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    1. MANICHÉISME##


MANICHÉISME, SOURCES MANICHÉENNES

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des Mystères s’occupait donc des relations entre le judaïsme et le christianisme ; et il s’intéressait spécialement aux rapports entre l'âme et le corps.

Ce livre est perdu. Perdu également le résumé qu’en avait rédigé Birûni. Par ce dernier auteur, nous en connaissons pourtant quelques fragments qu’il a insérés dans son India. Cf. P. Alfaric, Les écritures manichéennes, t. ii, étude analytique, p. 17-21.

2. Le livre des Géants.

Mentionné par An-Nadim et par BirCini, le livre des Géants est également signalé par Timothée de Constantinople, De recept. luvrctic, P. G., t. lxxxvi, col. 21 et par Photius, liiblioth., cod. 85, P. G., t. ciii, col. 288. D’après le titre, il devait s’occuper surtout de la légende des Géants fondée sur les récits de la Genèse et déjà exploitée dans les milieux gnostiques.

Une hypothèse assez vraisemblable de P. Alfaric, op. cit., p. 31, veut que ce livre soit le même ouvrage que le Liber capitulorum (livre des principes) ment ionné par Archélaûs, Acta Hegem., 62, édit. Beeson, p. 91 ; et aussi qu’il ait été cité par Alexandre de Lycopolis, Titus de Bostra, saint Épiphane, Théodoret de Cyr, Sévère d’Antioche, comme renfermant les doctrines essentielles, les xeçdcXaia, du manichéisme. De fait, Alexandre de Lycopolis, en terminant son exposé des xîtpiXocia manichéens, note que les hérétiques invoquaient la gigantomachie des anciens poètes pour montrer comment ces derniers avaient connu la lutte engagée par la matière contre Dieu.

Les xscpavaioc, tels qu’ils sont connus par les analyses d’Alexandre de Lycopolis, de Titus de Bostra, de Théodoret et de Sévère, contenaient un exposé de la comosgonie manichéenne. Ils racontaient l’origine du inonde, l’apparition de l’homme sur la terre, et la lutte acharnée que se livrent les deux principes jusqu’au triomphe définitif du Bien.

Le livre des Principes semble avoir été particulièrement répandu en Chine : un fou-to-tan, c’est-àdire un haut dignitaire manichéen, venu de Perse, l’apporta en 694 dans l’empire du Milieu ; il y prit le nom de Livre des deux Principes, ou des deux Racines. Les textes de Touen-houang y font de fréquentes allusions. Cf. P. Alfaric, op. cit., p. 32-34.

3. Le livre des Préceptes pour les auditeurs, avec un chapitre additionnel des préceptes pour les Élus : c’est ainsi qu’An-Nadim désigne le troisième des écrits de Mani. Il semble que ce ne soit pas là un titre à proprement parler ; mais plutôt une analyse rapide d’urr ouvrage anépigraphe. A sa place, Birûni mentionne le Soleil de la certitude et du fondement : peut-être avonsnous dans cette formule un peu mystérieuse le titre original du livre des Préceptes.

En tout cas, nous savons fort peu de choses de cet ouvrage, dont l’identification a donné lieu à beaucoup de difficultés. Suivant K. Kessler, art. Mani, Manichâer, dans la Protest. RealenajcL, 3e édit., t. xii, p. 220, le livre des Préceptes serait à identifier d’une part aux xs<pàXata dont parlent les auteurs grecs, cf. supra, et d’autre part, à la célèbre Épitre du fondement que nous connaissons bien par l’ouvrage de saint Augustin, Contra epistolam Manichœi quam vocant fundamenti liber unus. P. Alfaric, quia déjà identifié les xs9àXaia au livre des Géants, voit dans le livre des Préceptes, un ouvrage mentionné par saint Augustin dans le De moribus manichseorum, 19 sq., P. L., t. xxxii, col. 1353 sq., et analysé en partie par lui : c’est dans cet ouvrage que sont étudiés les trois sceaux de la bouche, de la main et du sein, imposés aux élus. Il ajoute que les textes de l’Asie Centrale et spécialement le Khouastouanift font allusion à la première partie du traité de. Mani, lorsqu’ils parlent des o Trois Moments » que doit comprendre l’homme décidé à entrer en religion. P. Alfaric, op. cit„ p. 54-58.

