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florere cœpit in teutonica terra Manegoldus 'philosophas. divlnis et sœcularibm litterit ultra coeetaneot euot eruditas. Uxor quoque et filin : ejus religione florentes multam in Scripturis kabuere notifiant et discipuloi proprios filinejus preedietæ docebant. Si tard que l’on reporte, dans la période considérée, les débuts de Manegold en Alsace, on arrivera à cette conclusion [ne c’est vers 10(50 que ce personnage commençait a faire parler de lui : il faut qu’il ail eu au moins une vingtaine d’années. Cela mettrait sa naissance vers 10 10 ; s’il est l’auteur du traité de polémique contre les henriciens, comment peut-il se qualifier, en 1085, d’asiate immaiurus ? L’objection est sérieuse, et l’on ne peut la résoudre, pensons-nous, qu’en arguant du vague et parfois de l’inexactitude des données chronologiques de Richard de Cluny, pour rejeter son témoignage. Aussi bien la Chronique de Fleury, publiée parlJuChesne, Hist. Franc, script., t. iv, p. 89 C, réunit-elle sous le règne de Philippe I er (11(50-1108), Lunfrancus Cantuariorum episcopus, Guida Langobardus, Maingaudus teutonicus, Bruno Remensis qui postea vitam duxit heremiticam. Toutefois, même en prenant sous toutes réserves les renseignements de Richard de Cluny, il reste encore la difficulté de l'épithète d’immaturus que s’appliquerait un homme ayant déjà professé pendant un certain temps, s'étant acquis un renom de maître, ayant fait, somme toute, une assez brillante carrière. Cette objection faite par Giesebrecht à l’identification du Magister Manegoldus et du Manegoldus de Lutin bach ne nous semble donc pas entièrement résolue.

Quoi qu’il en soit de ce point, il reste secondaire au point de vue de l’histoire littéraire. L’Anonyme de Melk, en effet, n’attribue à l’auteur qu’il décrit que des ouvrages qui ont disparu : Hic textum Isaiæ prophétie paginalibus clausulis distinxit ; super Matthveum vero glossas continuas scribit. Scribit quoque. super Psalterium opus præstantissimum super lopazion et aurum obryzum speciosun. P. L., t. ccxiii, col. 982. Le travail sur les Psaumes mentionné en dernier lieu pourrait bien être le Monigaldi Teutonicorum doctoris glossarium super Psalt. secundum Augustinum, cui preemitlitur prologus valde prolixus, mentionné par Montfaucon dans le catalogue des mss. de la bibliothèque de Saint-Allyre de ClermontFerrand, Bibl. bibliothecarum, t. ii, p. 1264. n. 96, et dont on ne peut suivre la trace.

Pour ce qui est du moine de Lautenbach, il est certainement l’auteur de deux traités de polémique qui ont été publiés l’un et l’autre : le Liber contra Wolfelmum, dès le xviiie siècle, par Muratori, le Liber ad Gebehardum, beaucoup plus récemment par Kuno Francke, dans les Monum. Germ. hist., Libclli de lite, t. i, 1891, p. 308-430. Bien que l’on ait soutenu le contraire, ce dernier éditeur nous semble avoir démontré que le Liber ad Gebehardum a été composé le premier. Écrit en réponse au pamphlet de Wenric de Trêves contre Grégoire VII qui date de 1080-1081, il est antérieur à la mort de ce pape, lequel partout est supposé vivant. Sa composition se place donc entre 1081 et 1085 et plus près, sans doute, de la seconde date. Le Liber contra Wolfelmum a été rédigé après la mort de Grégoire VII, dont il est dit qu’il est maintenant dans la gloire : locum habilutionis gloriæ Dci adeplus. Mais, comme la finale de ce livre annonce que l’auteur va incessamment répondre au pamphlet de Wenric. il faut bien admettre que cette réponse (le Liber ad Gebehardum) n’a pas été publiée aussitôt après sa composition, mais gardée quelque temps en portefeuille pour des raisons diverses, et, on peut le supposer, par suite des troubles qui ont forcé Manegold à quitter l’Alsace pour se retirer à Raitenbuch.

