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MARCEL DE RIEZ

MARCELLIN

Marseille, après s'être dévoué pendant plusieurs années à la conversion des protestants dans le Languedoc et les Cévennes. Le 1'. Marcel avait fait une étude approfondie des œuvres de saint Bonaventure, le docteur préféré dans son ordre. Afin d’en rendre renseignement plus facile, il entreprit de coordonner la doctrine du docteur Séraphique, éparse dans ses Commentaires des Livres des Sentences, et publia la Summa seraphica in qua S. Bonavenlurse doctoris seraphici seraphica Iheologia per ejus in Magistrum Sententiarum libros dispersa dilucide est enodata, et accurate redacta in Sclwlee metliodum, Marseille, 1669, 2 vol. in-fol. Il divise son ouvrage en trois parties : 1° de Deo, non solum in se spectalo, sed eliam ut est eflector rerum creatarum ; 2° de mediis internis per qua' ad Deum tanquam ad finem ultimum perducitur homo ; 3° de mediis externis. Dans cette troisième partie, qui forme la moitié de l’ouvrage, il traite successivement de l’incarnation et de la rédemption, des sacrements, puis de la résurrection dernière et de ses circonstances. Le P. Marcel, remarquent à ce propos les éditeurs des œuvres de saint Bonaventure, ne commente pas la doctrine bonaventurienne, mais il se contente de l’ordonner sous forme de somme, en reproduisant la plupart du temps le texte même du saint Docteur. On a encore de lui La vie de la révérende Mère Bonne de Paris, religieuse capucine professe du monastère de Paris et une des fondatrices du monastère de Marseille, Marseille, 1675, in-S°.

Acliard, Dictionnaire historique des hommes illustres de Provence, Aix, 1785-1787 ; Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ord. min. capuccinorum, Venise, 1747 ; S. Bonaveniuræ opéra omnia, Quaracchi, 1882, 1. 1, p. Lxxii ; Hurter, Nomenclator, Inspruck, 1910, t. iv, col. 33.

P. Edouard d’Alençon.

    1. MARCELLIN (SAINT)##


1. MARCELLIN (SAINT), pape (296-3C4). — D’après le catalogue libérien, Marcellin succéda, le 30 juin 29C, au pape Caïus. De son pontificat l’on ne sait rien ; les deux décrétales que lui attribue PseudoIsidore sont des faux évidents. Mais ce pape est au moins célèbre par les questions qu’a soulevées son attitude au moment de la grande persécution qui éclata en 303. Comment s’y est-il comporté?

Eusèbe, le témoin le plus rapproché des événements, paraît mal renseigné sur les destinées de l’Occident à cette époque. Au début de son récit de la persécution, il place une énumération des papes romains de la fin du iiie siècle : Félix, Eutychien, Caïus, Marcellin, et il ajoute à propos de ce dernier : ôv xai. ocÙtov 6 StcùY, u.ôç x<XTelXr, çe. H. E., VII, xxxii, 1, P. G., t. xx, col. 721. La phrase est obscure : « que la persécution enleva » ou « que la persécution trouva en place ». Même dans le premier cas, on ne saurait conclure qu’Eusèbe parle du martyre de Marcellin. Il s’exprime tout autrement sur les papes martyrs Télesphore et Fabien. H. E., IV, x ; VI, xxxix, 1 ; col. 328, 600. On doit ajouter néanmoins que Théodoret, en lisant Eusèbe, a compris que Marcellin s'était illustré pendant la persécution : tov èv Stwyp-Ç) Siarepé^avra. II. E., I, ii, P. G., t. lxxxii, col. 885. Mais ce n’est là qu’une conjecture personnelle de l'évêque de Cyr ; elle ne peut compter pour un témoignage.

