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M VRCION. HIS rOIRE l » l M VRCIONISM E

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de Jésus et de Paul, Jusqu’au jour où Marcion t’est

ié de retourner.1 la pureté primitive, le novateur ne m le demande pas. et tea contradicteur » auront le triomphe radie truand ils le sommeront d’exhiber

titres a succéder.1 l’Apotre. De ces discussions Juridiques, qui tout aussitôt vont remplir l'œuvre des eontroverslstes catholiques, Marcion se soucie peu, La légitimité de son Église il la prouve par son établissement même, par le souci d’y ralre enseigner la pure doctrine de Jésus et de Paul. Nous axons ii, col. 2012, qui ! la 'loto d’un Instrumenium qui doit faire roi et

stituer la règle suprême de la doctrine. Il serait bien embarrassé « railleurs d'établir les principes au nom desquels il choisit les Livres saints qu’il veut

lerver, abrège, mutile, Interprète le texte -acre. Sur quelle autorite se Ionde-t-U pour entreprendre ce Ira

valll il ne semble pas qu’il ait fait appel comme d’autres novateurs, un Montai), un Mani. un Mahomet, à quelque révélation particulière. Il part tout simplement >le la persuasion que l'Évangile remis par Jésus a Paul a été contaminé par l’usage, que les lettres de l’Apotre ont été adultérée-. 1. a dessus il taille, coupe, ajuste. C est le triomphe du libre examen et de l’interprétation privée. L'œuvre d’adaptation, d’ajustement continuera après lui. et jamais les disciples de.Marcion ne considéreront le texte établi par le maître comme la leçon ne rarietnr.

Telle quelle, simplement fondée sur l’autorité de Marcion, la nouvelle communauté ne laisse pas de se enter comme « la sainte Église, notre mère ». Le reformateur en trouve la claire mention dans un pasde l'ÉpItre aux O. dates, qu’il lit comme suit, Gai. (Ledeux lils d’Abraham) ce sont les deux tments : l’un parti du Sinal aboutissant à la synaie des Juifs, engendrant la servitude selon la loi ; l’autre aboutissant à quelque chose qui est au-dessus île toute autorité, de tout pouvoir, de toute puissance, de tout nom, a ce que nous proclamons la sainte -e qui est notre mère. (Texte grec restitué par Ilarnæk. p. 7t">*. d’après Tertullien, Ado. Marc, Y, iv, col. 478 a : ».'Lr, S : &itep<£vGi irotanç iy/r t c Yevvùai, X9tl 8'jvi(l€coç, xal è ; o'.Kjîaç. Xtxl — xvto ; ôvouaroç… ~ r, Y" : ' tO iazOx âytav tbcxXTjcrlav, ijriç ècttlv

f, xcJv).

I>ans cette Église on entre par les mêmes rites d’initiation que dans la grande Église ; baptême dans l’eau, onction d’huile, présentation aux néophytes d’un < : ige de lait et de miel, enfin célébration de l’eucharistie. Tertullien, Ado. Mure. I. xiv, col. 2(12 A. Au début tout au moins, on ne rebaptisait pas les catholiques qui venaient au marcionisine : c’est la

i qu’invoque le pape Etienne [ pour interdire

de rebaptiser ceux des hérétiques qui viennent au catholicisme : cum ipsi hærctici propric atterutrum ad attente* non baplizent sed conununieent tantum. I'. I.., t. iii, col. 1010. Pourl’eucharisite. il y a consécration du pain par des paroles d’action de grâces ; quant au calice, il ne contenait que de l’eau. Épiphane, liserés, xi.ii, 3, /'. G., t. xli, col. 700, L'évêque de Salamlne _alement qlie les niarcionites qu’il

connaît pratiquent plusieurs baptêmes successifs, le B et 1( troisième étant réservés à l’expiation commises après bpremier, et constituant mme un rite pénitentiel. II ajoute cette remarque que t célèbrent sans aucun secret

..oit les catéchumènes, ce que Tertullien avait » er ; les païens mêmes étaient admis ' f. // prmtcriptione, 11, P. /… t. ii, grande simplicité, cette sorte de r-aller qui scandalisait les catholiques, accoutumes, i h discipline de l’arcane, n’empêchait pas inlte de maintenir la distinction entre Le clergé lui-même comptait des

diacres, des prêtres et des évêqUCS, et dans un texte

qui ise les hérétiques en général, mais qui doit s’ap pllquer aux marcionites, rertulllen parle de lecteurs.