Le Liber ad Gebehardum lait partie de cette immense littérature de combal.suscitée dans le dernier tiers du xie siècle par les initiatives de Grégoire VIL et dont K. Mfrbt a étudié les diverses manifestations : Die l’ublizistik im Zeitalter Gregors Vil, Leipzig, . 1894. — Thierry, évoque de Verdun (1047-1088), un des plus dévoués partisans de Henri IV, a fait composer, vers 1080, au moment où la lutte s’exaspère entre l’empereur et le pape, par un écolatre de Trêves, Wenric, un pamphlet très habile, dirigé contre Grégoire. Sous forme d’une lettre, courtoise d’apparence, adressée au pape, l’auteur expose les griefs des henriciens contre la personne et les actes du pontife. Ce libelle eut un retentissement considérable en Allemagne. A la demande de son prieur, Hermann, Manegold entreprit de le réfuter : ainsi fut composé le volumineux traité dédié par le moine de Lautenbach à Gebhard de Saizbourg, l’un des plus énergiques défenseurs de Grégoire NIL C’est un plaidoyer, d’une vigueur qui confine à la violence, en faveur du pape attaqué par les henriciens. Le plan est clair et, d’ailleurs, indiqué dans la préface même : Manegold défendra d’abord la personne de Grégoire indignement calomniée (c. viii-xvi) ; puis, ayant posé en principe le droit suprême du pape dans l'Église (c. vu), il discutera les mesures prises par Grégoire, contre la simonie, le nicolaïsme, et l’investiture laïque, et en montrera le bien-fondé (c. xvii-xxiv), renvoyant à la fin du traité la discussion d’une autre défense portée par le pape. Entre temps, il a justifié la poli-, tique du Saint-Siège à l'égard de l’Empire, le droit pour le pape de déposer l’empereur (c. xxv-xxx), l’opportunité de faire appel aux armes contre lesschismatiques (c. xxxi-xi.vi), de délier les sujets du serment de fidélité (c. xi.vn-i.). Une longue réfutation des principes henriciens sur l’investiture laïque, où sont examinées les raisons de droit et de fait apportéespar les partisans de l’empereur (c. li-lxvii), introduit la dissertation finale précédemment annoncée sur le droit du pape à interdire aux fidèles les offices desprêtres indignes (c. lxviii-lxxviii). — Ce plan auquel l’auteur reste à peu près fidèle est vigoureusement exécuté : les connaissances scripturaires, canoniques, , patristiques, historiques dont dispose Manegold sont judicieusement mises en œuvre. Quoi qu’en disent les critiques protestants, le ton, bien que très véhément, ne verse pas dans la trivialité ; peut-être devraiton lui reprocher néanmoins d'être trop continuellement tendu. L’auteur, de toute évidence, n’a cure des effets littéraires, et tout son art consiste à asséner aux adversaires une argumentation qu’il juge sansréplique.

Tout cela pourtant ne serait pas très neuf, si l’on ne découvrait dans ce traité quelque chose de tout à fait original : la discussion du droit divin des rois, auquel l’auteur oppose la théorie contractuelle du pouvoir (Voir surtout c. xxx, Quod rex non sit nomen naturæ, sed vocabulum officii, p. 365, 366). Loin d'être un droit héréditaire de disposer du peuple à son gré, la royauté est une fonction déléguée au souverain par la nation ; et cette fonction implique des devoirs avant de conférer des droits : Neque enim populus eum (se. regem) super se exaltât, ut liberam in se exercend.se. tyrannidis (acultatem concédât sed ut a tyrannide celerorum et improbitale defendat. Que si le pacte tacite qui lie la nation au souverain n’est pas respecté par celui-ci, il ne reste plus au peuple qu'à casser aux gages l’infidèle dépositaire du pouvoir : Ut enim de rébus vilioribus excmplum trahamus, si quis alicui digna mercede porcos suos pascendos commilteret. ipsumque postmodo eos non pascere sed furari, mactare et perdere cognosceret, nonne, » romissa mercede eliam sibi retenta, a porcis paserndis eum contumelia illurn