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MARCION. 1MH TR INE

2018

Marque est rapporté* en même tempe qu’une ren

contre à ÉpMse de Polycarpe avec l’hérétique Cérinthe.

première propagande, encore Imprécise, doit se

vers les années 130 I 10. Clément d’Alexandrie

<-n effet nous dit que l’activité du novateur a commencé

sous Hadrien, mort en 138. Stram, VII, tfvn, /'. G.,

S49. D’autre part Irénée nous montre

n et Marcion s’agitant.i Rome sous le pontificat du pap « Hygln, vers 138 142. Ce séjour dans la capitale il » - 1 Empire devait être pour l’armateur de Slnope

islon d’une évolution décisive, [renée, Cont. xxvii, 1 el '_'. t. vii, col. 687, 688, et, a sa tullien, Hippolyte dans les Philosoph., piphnne le mettent à ce moment en rapport Ion. Voir les rélérences à l’art. Cebdon, t. n. col. 2138. ils le présentent comme s'étant inspiré

octrincs de celui ci, et lui ayant succédé dans la direction d’une école, Si&xaxaXsïov. A von Harnack, qui tient beaucoup à l’orlgtaallté iliMarcion, s’inscrit en faux contre cette donnée, toc. cit., p. 31*-39 # ; elle n’a pourtant rien d’invraisemblable. Pour autant que Ion connaisse la doctrine de Cerdon, celui-ci professait un dualisme et un antinomisme qui se retrouvent chez Marcion. [renée, III, iv, 3, col. 856 représente p.ir ailleurs Cerdon connue un esprit hésitant et inquiet, prompt à la palinodie, essayant à plusieurs reprises de se reconcilier avec la communauté romaine. D’après Tertullien, aux premiers temps de son séjour à Home, Marcion se serait concilié la bienveillance de l'Église par une large offrande, 200 000 sesterces. Adv. Marc IV. îv. cf. De pnvscript., 30. /'. /… t. ii, col. 365, 12. N’est-il pas permis d’Imaginer que ce geste avait pour but de fermer un tant soit peu les yeux de l’autorité sur des agissements douteux ? Pas plus que Cerdon. l’armateur de Sinope ne tenait à

rouiller définitivement avec l'Église romaine. Un jour vint pourtant où de part et d’autre la rupture fut jugée nécessaire. C'était en juillet 144, sous le pontificat d’Anicet. Marcion se présenta devant te presbytérium. Était-ce la démarche spontanée d’un homme qui. ayant mûrement délibéré, se rend compte de l’incompatibilité de ses opinions avec celles que professe le groupement religieux dont il fait extérieurement partie, et veut se mettre hors de toute équivoque ? Était-ce. au contraire, la comparution devant un tribunal d’un accusé dont les actes deviennent de plus en plus suspects et que l’autorité responsable somme de fournir des explications ? L’une et l’autre hypothèse a été soutenue. Ce qui est certain, c’est que, spontané ou provoqué, l’entretien fut décisif. Le souvenir s’est conservé de plusieurs des propos qui furent Ion échangés. Épiphane, xlii. 2, col. 697. Depuis quelque temps dejà Marcion s'était persuadé de l’incompatibilité absolue entre 1 Ancien et le Nouveau Testament, de l’impérieuse nécessité où était le Christianisme de rompre toutes les attaches qui l’unissaient a la religion juive, du devoir qui s’imposait de tirer hardiment toutes les conséquences dogmatiques et métaphysiques que supposait cette rupture. Quelques mots de l'Évangile lui avaient semblé tout particulièrement lumineux. Il en demanda l’explication au presbytérium romain ; il proposa la sienne. « Il n’y a pas de bon arbre, disait.Jésus, qui porte de mauvais fruits, ni de mauvais arbre qui porte de bons fruits : chaque arbre se reconnaît a son fruit. Luc, vi, 43. A examiner la création avec toutes ses misères et ses imperfections, avec le mal qui s’y montre de toutes parts, comment conclure qu’elle est l'œuvre d’un créateur infiniment bon et infiniment puissant ? Voilà pour le problème métaphysique. Et voici pour la question historique : On ne coud pas une pièce neuve à un vieux vêtement, avait dit le Christ, sous peine de voir la pièce neuve emporter le tissu éraillé :

