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MARC LE GNOS flQl E

MARC DE MEMPHIS

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citions.iv-.-.^ difficiles a suivre d’Irénée, il résulte en effet que Marc emboîtant le pas a Pythagore, attachait une Importance considérable a la valeur numérique de* lettres qui entrent dans la composition dos divers uoms célestes. Cela allait très loin et lu] permettait de trouver dans les livres canoniques de l’Ecriture et dans los no nbreux apocryphes qu’il y ajoutait dos preuves évidentes a l’appui de son système. Mais tout cela n’ajoutait rien de bien neuf, on somme, i la doctrine valentlnlenne ; Irénée, on tout cas, ne voyall pu entre les deux exposés de différences sensibles. Toul nblnaisons numériques, à quoi Pbllon

avait déjà songé ot que la Cabale reprendra plus tard, n’ont pas laissé de faire quelque impression mudos auteurs orthodoxes ot particulièrement sur Clément d’Alexandrie ; on a relevé chea ce dernier, strom., l. I, . :. /'. (, .. 1. 1. col. 357 sq., des développements qui nous paraissent asseï étroitement apparentés à plusieurs de ceux que saint [renée prête à notre Marc.

insiNte plus que de besoin sur oot aspect du me « uMarc, l'éveque do Lyon, glisse beaucoup plus rapidement sur la sotériologte do oot hérétique Celui-ci aurait prêché un double baptême, l’un celui do l'Évangile ot do l'Église catholique était seulement pour la rémission des péchés : l’autre, dont lo nom spécifique était d’après Hippolyte et ÊpiphaneiTCoXoTptûoiç (dans le texte latin d' Irénée redemptio), avait pour effet de communiquer a l’Initié une participation a la Vertu supérieure, permettant, dans l’autre vie, lo retourau Plérômevu dire d’Irénée, o. xxi.col. tiôs sq, cette initiation supérieure se do niait assez différemment suivant les divers docteurs marcosiens, ot il y auraite 1 très grande variété de pratiques. Certains même, parmi ces docteurs, se seraient volontiers passés de toute espèce de rite, et, plus fidèles, semble-t-il à la tradition primitive, auraient prétendu que la gnose su. lisait pvar obtenir le salut parfait. Étant donnée rimpjrtance attachée dans la secte aux mots ot aux formules, on ne s'étonnera pas que plusieurs aient usé en la circonstance de phrases cabalistiques, à vertu muique, dont Irénée a transcrit quelques-unes, fort norées plus tard par la maladresse des copistes. On signalera, dans le même ordre d’idées, une sorte dextrè ne-onction donnée aux mourants (ou aux morts), avec communication d’un mot de passe, permettant à Peine de se diriger sans crainte dans le monde invisible. IbiJ., col. 666 B.

Il h n île d’ailleurs que les marcosiens. à la suite de leur maître, aient donné plus que d’autres gnostiques dans les pratiques de la magie. Irénée a relevé certains tours de passe-passe à l’aide desquels Marc aurait fait croire aux badauds qu’il changeait la nature du vin olTert dans les mystères, ou en augmentait le volume. C. xiii, 1, 2, o >l. 578-582. ( Les historiens du sacrement de l’eucharistie n’ont pas manqué de relever l’Intérêt de cet épisode pour montrer combien était répandue dans tous les milieux chrétiens l’idée d’un changement opéré par la prière eucharistique dans les élém s.i Irénée hésite d’ailleurs a se prononcer

sur la nature vraie des moyens employés, simple prestidigitation ou artifices magiques II exprime clairement, en tout cas, que les marcosiens prétendaient pouvoir se soustraire, par de véritables formules … I î s, aux recherches judiciaires ou même aux .1. 587-591. Ils en avaient bien besoin, car, toujours au dire de l'éveque de Lyon, ceux de la région rhodanienne se permettaient, avec le de. d'. liberté* excessives, et professaient, d’une manière générale, un véritable antinomisme : te in altitu Une saper o-nnem virtutem : quapropter et U' ; 'lumin nullo timorem hubentes.

Col. | la part qu’avaient

les femmes dans la propagande marcosienne et la

façon dont M.uv OU ses disciples savaient les transformer en prophétesses. Col. 581, cꝟ. 591. De

toutes manières la secte donne plutôt l’impression dune loge de bas étage que colle d’une chapelle îcli

Meuse. Nous ignorons si elle a subsisté longtemps.

