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M tNICHÉISME, SOI R< ES MANICHÉEN NI S


la l’ruiiiiuiteiu, n’est autre que VBpislota funaamtnti, déjà rappelée tout à l’heure. Cette lettre, adressée a un certain Pattlclus peut être le père de Mani lui même es ! un résumé de toute la doctrine tnanl chéenne ; et c’est un des écrits que nous connaissons le mieux, grâce a saint Augustin qui enacomposéune réfutation en règle, non sans en transcrire des passages Importants. On y trouve la description des deux principes éternels, la narration île la lutte originelle entre le bien et le mal, l’histoire de l’homme, la rédemption apportée par le Christ ; brel un exposé systématique des enseignements du Maître.

l’eut être VBpttre du Fondement est elle le même ouvrage nue les sources orientales mentionnent sous

le nom île li re des l rois moments, la lettre, eu effet, Be présente comme renfermant initium, médium etflnem, c’est a-dire comme faisant connaître toute l’histoire

du momie. Les trois moments, antérieur, médian et postérieur, sont également ceux entre lesquels se par

tage toute l'évolution des choses. Comme cependant le livre des Trois moments a déjà été Identifié par P. Alfarie au livre dis Préceptes, il vaut mieux ne pas multiplier les hypothèses, plus ou moins hasardeuses au sujet de ees textes.

7. L'Évangile est signalé par les Ai tu Archelai dl le gémonius ; et c’est un des ouvrages de Mani qui sont le plus Fréquemment cités. Tour a tour (.vrille de Jérusalem, Catech., vi. 22, /'. (L. t. xxxiii, col. 576, l’ierre de Sicile, Hist. Man.. i, 11. t. av, col. 12Ô7 : Photius, Conl. Man., i. 12, t. en, col, 36, les deux formules grecques d’abjuration les mentionnent en tête de la liste des écrits manichéens. Plusieurs textes lui donnent le nom d'Évangile vivant, to "ûv eùayréXiov. ier pense qu’il était rédigé en persan : il semble que, comme les autres écrits de Mani, à l’exception du Shdpurakàn. il ait été composé en syriaque.

Ce que nous savons de plus précis sur l'Évangile de Mani. c’est la notice de Hirùni : « Chacun des adeptes de Marcion et de Bardesane se sert d’un évangile qui contredit en partie les Évangiles véritables. Mais les ' ni en ont un qui, du commencement jusqu'à la fin, renferme le contraire de la croyance des chrétiens. Ils en professent la doctrine, ils le présentent comme le seul véritable ; ils disent qu’en lui est enseignée la vraie foi de Mani et qu’en dehors de lui. on ne trouve que vanité et mensonge. Hirùni, Chronologir. trad. Sachau, p. 23. Hirùni ajoute. />L, p. 207, que Mani avait divisé son Évangile en 22 sections d’apn s les 22 lettres de l’alphabet, et ce renseignement est confirmé par un catalogue d'écrits manichéens trouvé à Tourfan. P. Alfarie. op. cit., p. 36, 37.

Nous savons peu de choses sur le contenu de l'Évangile de Mani. Les auteurs occidentaux évitent d’en parler : et Ici manichéens avec lesquels discute saint Augustin ne se servent que des Évangiles canoniques. Quelques phrases décousues et peu intelligibles, retrouvées dans les manuscrits de Tourfan, quelques indications fournies par l’historien arabe Ibn-alMournada. ne nous permettent pas de nous faire une idée précise de l’ouvrage, ni de décider avec certitude s’il était un évangile proprement dit on seulement un commentaire des récits évangéliques.

Peut-être Y t : van g i le de Mani est-il la même chose qu’un ouvrage important dont parlent, avec le plus grand éloge, plusieurs auteurs pers ; ms du Moyen Age,

quel ils donnent le nom d’Ertenk de Mani. Le

mot perse ertrnk, ou plus exactement erzeng ou ertnrhrng, signifierait discours remarquable, parole sainte, lit par suite le synonyme approximatif du terme évangile, l.'rrtenk portait encore le nom de Deslour Mani, ce qui veut dire Loi ou canon de Mani. Il faut avouer que de tels titres sont bien vagues et ne '

renseignent guère sur le contenu d’un ouvrage.