Il est vrai que, d’aptes ce niéiiie texte, la distinction entre les divers Offices n'était pas aussi clairement

marquée « pie chez les catholiques, De prmcrlpt., n : Ordinattones comm temeratlse, leoes, inconstantes ; nunc neophytos collocant, nunc sseculo obstrictos, nunc apostatas nostros, ut gloria eus obligent quia oerttate non possunt. Nusquam facilius profteitur quam in castris rebellium, ubi tpsum esse iltu-, promereri esI. Itaque alius hodie episcopus, ctas alius ; hodle diaconus, qui cro.s lector ; hodle presbyler, qui crus latcus ; nom et laids sacerdotalta munera injungunt. M. Ilarnæk fait observer, p. 1 17, qu’il ne laudrait pas prendre au pied de la lettre les paroles de Tertullien ; il y avait, a coup sur, chez les marcionites une hiérarchie véri table : elle avait néanmoins une apparence moins

rigide que chez les catholiques, on notera enfin que, d’après Tertullien et Épiphane, les femmes remplis*

s.iieiit certaines fonctions liturgiques, y compris l’administration du baptême. In dernier trait achèvera de caractériser les communautés niarcionites. c’est

la prédominance vraisemblable des catéchumènes sur

les fidèles complètement initiés. Nous avons ici un

phénomène analogue a celui qui se rencontrera plus

tard chez, les manichéens. Cf. ci-dessus, col. 1881. La profession du marcionisine intégral n’allait pas sans des renoncements particulièrement pénibles, qu’il était difficile d’exiger de la grande masse des convertis ; on ne pouvait recevoir le baptême sans faire vœu de continence. Tertullien ledit expressément : Ado. Marc, IV, xxxix-, col. 112 C : Nec <ilibi conjunctos ad sacramentum baptismatis et eucharistise admtttens, nisi inter se conjuraverini advenus fructum nuptiarum. Bon nombre de personnes devaient donc rester dans les rangs du catéchuménat.où les prescriptions ascétiques n’avaient pas la même rigidité. Notons d’ailleurs qu’un phénomène analogue, quoique de moindre envergure, se passait dans l'Église catholique.

Telle est l'Église marcionite, présentant extérieurement une physionomie analogue à celle de sa rivale, (".'est de cette Église qu’il faut étudier le développement ultérieur.

IV. DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DU MARCIONISME.

— 1° Histoire extérieure. — Né à Home, le marcionisine n’a pas tardé à se répandre dans les diverses régions de l’Empire, lui l’absence de renseignements précis sur les moyens de propagande employés par lui et sur leur succès, on peut suivre son extension en relevant dans les écrivains catholiques les cris d’alarme que leur arrachent les progrès de la secte. Entre le milieu et la fin du IIe siècle c’est là qu’est l’immense danger pour la grande Église. On en jugera par les nombreuses réfutations que suscite l’hérésie, depuis celle de Justin, vers 150, jusqu’aux polémiques de Tertullien dans les dernières années de la période. Voir ci-dessus, col. 2009, L’on remarquera que la lutte est menée aussi bien en Occident (Justin, [renée, Tertullien, un peu plus tard Hippolyte) qn’en Orient, à Corlnthe, Gortyne (Crète), Antioche, Sardes, un peu plus tard Alexandrie. Il est vraisemblable que, dans presque toutes les villes de quelque Importance, une

Église marcionite se dressait en face de la communauté

catholique. Comme on l’a déjà Indiqué, l'âpreté de la

polémique manifeste assez la conscience qu’on ! les auteurs ecclésiastiques de la grandeur du danger ; ce n’est pas seulement chez Tertullien qu’on la constate,

mais chez Clément, chez Origène si accueillants d’ordinaire pour toutes les tonnes de la spéculation. On notera d’ailleurs que cette polémique donna l’occasion aux défenseurs de la tradition catholique d’approfondir les arguments de droit et de fait sur quoi reposaient