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M IV,

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don il s’efforça, en 1835, contre l’archevêque de Can torbéry, de maintenir rinflænce dans la Société pour la propagation de l’instruction chrétienne. L'évangéHante, recruté dans la Lasse EgUse, Issu d’un certain enthousiasme religieux, sans aucune base doctrinale, ivioignait il" catholicisme.

il avait quitté Oxford, lorsque Keble prononça en ksonnoii sur V Apostasie national », qui devait

un si profond retentissement, et donner naissance

au « mouvement d’Oxford ». Manning resta à l'écart >lu mouvement Jusqu’en 1835. il entre alors en relation avec Newman, lit les Tracts for the (Une, s’y interesse, promet s. » collaboration. Son attention commence tré attirée vers certaines idées, qui auront une Influence considérable sur sa conversion : la notion d’autorité et la nécessite de la tradition l.e premier résultat fut de l'éloigner de l'évangétisme et de le rapprocher de la Hiyh C.hurch ; dans son sermon de Chichester sur la Rifle de la foi (Juin 1838), il rejette le libre examen, pour lui opposer la foi de l'Église primitive et la tradition. Il a foi en l'Église anglicane ; il est persuade de la légitimité de sa hiérarchie ; elle est pour lui la véritable Église. Il lui est très attaché. bien qu’elle ne lui paraisse pas ce qu’elle devrait être ; il la voudrait affranchie de l'État, indépendante dans sa hiérarchie et sa doctrine, se gouvernant elle-même, réglant les affaires ecclésiastiques, surtout les questions doctrinales, dans des synodes provinciaux ; il i voudrait plus zélée, plus attachée aux dogmes chrétiens. C’est dans cet état d’esprit qu’en 1836 il vote la condamnation du rationaliste Hampden, proposé pour une chaire île théologie à Oxford, qu’en 1838 il s'élève contre les prétentions de l'État sur les biens ecclésiastiques, The principle of the ecclesiastieal Commission eiamined in a letter to the bishop of Chichester, qu’il défend en 18-I0 l’existence des chapitres diocésains menacés au Parlement

Son ministère se ressent du changement qui s’opère, en ses idées ; il emprunte au catholicisme certaines pratiques. En 1838, il s’adonne a la direction spirituelle des âmes pieuses, puis, quelque temps après, entend les confessions a Lavington, ù Chichester. à Oxford. Il se confesse, voyant dans la confession le « propre précepte de la pénitence. Ce n’est que lorsqu’on parle de confession fréquente, qu’il peut être question de simple conseil. Lettre à H. Wilberjorcc, dans Purcell, op. cit.. t. i, p. 496.

H est loin cependant des anglo-catholiques, et c’est à tort qu’on l’a rangé dans le parti d’Oxford. De Pressensé, Rev. des Deux Mondes, 1° mai 1896, p. 26. Il se sépare des tractarietis par son aversion pour Rome, et son attachement à l'œuvre des réformateurs du xvie siècle : il reproche a Newman « certaines expressions sur la suprématie pontificale dont les romanistes pourraient prendre avantage », Lettre i<man, 23 octobre 1839, dans Purcell, op. cit., t. i, p. 231, 232 : il ne veut pas de conciliation avec l'Église catholique, conciliation tentée dans le tract près la démission de Newman de sa cure de Sainte-Marie (1813), il attaque dans un sermon d’apparat, à l’université d’Oxford, l'Église romaine de façon si violente que, le lendemain. Newman refuse de le recevoir. La conversion de Newman ('.* oct. 1 le trouva toujours aussi attaché a l’anglicanisme. Il écrivait a H. Wilberforce, deux jours avant cette conversion : c Hicn ne peut ébranler ma foi en la présence du Christ dans l'Église anglicane et dans ses sacrements. Je me sens incapable rien douter. » Purcell, op. cit.. t.. i, p. 504, 505.

Cependant allait venir pour lui le commencement des douleurs qu’il avait annoncé à Gladstone, lorsque William Ward avait publié son Idéal d’une fc//li<r chrétienne, inconciliable avec les trente-neuf articles.

