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1965

MARC L’ERMITE

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Voici donc une œuvre littéraire asseï considérable et nui n’est pas sans Intérêt au point de vue dogmatique et ascétique. A qui faut il l’attribuer ? 1 es critiques littéraires ont longtemps hésité dans cette recherche de paternité. Bellarmin, sans trop réfléchir, avait mis ce Marc eu début du e siècle, à côté de rempereur Tillemont n’avait pas manqué de , r cette bévue que Casimir Oudln souligne avec beaucoup d’amertume. Ces deux critiques, aussi bien qu’Ellles du Pin, vieillissent Marc de six si< le situent vers la fin du iv siècle, n’osent toutefois l’Identifier d’une manière certaine avec Marc l’ascète qui figure dans l’Histoire lausiaque, xviii, 25. On en reste là, et. en 1896, la Patrologie de Fessler-Jungmann désigne encore l’auteur îles traites ascétiques par ces mots : monachus cteteroquin ignotus.

M… 5, j Kunse réussit â percer le mystère

qui enveloppe Marc l’Ermite. Mareus Ertmita, Lcizig, 1895. Utilisant les renseignements, d’ailleurs rares. fournis par les œuvres imprimées, et les données provenant de divers auteurs échelonnés du vi « aurx » siècle et qui ont cite Mare, il arrive aux conclusions suivantes que l’on peut considérer dans l’ensemble comme démontrées. L’auteur des opuscules ascétiques est distinct du Marc qui figure dans l’Histoire lausiaque ; il est un peu plus jeune que celui-ci : il a probablement été disciple de saint Jean Chrysostome. Pendant plusieurs années, notre Marc a été supérieur d’un monastère a Ancyre de Galatle (Angora) : plus tard, et déjà arrive à un âge avancé, il a abandonné la vie cenobitique pour les travaux plus rudes de l’ascèse éremitique. C’est vraisemblablement dans le désert de Juda qu’il s’est retiré, et il pourrait bien être cet àltïç Mipxo ; ôàva/wpT.TT, ; dont parle Jean Moschus, Pralum. c. xiii. P. G., t. î.xxxvii c, col. 2861. S’il est l’auteur du traité Contra neslorianos, il vivait encore aux environs de J30. car le titre de cet opuscule fait nettement allusion aux discussions qui ont commence en 429. On ne peut rien dire sur la date de sa mort.

IL L'Œtvnr :. — L'œuvre de Marc n’est pas sans Intérêt, qu’il s’agisse des traités proprement ascétiques ou des deux opuscules dogmatiques.

1 » Traités ascétiques. — Les premiers constituent une manière d’introduction à la vie religieuse et spécialement à la vie monastique. — Les traités 1 et 2, qui semblent avoir été à l’origine réunis sous le titre commun : véfiou TïveuuxxTixoû, De lege spiriluali, sont formés de 2IU-2Il courtes sentences, assez analogues aux aplwriimata Palrum. Elles expriment, d’une manière souvent heureuse, l’idéal de la perfection morale, soit en général, soit telle que, dans ses diverses obligations, le moine doit la réaliser ; le titre que donnait déjà Photius à la deuxième partie, de hiis qui pulanl se ex operibus justificari, en exprime assez bien l’idée essentielle. C’est lui qui, de toute évidence, a fait soupçonner à Bellarmin des infiltrations protestantes dans l'œuvre de Marc. Pourtant, la doctrine est du pauhnisme tout pur, fort éloigné du quiétisme. — 3. Le De pœnitentia, xepi | « Tavcla « , prêche, en 13 chapitres, la nécessité de la pénitence pour tous. Cette pénitence consiste moins en des œuvres extérieures, que dans la contrition du cœur, la mortification des pensées, l’acceptation des multiples ennuis de la v le. ' >n remarquera le caractère discret de cette doctrine si opposée i celle des virtuoses de l’ascétisme, nombreux a l 'époque. — 4. i.eKe baptismo.içén - f™™ ov

_. a encore SltôxpiOlC.

toû Beiou Vz-tLouxtoç, est un dialogue sur les effets du baptême. Celui-ci efface-t-il réellement tous les péchés, ou bien les fautes antérieures a sa réception (l’auteur se place dans le cas toujours pratique du baptême des adultes) ont-elles besoin d'être déracinées par l’tflort personnel ?

