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ni égUMi m école. Avant 1865, il avait pu, avei ses oblats, fonder trois missions nouvelles ; en 1890, après vingt-cinq années d'éplscopat, il avait créé trente-trois missions et dix sept stations annexes. Pour atteindre ce résultat, il lui avait fallu travailler activement au recrutement du clergé ; ilaiis i.i même période, le nombre des ecclésiastiques était monté de deux eent diva troiscent cinquante. Plus encore qu’au nombre des ouvriers évangéliques, il tenait a leur formation. Il veut un clergé instruit et forme siirnaturellement, réalisant l’idéal de sainteté qu’il déve 1 >ppe dans le Sacerdoce éternel, The tlernal i’rirst hood, Londres, 1883. N’ayant pu obtenir la création d’un séminaire unique pour l’Angleterre, il fonda

an 1867 le séminaire Saint Thomas, a 1 lanmiersinilli.

( eux qui avalent le plus besoin de ces secours rell gleux étaient les irlandais Immigrés, très nombreux

indres. La toUicitude de l’archevêque s'étendit

particulièrement sur eux. Mien plus, Maniiing s’in téressa à leur situation en Irlande même ; il soutint Gladstone pour obtenir de la Chambre des Communes le desetablissement > île l'Église établie en Irlande. Plus tard, il prendra parti pour un Rome rule entouré de garanties.

On ne tarda pas a constater les heureux résultats de l’action entreprise par Manning, pour le relèvement du catholicisme en Angleterre. Plusieurs faits montrent combien il avait su s’imposer, et quels progrès avaient faits les catholiques dans l’opinion anglaise. Lorsqu’il fut élevé au cardinalat par Pie IX. le là mars ISTô.il recul de chaleureuses félicitations, non seulement des groupements catholiques anglais et irlandais, mais des anglicans eux-mêmes. Yingtcinq années auparavant, la même dignité conférée a Wiseman (30 septembre 1850) avait provoqué dans toute l’Angleterre un accès furieux d’antipapisme. Cette fois l’Angleterre se sent honorée ; le lord-maire de Londres accorde au cardinal, en 1889, la préséance sur l'évêque anglican et, en 1890, le gouvernement lui reconnaît rang princier, entre le prince de Galles et le marquis de Sallsbury. La même sympathie lui est manifestée, de nombreuses adresses de dévouement et de reconnaissance lui arrivent de toutes parts, à l’occasion de son jubilé épiscopal, 12 juin 1890. De la législation disparaissent les mesures d’intolérance ; la loi sur les titres ecclésiastiques, votée pour protester contre le rétablissement de la hiérarchie en Angleterre par Pie IX, n’est pas appliquée et disparait. Le serment imposé par la loi d'émancipation de 1829 est supprimé en 1867 ; la même année, est rendu aux catholiques le droit d’accès à la charge de lord-chancelier d’Irlande : il s’en fallut de peu pour qu’en 1891 le même droit leur fût accordé pour la charge de lord-chancelier d’Angleterre et de viceroi d’Irlande.

A Rome, Manning était très écouté. Toujours, il fut cordialement reçu par Pie IX et par Léon XIII. Il se trouvait à Home, au moment de la mort de Pie IX, 7 février 1875, et fut d’accord avec la majorité pour élire le cardinal Pecci. Cf. Nota autobiographiques, Purcell, op. cit., t. n. p. 550. Il profita de ce séjour pour obtenir le règlement de certaines questions intéressant l'Église d’Angleterre : rétablissement de la hiérarchie en Ecosse (bulle Ex supremo apostolitus apice, 1 mars 1.S78) : remaniement des circonscriptions des diocèses anglais, portes de douze à quatorze. En 1879, il appuie la demande des catholiques anglais, pour l'élévation au cardinalat de Newman, laissé injustement a l'écart sous Pie IX. exposant, dans une lettre au cardinal Nina, les titres de l’oratorien a la reconnaissance des catholiques anglais et du Saint-Siège, en même temps que l’heu rcux eflct que produirait cette mesure. En 1880, il

lait aboutit les pourparlers depuis longtemps engages pour le règlement des différends entre les deux clergés.

séculier et régulier (constitution Romanot Ponii

fiers, du S mai 1881).