Hippolyte en parle comme si elle vivait encore à son époque. Philosoph., VI, XXTJ, col. 3259 D ; pour saint Bplphane elle appartient au passe.

Sources. Outre.elles qui ont été Citéei au.cuis (le

l’article, quelques renseignements, tous dérivés, dans Tertulllen, Ado. Vo/enHnionos.iv, /'. /… t. a, ool. 546 B (magua Ma rem) et De resurreet., . lbtd„ col. 801 ; Philastre, Dt hmrts., i. t. mi. col. 1159 ; s. Augustin, De hærts., mv. t. mil ool. 28. Sur le renseignement fautif fourni par s. Jérôme, olr cl-desso is.

1 nii.nn.r. — Tillemont, Mimotres, t. ii, p. 291-295 ; Masguet, Dissertât, in Iniun UbroS, !, art. 2, n. 84sq., /'. G.,

t. iii, col. 108 sq. ; pour ce qui est du rapport avec le personnage (?) nomme Colorbase, voir ici art. COLORBASUS, t. iii,

col. 378 el aussi w. Smith et H. Wace, Dlct. of diristian btography, art. Marcus, t. iii, p. 827-829, Colarbase, t. i, p. 593, 594, Bpisemon, t. ii, t>. 161, u>2-, E.deFaye, Gnoittques et gtutsticisnw, - édlt., Paris, 1925, p. 335-347.

2. MARC DISCIPLE DE MARCION- — Voir d dessous l’art Marqon.

3. MARC DE MEMPHIS.

Dans la lot tre i.xxv, adressée à une veuve nommée Théodora, P. L., t. xxii, col. 685 sq., saint Jérôme, faisant l'éloge de Lucinius, le mari défunt, un Espagnol, lui rond cotte justice qu’il ne s’est pas laisse séduire par l’hérésie de Basilidc, qui sévit dans toute la péninsule ibérique ot il ajoute : « Irénée rapporte qu’un certain Marc, descendant de la souche de Basilide le gnostique, est d’abord venu dans les Gaules, et a souillé de sa doctrine les pays du Rhône et de la Garonne, séduisant tout particulièrement les femmes… Puis franchissant les Pyrénées, il s’est installé en Espagne et s’est donné la spécialité d’entreprendre tout particulièrement les demeures riches et surtout les femmes qui s’y trouvaient.. Voilà ce qu’a écrit (Irénée) il y a quelque trois cents ans. » Col. 687. Cette lettre est de 399 ; si lapsus il y a ici, Jérôme l’a laissé échapper une seconde fois en 110. On lit en effet dans le Comment, sur Isaïe, lxiv, -1, 5, t. xxiv, col. 622, 623, un développement très sensiblement analogue.

Cette notice est pleine d’inexactitudes. D’abord Irénée ne parle ni du séjour de Marc dans les Gaules, ni de son passage en Espagne ; il fait de Marc un disciple non de Basilide, mais de Valentin. En second lieu la fermentation hérétique que Jérôme signale en Espagne à son époque à lui, n’a rien à faire avec le gnosticisme basilidien, valenlinien ou marcosien. Il s’agit évidemment de cet avatar du manichéisme que l’on a appelé le priscillianisme. Voir ce mot. Et il est impossible que le manichéisme, qui pénétra dans l’empire romain à la fin du iiie siècle, ait poussé des racines en Espagne à l'époque de saint Irénée. Il y a certainement beaucoup d’imprécision et de confusion dans les idées de Jérôme sur les événements espagnols des années 380-385 et sur le début du mouvement priscillianiste.

Il reste pourtant qu’un certain Marc aurait été aux origines du manichéisme espagnol. Sulpice Sévère, qui paraît connaître assez bien cette question, écrit en effet : « C’est à ce moment (peu après la mort de saint Hilaire) que l’infâme hérésie des gnostiques fui découverte en Espagne… L’origine de ce mal, c’est l’Orient et l’Egypte. Mais quels furent en ces contrées ses débuts, il n’est pas facile de le dire. Le premier qui l’importa en Espagne, ce fut un certain Marc, venu d’Egypte et originaire de Mcmphis. Il eut pour disciples (auditores) une femme de noble naissance, Agapé, et un rhéteur nommé Elpidius. C’est par eux que fut formé Priscillien. » Hitl. sacra, II, xi.m, /'. L.,