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    1. MANICHÉISME##


MANICHÉISME, SOURCES MANICHÉENNES

p. 73 sq., y voit, au contraire, une composition artificielle d’IIégémonius.

Saint Augustin reproduit, d’après Julien d’Eclane, qui l’avait apportée dans la controverse, une leltre de Manichcc à la vierge Menoch, Contra Julian. op. imperf., iii, 106, 172, iv, 109, P. L., t. xi.v, col. 316, 1318, 1404. Bien que le nom de Menocli apparaisse dans le catalogue d’An-Nadim et que le style de cette lettre soit tissé d’expressions manichéennes nous devons tenir compte de l’attitude réservée de saint Augustin à son endroit : l’authenticité en est donc douteuse.

Cinq fragments de soi-disant lettres de Mani adressées à Scythianus, à Addas ou Odda, à Koudaros le Sarrasin, à Zebenas, se trouvent dans les traités de Nicéphore de Constantinople contre Eusèbe, contre Épiphanide et contre le grand concile iconoclaste, dans Photius résumant les discours d’Euloge, et dans la Doctrina Patrum de incarnatione Dei Verbi. Ces cinq fragments ne sont pas authentiques ; ils professent la doctrine monophysite en des termes que Mani ne pouvait pas employer et ils ne sauraient être retenus. On trouvera un recueil des fragments de Mani en grec dans Fabricius-Harless, Bibliotheca græca, 2e édit., t. vii, p. 315 sq.

Ecrits perdus des manichéens.

L’activité littéraire des disciples de Ma-ii a été considérable. Pendant

les mille années environ que dura la propagande de la secte, un nombre très grand d’ouvrages, appartenant aux genres les plus divers, dut être publié. Tous ces livres nous seraient précieux pour connaître l’histoire du manichéisme, et surtout pour étudier les développements doctrinaux qui ne purent manquer de s’y produire. De la plupart de ceux dont nous connaissons les auteurs et les titres, nous n’avons rien conservé, sinon parfois quelques fragments. Nous devons tout au moins rappeler quelques-uns des noms les plus importants de la littérature manichéenne.

1. La formule grecque d’abjuration, P. G., t. i, col. 1468, mentionne un livre des Mémorables, p[6>.oç Twv à7TO[xvï)fXovs’j[i.â- « v, qui devait raconter la vie deMani ; les détails qu’elle connaît de cette vie pourraient provenir de ce livre des Mémoires. An-Nadim a lu également une vie de Mani qui est probablement la même que celle de la formule d’abjuration. Fliigel, Mani, p. 84, 85 ; P. Alfaric, op. cit., p. 80. Mais l’historien arabe sait qu’il existe des traditions divergentes, et que l’on raconte de diverses manières la biographie du Maître.

2. An-Nadim semble avoir connu une histoire des imans de Babyhne, qui racontait les faits et gestes des successeurs de Mani ; Fliigel, Mani, p. 97-99. Cet ouvrage historique se plaçait au point de vue de l’orthodoxie manichéenne et montrait la continuité de la tradition parmi les imans de Babylone.

3. Le plus ancien peut-être, et en tout cas le plus importants des écrivains manichéens est un certain Addas que les Acta Archelai, 13, p. 22, représentent comme le premier missionnaire de Mani. Cet Addas avait beaucoup écrit. Photius, Biblioth., cod. 85, P. G., t. ciii, col. 288, rapporte qu’Héraclien de Chalcédoine a connu des ouvrages d’Addas qui exposaient le manichéisme, et qui avaient été réfutés par Titus de Bostra et par Diodore de Tarse. En particulier, Diodore avait copieusement répondu à un ouvrage intitulé le Boisseau, qui, peut-être, étudiait la vie du Christ et ses enseignements.

Sous le nom d’Ato, que Chavannes et Pelliot ont identifié avec Addas, Journal asiat., Xe sér., t. xviii, p. 501, n. 2, on a retrouvé à Touen-houang un traité manichéen qui est actuellement conservé au Musée de Pékin. Ce traité se présente comme un recueil de morceaux choisis, extraits vraisemblablement d'œu 1848

îtion ' pie ou é par itique,

vres authentiques de Mani, et relatifs à cette question la nature primitive du corps charnel est-elle simple ou double ? Il a été édité, traduit et commenté par MM. Chavannes et Pelliot dans le Journal asiatique, X" sér., t. xviii, p. 499-618 ; cf. XI* sér., t. i, p. 99-104 et 378-383. P. Alfaric, op. cit., p. 99-103.