A cette question Mue répond : Oui, le baptême nous délivre réellement du péché, en nous faisant participer

à la grâce libératrice ; il dépose en nous un germe caché

tle perfection ; mais cette grâce Intérieure (qui fait

penser à notre grâce I ahiluellel n’opère ses effets que si nous travaillons de notre côté à accomplir les coin

mandements. La Bn du dialogue rouie surtout sur les effets du péché originel. Si, comme on l’a dit, cette dissertation est du début du v siècle, il y aurai) grand

intérêt à y chercher renseignement moyen de l’Orient sur cette difficile matière au moment « le la controverse pélagienne. —.">..v</ Nicolaum prereepta anima satutarta, est une réponse à un jeune ascète d’Ancj re. Nicolas, que Marc avait jadis dirigé. Pour vaincre les passions spécialement la colère et la sensualité, il faut s’appliquer à la pensée constante de Dieu, de ses bienfaits, et en particulier de celui de la rédemption. — 6. La Disputalio eum quodam eausidico rapporteun entretien d’un vieil ascète (sans doute Marc lui-même) avec un avocat qui reproche aux moines leurs prédications relatives tant aux dangers du barreau qu'à la pratique de la continence : l’ascète continue la conversation avec ses frères, sur les secrets desseins de la Providence dans la distribution des biens et des maux. — 7. La Consultatio intelleclus cum sua ipsius anima, auuxouXia voû rcpoç tt, v lau-roû v '->"/V- : >PParenté au De baptismo, est un soliloque où l’auteur exprime clairement ses idées sur la responsabilité que nous avons de nos actes. N’accusons ni Adam, ni Satan, ni les autres, sachons nous accuser nous-mêmes. — 8. Le De jejunio, rcspl vi, OTciaç, très court, étudie le but et la valeur du jeûne. L'édition de la P. G., contient aussi, col. 1053-1070 des Capitula de temperanlia, xeoàXatoe vr)7TTixâ, certainement inauthentiques, étant une compilation de sentences empruntées à Maxime le Confesseur et à Macaire d’Egypte ; ils ne figurent pas dans la liste de Photius. 2° Ecrits dogmatiques.

De caractère plus dogmatique se révèlent les deux autres ouvrages. — 9. Le

traité assez improprement nommé De Melchisedec, tic TÔv MeXxioeSéx, et que Photius appelle Contre les Melchisédéciens, xocTa MeXxioeSextTÛv, s’attaque non point aux hérétiques du iiie siècle désignés sous ce nom, et qui formaient un groupe des monarchianistes mais à des contemporains de Marc, déjà condamnés par l’autorité épiscopale.quine laissaient pas néanmoins de vivre dans la communion des Églises. Leurs idées générales sont d’ailleurs orthodoxes, et leur christologie exacte, mais, trompés par les affirmations de l'Épître aux Hébreux sur Melchisedec, Hebr., vii, ils s’imaginaient que le roi de Salem. sans père, sans mère sans généalogie, qui n’a ni commencement de jours' ni fin de vie » était proprement le Fils de Dieu, paru 'sur terre avant l’incarnation. C'était, à vrai dire, une théophanie du Aéy^ Soapx.oç, comparable à tant d’autres que l’ancienne tradition patristique avait découvertes dans l’Ancien Testament. Épiphane connaît lui aussi une opinion analogue. Hæres., lv, 7, p C, t xii col. 985 P. Marc la réfute au nom de l’exégèse et de la théologie. — 10. Le traité que nous nommons, pour abréger, le Contra nesiorianos est désigné dans le ms. de Jérusalem et celui de Grotta Ferrata de la manière suivante qui indique bien le contenu : JJp&ç toùç XeyovTaç. uA vo.aOat <ri ; v ivtav o-àpxaToOxuptou [it-% tou Aôyou, aL/, wç iu.4t « >v [lovouepûc TteoixeïoOM, xai 81à touto *XX « k tièv Sveiv irepl tov çopoûvro, fiXXwç Se rcspl tôv » oooûuevov, *YouvTà Nearoptou çpovouvTOu ;.Contre ceux qui disent que la sainte chai, du n’est pas unie au Verbe, mais l’enveloppe simple ment comme un vêtement, et que, <1 : V

lieu de distinguer, d’une part, celui qui porte, d autre part, celui qui est porté ; en d’autres termes, contre ceux