Tout cependant n'était pas parlai !  : Manning était le premier a s’en rendre compte. Dans les notes auto

biographiques, qu’il écrivil en 1890, il examine tout

au long les obstacles qui s’opposent au développement

de l'Église catholique en Angleterre. Purcell, op. cit., t. ii, p. 77l-7 ! Mi. Ils viennent surtout du cierge, qui n’est pas assez, cultivé, qui ne iconcouii pas a la vie civile de la nation i, restant confiné dans la sacristie comme en France*, Sa prédication manque de pm fondeur : il s’attache aux dévotions secondaires, au lieu d’instruire les Qdèles sur les grandes vérités de l'Évangile. Il n’a pas assez de vie spirituelle, son idéal sacerdotal n’est pas assez élevé ; les prêtres sont de simples diseurs de messes, rnass-prirsts, des machines à sacrements, sacrament-mongers. Ils ont trop la raideur des // igh-churclimrn. La persécution a eu pour conséquence de laisser les catholiques de nais s. mec Ignorants de l'état spirituel des anglicans, de leur donner l’esprit de controverse. La polémique détruit, prépare le terrain, elle n'édifie pas. Pour construire, donner une idée nette de la vérité, il faut avoir un point de contact avec les auditeurs, connaître ce qu’ils croient. Enfin Manning signale un dernier obstacle, les jésuites. Cette partie de la note n’est pas donnée par Purcell. Elle doit être publiée dans une nouvelle vie de Manning, par le P. Tient. Cf. Thureau-Dangin, La lie naissance catholique en Angleterre au XIX » siècle, t. iii, 7e édit., p. 10, n. 2. Les jésuites, comme les religieux des anciennes congrégations, n'étaient pas en faveur auprès de l’archevêque de Westminster ; ces ordres lui paraissaient démodés ; il fallait des ordres nouveaux, plus appropriés aux circonstances actuelles, dont les règles soient mieux adaptées aux besoins modernes. Il avait sans doute gardé le souvenir du peu d’empressement apporté par les religieux à seconder le cardinal Wiseman, dans l’cvangélisation des quartiers pauvres de Londres. Tout en montrant les obstacles au développement du catholicisme, Manning indique les moyens de les surmonter : « un amour surhumain, un zèle et un esprit fraternel, attirant la volonté humaine à la présence divine, … quiconque représente l'Église catholique en Angleterre est tenu à viser à l’idéal le plus élevé en toutes choses. »

Ce passage de l’autobiographie peut être considéré comme le testament spirituel du cardinal. Il mourut le Il janvier 1892. « Ce qu’on remarqua le plus à ses obsèques, ce ne fut pas l’allluence des dignitaires ecclésiastiques, des sommités sociales, des personnages officiels, représentants de la reine et du prince de Galles, membres du corps diplomatique : ce fut la prodigieuse multitude d’hommes du peuple, travailleurs ou même misérables de toutes sortes, qui suivi ! le cortège de l'église au cimetière, ou fit la baie le long des rues, tous, catholiques, protestants, socialistes, s’inclinant ou même s’agenouillant au passage du corbillard, pour témoigner de leur reconnaissance et de leur respect envers celui qui les avait aimés et servis. Jamais pareille démonstration populaire n’avait salué en terre anglaise, la dépouille mortelle d’un prince de l'Église romaine. » Thureau-Dangin. op. cit., L iii, p. 307.

IL Manning et LES PROBLÈMES RELIGIEUX i i sociaux de son temps. — 1° Le pouvoir temporel. 2° Le concile du Vatican. 3° Idées théologiques de Manning. 4° L’union des Églises. 5° La question scolaire. B° La question sociale. 7° Conclusion.

1° Le pouvoir temporel. - - La guerre, entreprise en

1859 parle Piémont aidé de la France, avait eu pour