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MACÉDONIUS ET LES MACÉDONIENS


(Ioniens avec les autres hérétiques, dans une série de lois destinées à défendre l’orthodoxie. Socrates, II. /… V, xx, P, (', ., t. i.xvii, col. 620 B, assure pourtant que seuls les eunomiens lurent empêchés de célébrer le service divin, et que les autres confessions chrétiennes purent continuer leur existence plus ou moins ouvertement.

Nous sommes mal renseignés sur les événements postérieurs de l’histoire du macédonianisme. Seuls quelques incidents nous sont connus, en particulier une controverse, tenue à Anazarbe vers 392, et qui mit aux prises plusieurs évêques macédoniens et Théodore de Mopsueste. Baradbesabba raconte ainsi cette controverse : « Les partisans de Macédonius s'élevaient contre la notion du Saint-Esprit, en disant qu’il n'était pas éternel, ni de même nature que le Père et le Fils, mais qu’il avait été fait par le Fils. Ils en vinrent bientôt à vouloir convoquer les orthodoxes à une dispute, et ils leur demandaient : Montrez-nous où il est dit que le Saint-Esprit est éternel, ou de même essence, ou créateur, ou Dieu. Si vous pouvez montrer cela, votre foi est véritable. Ils pensaient, les insensés, que personne ne pouvait répondre à cela. Le concile du Seigneur de la ville d’Anazarbe courut à ce second Moïse et à ce second Paul [il s’agit de Théodore de Mopsueste] et il assuma la tâche de sauver le peuple du Seigneur. Quand les Macédoniens apprirent qu’il devait discuter avec eux, cette réunion de renégats commença par crier : Nous ne permettons pas que des prêtres discutent avec des évêques. Aussi, après de longues sollicitations, ils lui donnèrent le degré et l’honneur du souverain pontificat, après qu’il l’eut refusé de nombreuses fois. Mais alors, durant la nuit, il le reçut comme pour l'Église catholique. Lorsque les menteurs et les véridiques se furent préparés et réunis au matin du jour avec le bienheureux interprète comme chef des troupes du Seigneur, tous les ennemis, courbant leurs têtes à terre, ne purent pas résister à ses demandes, mais durent se réfugier dans le silence ». Baradbesabba, Histoire, xix, trad. Nau, Pair. Orient., t. ix, p. 506, 507. Cf. Chronique de Seert, lui, ibid., t. v, p. 282..1. M. Vosté, La chronologie de l’activité littéraire de Théodore de Mopsueste, dans la Revue biblique, 1925, p. 55.

Plusieurs années après, Théodore rédigea un résumé de cette importante controverse et le dédia à un certain Patrophile, inconnu d’ailleurs. Nous possédons encore, dans une traduction syriaque conservée par un ms. du British Muséum, Or. 6714, ꝟ. 178-187, du ixxe siècle, l'œuvre de Théodore de Mopsueste, qui a été éditée et traduite par F. Nau, dans la Pairologia orientalis, t. ix, 1913, p. 637-667. Théodore est d’ailleurs très sobre de renseignements historiques. Il se borne à dire : « A cause de leurs science profane, à cause aussi de leur application au sujet de l’enseignement de la foi, et de la grande étude qu’ils avaient faite des Écritures, ils avaient une grande opinion d’eux-mêmes. Comme ils se croyaient les docteurs de tout l’univers, ils circulaient chez tous ceux qui se plaisaient dans leur religion, et ils s’efforçaient par leur venue et par leurs exhortations, de fortifier leur enseignement, au point qu’ils amenaient aussi les autres à s’approcher de leur secte. « Théodore, Controv., 1, P. 0., t. ix, p. 637. Du moins voit-on par là que l’activité des macédoniens restait considérable dans les dernières années du iv c siècle.

Les arguments qu’ils mettent en avant, au cours de la discussion, sont sensiblement les mêmes qui sont présentés par les dialogues macédoniens que citent Didyme et le pseudo-Athanase. Nous les retrouverons en étudiant la doctrine macédonienne.

Après 392, nous perdons de vue les hérétiques pneuniatomaques. Au dire de Socrates, il y en avait encore

à Constantinople, en 428 : ce fut Nestorius le premier qui fit fermer les églises possédées par les macédoniens dans la capitale et à Cyzique, et qui obligea les hérétiques à revenir a la foi orthodoxe. Socrates, H. E., VII. xxxi, V a., t. i.xvii, col. 808.

