent si le mariage est de droit naturel. quelle « 'si la valeur de l’acte conjugal, comment il convient d’apprécier les biens « lu mariage.

b) Mariage et tirait naturel. De bonne heure, les scolastiques se sont préoccupés d’assurer au mariage le fondement du droit naturel. I.a discussion est déjà avancée dans la Somme de Roland de Crémone, ms. cit.. fol. 132 sq. Elle prend toute son ampleur dans les grands commentaires du milieu du xiir siècle. Sur le droit naturel dans la doctrine des scolastiques, voir l’ouvrage « le Stockums, et M. Grabmann, Dos Nalurrecht der Scholastik von Gratian bis Thomas von Aquin, dans Arehiv fur Rechts und Wirtschaftsphihsophie, 1922, p. 12-53. on ne trouvera guère de renseigne ment s spéciaux sur notre sujet dans l’r. Wagner, Dos natûrliche Sittengesetz nach der Lehre des hl. Thomas von Aquino, Fribourg, 1911, qui cependant souligne l’importance de la définition du droit naturel donnée à propos « lu mariage, dist. XXXIII, q. i, a. 1 ; voir aussi I.. Baur, Die l.ehre vont Naturrecht bei Bonauentura, (Mélanges Bfiumker), 1913, p. 231.

lis raisons de douter si le mariage est de droit liai u rel sont exposées en termes identiques par Albert le Grand et saint Thomas. Toutes les espèces animales ne le pratiquent point : la nature incline seulement a la copulation, laquelle ne fait point le mariage. Les hommes eux-mêmes, à l'état de nature, vivaient « lans les forêts sans constituer des familles. Encore aujourd’hui, le contrat de mariage a « les formes diverses chez 1rs divers peuples : variété contraire à la nature. lui revanche, ! « Digeste et les Instantes présentent le mariage comme de droit naturel et Cicéron aussi et Aristote. qui voit dans l’homme animale naturale conjugale magis (/nom politicum, un animal destine à la vie conjugale plutôt qu'à la vie « i ile. qualité commune a tous les êtres animés : ainsi, chaque couple d’oiseaux a son nid. El l’organisation des hommes, la répartition des travaux ne se conçoivent pas sans

le mariage.

Ces arguments, les srnlasl iques les adoptent, la réception de l’aristotélisme est sur ce point si complète. qu’Albert le Grand se borne à transcrire un fragment du Commentaire d’Aspasius sur le I. I de l'Éthique : l’union des sexes ne réalise la tin parfaite dont la raison de l’homme est avide « pie h elle aboutit à la procréation et a l'éducation des enfants. Avec plus de force, saint l bornas distingue une double