on ne verse pas le in nouveau en de vieilles outres, que la fermentation risque de faire éclater, i ne.. 36 38. C’esl pourtant ce qu’avait fait, si l’on en excepte Paul, l'Église chrétienne. Le vin nouveau <in message évangélique, elle l’avait Mise dans les réel pients uses de la vieille religion Juive ; eHe avait cousu les enseignements solides du Sauveur aux guenilles de la synagogue, il fallait y mettre bon ordre. - Les pics bytres romains essayèrent de montrer au novateur que les textes Invoqués par lui étalent susceptibles d’une Interprétation plus en harmonie avec les vues

traditionnelles des Églises. Marcion ne oulut rien entendre ; il fut excommunie. On lui rendit l’argent qu’il avait jadis versé à la caisse, mais on garda une lettre de lui, dont Tertullien parle à plusieurs reprises. /), - mrne Christi, II ; Ado. Marc, 1. i ; IV, IV, P. 1… t. ii, col. 7.". :.. 247, 366. Les critiques on1 discuté sur la nature de ce document que les archives de l'Église romaine tenaient à conserver. Ce poUvail être une profession de foi, conforme à l’orthodoxie, signée par Marcion au moment de son arrivée à Home, quand il cherchait à se concilier la bienveillance de la communauté. Ilamack veut y voir, au contraire, une pièce rédigée au moment du conflit et consignant l’exposé des motifs qui avaient amené le signataire à changer d’opinion. Cf. loc cit., p. 21* sq.

La date de la rupture de Marcion avec l'Église romaine avait été soigneusement conservée par les disciples du maitre. Tertullien explique, d’une manière un peu entortillée, qu’il s'écoula entre l’apparition du Christ à Tibériade la quinzième année dv. Tibère (29) et la révélation définitive de Marcion, 115 ans. G mois et 15 jours, Adv. Marc, I, xix. col. 267, ce qui nous reporte bien en juillet 144. L'Église marcionite célébrait ce jour comme celui de sa fondation. Sur cette date voir Harnack, loc. cit., p. 20*. et aussi Die Chronologie, 1. 1, p. 297 sq. ; 306 sq. Aussi bien cette rupture est-elle un événement capital tant pour la vie de Marcion que pour celle de l'Église chrétienne. En face de cette dernière il n’y avait guère jusque-là, au sein du christianisme, que de petits conventicules hérétiques, ressemblant plutôt à des loges d’initiés ou à des écoles d’enseignement ésotérique qu'à des groupements religieux. C’est une véritable Eglise, que Marcion va dresser en face de l'établissement catholique.

On est mal renseigné, a vrai dire, sur les moyens de propagande qu’il mit en œuvre ; on ne l’est pas mieux sur les relations qu’il put nouer avec les docteurs gnostiques qui pour lors séjournaient à Home, tels Valentin et Basilidc. En somme c’est par les résultats immédiats que l’on peut juger de son activité : ils furent considérables. Dès 150, Justin dénonce le péril marcionite. Apol., I, 26, 58, P. G., t. vi, col. 367, 416. Trente ans plus tard, Irénée le constate en termes non moins vifs ; la violence des invectives de Tertullien témoigne que le danger n’est pas conjuré, tant s’en faut, au début dunre siècle, et les multiples réfutations du marcionisme qui s’alignent dès ce moment montrent bien qu’il est pr< ssant aussi bien en Orient qu’en Occident. Voir ci-dessus, col. 2009. Aucun souvenir ne s’est conservé sur la date précise de la mort de Marcion ; en tout cas on n’entend plus parler de lui sous le règne de Marc-Aurèle (161-180).

III. Doctrine de Mahoon. - Sur la doctrine de Marcion les documents ne manquent pas. Mais s’ils permettent de reconstituer en gros le système, ils ne laissent pas de présenter sur des points de détail plus d’une obscurité et d’une incohérence. Surtout ils risquent de fausser la perspective, en présentant sous un faux jour les rapports entre le marcionisme et la gnose. C’est ce point qu’il convient d’abord d'éclaircir avant d’aborder le détail de la doctrine.