Suivant saint Augustin, Addas était aussi connu sous le nom d’Adimante, que les maniciiéens de son temps vénéraient comme le seul auquel on doive s’attacher après Mani, et comme le plus grand docteur de la secte. Cont. wlvers. Leg. et proph., ii, 42 ; Cont. Faust., i, 2 ; Cont. Adim., xii, 2, P. L., t. xui, col. 666, 207, 141. Adimante était l’auteur de traités qui combattaient la loi et les prophètes et qui leur opposaient l'Évangile et l’Apôtre : de ces traités Augustin a donné une critique vigoureuse dans son Contra Adimantum Manicheei discipulum, ibid., col. 129-172. Les mêmes ouvrages sont signalés par la seconde formule grecque d’abjuration, P. G., t. i, col. 1468. Saint Augustin a connu aussi le début d’un ouvrage d’Adimante, disciple de Manichée ; cet écrit était destiné à montrer que la chair n’a point été faite par Dieu. Cont. adoers. Leg. et proph., ii, 42, P. L., t. xlii, col. 666.

4. Photius a lu et donné l’analyse détaillée de deux ouvrages d’un certain Agapius, l’un en 23 livres, l’autre en 102 chapitres, et dédiés à une femme du nom d’Uranie. Biblioth., cod. 179, P. G., t. ciii, col. 521. Les doctrines professées par Agapius se rattachent à celles de Mani ; mais elles sont beaucoup plus pénétrées d’hellénisme que les enseignements authentiques du Maître. Agapius empruntait beaucoup aux superstitions des Grecs ; Platon était le philosophe qu’il préférait entre tous. On peut regarder ses œuvres comme des essais de syncrétisme.

Timothée de Constantinople, De recept. hasret., P. G., t. lxxxvi, col. 21, et les deux formules grecques d’abjuration signalent un Heptalogus d’Agapius, sur lequel on n’a aucun renseignement.

5. A la suite de V Heptalogus d’Agapius, la seconde formule grecque d’abjuration mentionne « le livre d’Aristocrite intitulé Théosophie ». P. G., 1. 1, col. 1468. Elle donne de ce livre le résumé suivant : « Dans cet écrit, l’auteur s’efforce de montrer que le judaïsme, l’hellénisme, le christianisme et le manichéisme professent une seule et même doctrine. Et, afin d’avoir l’air de dire la vérité, il s’attaque à Manès lui-même comme à un homme pervers. »

6. Alfaric, op. cit., p. 108 sq., a cru pouvoir identifier l'œuvre d’Aristocrite avec la Théosophie en quatre livres, citée et analysée par l’opuscule intitulé : Oracles des dieux helléniques. Il suppose même qu’Aristocrite était un pseudonyme, tout de même qu’Agapius, l’auteur supposé de V Heptalogus, et il attribue les deux ouvrages à un seul écrivain, inconnu par ailleurs, et vivant vers la fin du ve siècle. Les hypothèses sont plausibles. Mais elles n’emportent pas avec elles un assentiment décisif.

7. Parmi les disciples de Mani figurent, dans les deux formules grecques d’abjuration aussi bien que chez Photius et Pierre de Sicile, Hiérakas, Héraclide et Aphthonius, t les commentateurs et exégètes de ses écrits ». P. G., t. i, col. 1468.

Hiérakas nous est connu par saint Épiphane, qui lui consacre une longue notice, Hæres., lxvti, P. G., t. xlii, col. 172-184. C'était un ascète égyptien auquel l’hérésiologue attribue plusieurs ouvrages écrits en grec et en copte, spécialement un Hexaméron, divers commentaires de l’Ecriture et des psaumes. Toutefois, saint Epiphane ne le range pas parmi les manichéens bien que certaines des idées qu’il lui attribue puissent être rapprochées de celles de Mani.

Un certain Héraclide est mentionné dans l’Histoire Lausiaque de Palladius, comme l’auteur d’un recueil