Tout cela est assez incertain. Il reste que le livre des Préceptes était un traité de morale, et qu’il se divisait en deux parties : l’une destinée à tous les fidèles manichéens, aux auditeurs ; l’autre réservée aux élus, c’està-dire aux parfaits.

4. Le Shdpurakân.

Selon Hirûni, Chronologie, trad. Sachau, p. 189, Mani aurait composé cet ouvrage, peut-être le plus ancien de ses écrits, pour le grand roi des Perses, Sapor I tr, le fils d’Adraschir, afin de l’instruire et de le gagner à ses doctrines. Le titre de Shâpurakân, appartenant à Sapor, confirme ce récit. Vraisemblablement, cet ouvrage était rédigé en persan, selon les renseignements d’An-Nadim qui connaît un livre de Mani écrit en cette langue.

C'était un écrit eschatologique : An-Nadim nous apprend qu’il se divisait en trois parties, dont une décrivait la fin de auditeurs, une autre celle des élus, la troisième celle de pécheurs. Flùgel, Mani, p. 103. Peut-être un résumé assez long en est-il donné dans un passage du même auteur intitulé : Doctrines des manichéens sur la vie future, et où apparaissent successivement les trois classes d’hommes. Flugel, Mani, p. 100, 101.

Le Shdpurakân a été connu en Orient : deux feuillets d’un manuscrit de Tourfan portent encore le titre de l’ouvrage et en donnent des fragments, malheureusement illisibles ou inintelligibles. Par contre, les occidentaux n’ont jamais connu cet écrit, et ne le citent pas, du moins sous son titre original. P. Alfaric, op. cit., p. 49, croit que c’est peut-être lui que vise la formule grecque d’abjuration lorsqu’elle cite le livre des Secrets. P. G., t. i, col. 1468.

5. Le livre de la vivification, appelé le Trésor de la vivification par Birûni, est intitulé plus simplement le Trésor par Hégémonius, Acta Archel., 62, et par saint Épiphane, Hæres., lxvi, 13. Timothée de Constantinople, Pierre de Sicile, Photius, les deux formules grecques d’abjuration, donnent le titre complet, 07]oaupôç Çcor, ç. Ce titre est d’autant plus remarquable qu’il se retrouve chez les mandéens, où il désigne une écriture très importante.

Saint Augustin a connu lui aussi le Trésor : il en cite deux fragments, l’un provenant du second livre, Contra Felic, ii, 5, P. L., t. xui, col. 538, l’autre provenant du septième livre, De natura boni, 44, ibid.. col. 568. Les deux fragments sont également cités par Évodius, De fide cont. Man., 5 et 14-16, ibid., col. 1141, 1144. Avec un troisième passage, signalé par Birûni, India, trad. Sachau, t. i, p. 39, ils constituent tout ce qui nous reste de ce traité qui devait être fort important, puisqu’il avait au moins sept livres. Nous savons qu’il y était question de la lutte des deux royaumes des Ténèbres et de la Lumière, et du rôle joué par le Troisième messager et par la Vierge de Lumière dans la délivrance des éléments divins tenus en captivité par les démons aériens.

Saint Épiphane, après avoir mentionné le Trésor, ajoute que Mani a associé à ce livre, celui qu’on appelle le Petit Trésor, Hæres., lxvi, 13. On a cru souvent que c'était là un simple résumé du Trésor. Il est fort possible qu’il s’agisse en réalité de deux écrits différents ; et de fait saint Cyrille de Jérusalem signale les Trésors au pluriel, parmi les ouvrages importants de Mani. Catech., xi, 22, P. G., t. xxxiii, col. 577.

6. La Farakmatija d’An-Nadim et de Birûni semble avoir été un traité de morale. Le titre lui-même doit être lu npayaaTstx, ce mot désignant précisément un livre ayant une partie pratique, et se trouvant employé par Photius à propos du livre des Géants qu’il nomme Y) tg>v YtyàvTwv npxyj.0L-z{ix. Selon Kessler, art. cit., p. 221. nous ne connaissons rien de cet ouvrage.

P. Alfaric, op. cit., p. 58-68, pense, au contraire, que