Doctrine.

L’enseignement des macédoniens se

rapporte surtout à la personne du Saint-Ksprit. Beaucoup d’entre eux, nous l’avons dit, pensaient correctement sur le Fils. Dans le discours prononcé à Constantinople pour la Pentecôte de 381, saint Grégoire de Nazianze, parle des pneumatomaques comme de chrétiens qui parlent bien du Fils, nepi xôv ulôv ûyiaU vovreç, Orat., xli, 8, P. G., t. xxxvi, col. 440 B ; et l’arien des Sermones arianorum, fragm. 6, P. L., t. xiii, col. 614 A, déclare également, en parlant des macédoniens et des orthodoxes : De Pâtre et Filio convenu eis et de Spiritu Sanclo dissentiunl.

D’autres cependant et peut-être les plus nombreux, n’acceptaient pas l'ôp.ooûaioç et s’en tenaient à l'ôu, oioç xaxà toxvtoc ; un fragment des Sermones arianorum nous assure que : Macedoniani dicunt Filium similem per omnia et in omnibus Palri. Fragm. 6, P. L., t. xiii, col. 610 C. De même le macédonien du Dialogue pseudo-athanasien dit que ol TraTÉpeç 7)u, a>v tô ôp.oi&v xoct' oùaîav elrcov Ttepî toû uioù. Dialog. adv. maced., i, 15, P. G., t. xxviii, col. 1313 D. Le texte porte ici ôu-Cioûaioç xaT* oùaîav, mais la correction s’impose d’autant plus que l’objection à laquelle répond le macédonien est précisément fondée sur le caractère non scripturaire de la formule ôu.otoç xaci' oùatav.

On apprend d’autre part, par le IIIe Dialogue De Sancta Trinitate que les macédoniens prétendaient rester fidèles à la foi du bienheureux Lucien : 'HfjiEtç oût(oç 7T(.aT£Ûo[i.ev ùtc, ô (i.axâp ioç Aooxiavôç, proclame l’interlocuteur hérétique. Dial., III, 1, P. G., t. xxviii, col. 1204 A. Toutefois, il semble bien que le symbole de Lucien ait été interpolé par les macédoniens, du moins à s’en rapporter aux accusations de l’orthodoxe. Cf. sur ce point G. Bardy, Le symbole de Lucien d’Antioche et les formules du synode in encœniis (341) dans Recherches de Science religieuse, 1912, t. iii, p. 139 sq. ; F Loofs, Der Bekennlnis des Màrtyrers Lucian, dans les Sitzungsberichte des kgl. Akad. der Wissensch. zu Berlin, 1915, p. 576-603. Les mots que l’on reproche aux macédoniens d’avoir introduits dans la formule primitive sont précisément les plus importants, ceux qui affirment du Fils qu’il est oûaiaç Te.xal PouXîjç xai 8uvâu.ewç à7rapâÀXaxToç eîxœv. Quoi qu’il en soit de l’interpolation, les macédoniens s’en tiennent à cette formule ; et refusent d’admettre une seule et même volonté et puissance et gloire pour le Père et pour le Fils. En vain l’orthodoxe du Dialogue s’efîorce-t-il de montrer à son adversaire que les expressions orthodoxes ont le même sens que la formule de Lucien : celui-ci s’attache à la lettre du symbole. Il est probable d’ailleurs que cet attachement recouvre une divergence réelle dans les croyances. A 1'6[ji.ooùcti.oç de Nicée, le macédonien oppose rôjxcioç xocTà rcâvra, ou l'ôfxotoùoioç, comme l’expression de la foi traditionnelle.

Sur le Saint-Esprit la doctrine des pneumatomaques n’est pas toujours facile à saisir. Elle se résume plus facilement dans une négation que dans une affirmation. On la trouve assez bien exprimée dans la formule que l’historien Socrates place sur les lèvres d’Eustathe de Sébaste : « Pour moi, je n’oserais donner au Saint-Esprit ni le nom de Dieu, ni celui de. créature. » Socrates. H. E.. II, xlv, P. G., t. lxvii, col. 360 A B.

Les macédoniens, ceux tout au moins que nous font connaître les ouvrages authentiques, le petit dialogue inséré dans le premier des Dialogues Contra macedo-