En Occident, au cours du iv » siècle, non seulement on ne connaît pas le martyre de Marcellin, niais il circule, dans les milieux donatistes, des bruits fâcheux sur le compte de ce pape. On y prétend qu’il aurait livré les Écritures et même offert l’encens, et on accuse de la même faiblesse ses prêtres, Miltiade, Marcel, Sylvestre (qui tous trois passeront sur le siège apostolique). L’accusation contre Marcellin, est avancée dans la fameuse lettre pastorale de l'évêque donatiste Pétilien. Cf. S. Augustin, Cont. litt : Petit., II, xcn, 202, P. L., t. xliii, col. 323. Saint Augustin

l’exprime plus clairement encore, I)e unieo baptismo, 27, ibtd., col. 610. Il se contente d’ailleurs de répondre que cette accusation, avancée sans preuve, doit être rejetée sans autre discussion : Quid laborem probare defensionem meam, cum ille (Petilianus) nec tenuiter probare conalus sil accusationem suant. Ainsi Augustin rejette l’accusation de défaillance portée contre Marcellin, niais il ne fait pas la moindre allusion au martyre du pape incriminé.

Chose plus étrange, le nom de Marcellin est omis en divers documents où l’on devrait normalement le rencontrer. Alors qu’il figurait dans le catalogue libérien, entre Caïus et Marcel, il a disparu de la plupart des catalogues pontificaux qui s'échelonnent du v « au vue siècle. Voir ci-dessus art. Marcel, à la fin. Il paraît sans doute au 1C janvier dans la Deposilio episcoporum (romanorum) du Clironographe de 353 : mais on a prouvé solidement que c’est par corruption du nom de Marcel, dont le 10 janvier est la date obituaire ; et le Martyrologe hiéronymien porte bien, au 10 janvier, Marcellus et non Marcellinus. Ainsi, le nom de Marcellin ne figurait pas vraiment dans la Deposilio, et c’est une omission voulue. Cette omission se produit au même temps où circulent dans les milieux donatistes les bruits fâcheux sur la mémoire de Marcellin. N’y aurait-il pas quelque rapport entre ces deux faits ?

A la fin du ve siècle, ces bruits ont pris consistance dans une Passio Marcellini aujourd’hui perdue, mais dont la trace se retrouve dans le Liber pontificalis. La persécution de Dioclétien fait rage à Rome et dans les provinces ; Marcellin est amené pour sacrifier ; il le fait. Mais quelques jours après il se repent de ; sa faiblesse ; par ordre de Dioclétien, il est décapité avec trois autres chrétiens, dont les corps restent sans sépulture pendant vingt-cinq jours. Il sont finalement ensevelis par le prêtre Marcel, dans le cimetière de Priscille sur la voie Salaria. L’auteur du Liber ajoute quelques précisions sur la tombe du pape, qui, de toute évidence, était bien connue à l'époque où il écrit.

Cette donnée de la défaillance de Marcellin est reprise et développée dans une pièce qui, malgré son inauthenticité flagrante, n’a pas laissé d’en imposer à la sagacité même d’un Baronius, les Actes du concile de S inuesse. Ces actes, qui ont trouvé place dans les grandes collections conciliaires, appartiennent à une série de pièces fausses fabriquées au début du vie siècle lors de la contestation entre le pape Symmaque et l’antipape Laurent. Ils ont pour but évident de montrer que le pape ne peut être jugé par personne, et que, s’il s’est rendu coupable de quelque faute très grave, c’est à lui-même à prononcer sa propre condamnation. Bref, c’est ici qu’apparaît pour la première fois en un texte écrit la formule : Prima sedes a nemine judicatur, qui était destinée à une si haute fortune. Texte dans P. L., t. vi, col. 11-20. La narration suppose que le pape Marcellin a été amené, par un entretien avec le grand prêtre de Jupiter en présence de Dioclétien, à offrir l’encens aux idoles ; aussitôt un synode de trois cents évêques se rassemble à Sinuesse, devant lequel Marcellin est contraint de se justifier. Après plusieurs détours, il finit par reconnaître sa faute et se condamne lui-même à la déposition : Peccavi coram vobis et non possum in ordine esse sacerdotum… Et dum subscripsissent omnes, ipse omnium primus manu sua propria Marcellinus conclusit in suum anathemali subscribens. Loc. cit., col. 19, 20. Le récit se termine brusquement, sans que l’on dise si un successeur fut donné à Marcellin, ni ce qu’est devenu celui-ci. Il n’est pas question de son martyre.

Tillemont n’a pas de peine à montrer, contre Baronius, que ce médiocre récit est dépourvu de tout