I es écrivains qui pal lent de 17 rtenk signalent sur

tout les miniatures remarquables dont l’auteur avait

Orné son ouvrage, et qui devaient servir a dcuionlicr

sa mission prophétique. Le récll le plus complet est

fourni par Mirehoild : On raconte, dit ce dci nier, que

Mani. voyageant dans les contrées d’Orient, arriva à

une montagne qui contenait une grotte possédant l’agrément désirable avec son air rafraii hissant et ses sources d’eau. Cette grotte n’avait qu’il'e seul entrée. Sans qu’on s’en apervut.il y amassa de la nourriture pour un an. Tins, il dit à ses partisans : Je vais mon 1er au ciel et j’y prolongerai mon séjour pendant une année. Après quoi, je reviendrai sur la terre vous

apporter un message de Dieu. il ajouta : u

début de la seconde année, trouve/ vous à tel et tel endroit, dans le voisinage de la grotte, et donne/ mol votre attention. Apres cet avertissement, il se demi a aux regards des hommes, entra dans la grotte, et S’y occupa pendant une année de peintures. Il traça de merveilleux dessins sur une tablette qu’il appela l’Ertenk Mani Puis, au bout d’une année, il se montra à ses gens, dans le voisinage de la caverne, tenant à la main une tablette couverte de peintures merveilleuses de dessins variés. A cette vue, chacun disait : Le monde nous offre des milliers de dessins, mais nous n’avons encore rencontré aucune peinture de ce genre. Comme tous étaient pétrifiés d’admiration, il leur dit :

J’ai apporté du ciel cette tablette pour établir mon caractère prophétique. » Hist. univ., Hombav, 1854, t. i. ]>. 223. Cꝟ. 1'. Alfarie, op. cit., p. -11, 42.

Les sept traités, dont nous venons de parler, sont les ouvrages capitaux de Mani. En dehors d’eux, on connaissait encore un certain nombre de lettres de Mani, qui semblent avoir été assez répandues et qu’on lisait, au temps de saint Augustin, dans les assemblées religieuses. Augustin, Cont. epist. Man., 7 ; Cont. Faust., xiii, I. /'. L., t. xi.ii, col. 177, 284. An-Nadim donne le catalogue de ces lettres : il en compte 76, parmi lesquelles il paraît avoir directement connu les 52 premières ; des 24 autres il n’aurait pas eu le texte er)tre les mains. Flûgel', Mani, p. 103, lui.

Parmi ces lettres, les unes étaient adressées à un pays ou à une ville, ainsi la 3e à l’Inde, la 0° à Kashkar, la 8 « à l’Arménie, la 10- à Ctésiphon, la 23e à Babel ; d’autres avaient un destinataire individuel : Fouttak (n. 7), Amoulija l’incroyant (n. 9 ; lire sans doute ici le nom romain ri'.Lmilius ou.-Lmilianus), Abrahija l’incroyant (n. 47 et 49), la persane Menait (n. 00, 61, 63) : cette dernière peut être la vierge Menoch (pusaint Augustin connaît comme la destinataire d’une lettre de Mani.

-Nous connaissons par An-Nadim le sujet d’un grand nombre de ces lettres : les matières traitées étaient des plus variées. Mani s’occupait, par exemple, du sceau de la bouche (n. 13), de la bonne odeur in. 17), de la propriété (n. 06), de la dîme (n. 27. 1 1. 52, 62), des relations sociales (n. 12), des donations religieuses (n. 40), de l’administration de l’aumône (n. 55), de l’amour (n. 32). de l’explication des songes (n. 59), de l’habillement (n. 76). La lettre 71 de Mani sur le crucifiement pouvait se rapporter à la passion du Christ.

'foutes ces lettres sont perdues, à l’exception de quelques fragments Insignifiants retrouvés dans les manuscrits de l’Asie centrale. I'. Alfarie, op. cit., p. 72. Quelques citations des lettres de Mani se trouvent dans les auteurs chrétiens. I légémonhis donne le texte d’une lettre que Mani aurait adressée a Marccllus pour le convertir a la foi nouvelle. Acta Archet., 5° édlt. Beeson, p. 5-8. Cette lettre, selon Kessler, art. cit.. p. 222 sq. serait lu-livre, sinon de Mani lui-même, du moins d’un manichéen influent ; I'. Alfarie, op. cit..