Newin.in avait compose, au moment de son abjura ti « m un Essai sur le développement de la doctrine chré tienne. Cette publication, les conversions nombreuses

qui suivirent celle de l’ancien cure de Sainte Marie, manifestèrent le grave danger que courait l’anglicanisme. On pria Manning de réfuter l’ouvrage. Il s' refusa : mais la lecture qu’il en lit l’obligea a reporte !

son attention sur deux pi 'in I s qui I a aient déjà prcoi cupé : l’unité et l’infaillibilité de l'Église, Ces deux caractères, la véritable Église devait les posséder. D’autres pensaient comme lui : beaucoup d’Ames

inquiètes, prêtes a suivre les nouveaux convertis,

s’adressaient a lui. il se vit obligé de scruter davan

tage ces graves questions.

Dès 1846, on constate sur son journal Intime lis

premiers doutes. « L'Église d’Angleterre souffre dans sa constitution, séparée de l'Église loto orbe diffusa et de la chaire de Pierre, assujettie au pouvoir civil ; …elle souffre dans son fonctionnement, par manque de discipline, d’unité, de vie sacerdotale chez lis évéques. Purcell, op. cit.. t. i, p. 483. La maladie, l’arrachant en 1847 à ses occupations extérieures, lui laissa plus de temps pour la réflexion ; il s'étudie, ses doutes se précisent ; ils sont exclusivement d’ordre intellectuel, produits par ces deux questions : l’unité et l’infaillibilité de l'Église. Il se croit encore dans la bonne voie. 'fout le rai lâche à l’anglicanisme, y renoncer équivaudrait à mourir. » A Laprimaudaye, Purcell. o/>. cit.. t. i. p. 172. Mais il ne peut vivre avec ses doutes : il veut étudier de près les usages catholiques, et va passer sa convalescence à Home. Un premier voyage, en 1838, l’avait laissé indifférent, sinon hostile : cette fois, il fréquente les églises, est reçu à deux reluises par Pie IX, rend isite à Newman qui se préparait aux ordres. Mais il rentre à Lavington, sans que la lumière soit faite en lui, juin 1848.

Il fallut que deux faits vinssent lui montrer avec clarté l’incapacité radicale de l'Église anglicane de conserver en elle l’unité et la pureté de la doctrine. Lord J. Russell avait nommé a l'éviché d'1 lercsford Hampden, professeur à Oxford. L'élu était rationaliste. Malgré de vives protestations, il fut sacré par l’archevêque de Cantorbéry. Qu’on pût sacrer éveque un incroyant, fut pour l’archidiacre de Chichester une preuve que l'Église anglicane n’avait pas l’assistance du Saint-Lsprit. D’où viendra la foi des fidèles Non plus de l'Église, mais du jugement privé. Pour que les évéques laissent faire, c’est qu’il n’y a pas unité doctrinale dans l’anglicanisme, qu’il n’y a plus de théologie anglicane. « Je ne puis dire que je rejette la théologie anglicane ; je ne la connais plus, tout simplement, je n’y crois plus. » Purcell, op. cit., t. i, p. 464.

L’abaissement et l’incapacité de l'Église anglicane lui parurent encore plus sensibles dans l’affaire Gorham. L'évêque d’Exeter avait refusé de donner l’institution pour un bénéfice à Gorham, qui niait la régénération spirituelle dans le baptême, el qui fut, pour ce fait, condamné comme hérétique par le tribunal ecclésiastique de Cantorbéry. Le Comité judiciaire du Conseil privé, tribunal laïque, contraignit l'évêque d’Exeter à donner l’institution : nouvelle preuve de l’asservissement de l'Église anglicane au pouvoir civil, de son caractère plus politique que religieux. L’archidiacre de Chichester essaya de protester, rfte Appellaie Jwisdiction <if fin Crown in matters spiritual. A letter lo Ashursl Turncr, bishop oj Chichester, Londres 1850. Mais sa voix ne rencontra que peu d'écho.

Manning n’avait plus confiance dans l’anglicanisme : jusque-là, il avait encore pu répondre au trouble et aux inquiétudes des ami s qui se confiaient à lui, et les arrêter sur la pente qui les entraînai ! au