Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.2.djvu/207

Cette page n’a pas encore été corrigée
1819
1820
MANDÉENS, DOCTIUNE


Silil et Anos (.sans doute Abel, Seth, et EnOS). On les appelle Indifféremment les lils ou les pères de M*ndâ de Hajjê. Le plus célèbre des trois est Hlbil ou, d’une manière plus complète, Hibll Ziva ; ce dernier exerce la même action que Manda de Hajjê, avec lequel il est souvent confondu : si Manda est le Christ, Hibll est Jésus-Christ pour les mandéens. K. Kessler, loc. cit., p. 169.

De la Seconde vie émanent également des (ils, dont le dernier est la Troisième vie, llajja lelitliaja, appelé plus souvent Abatur, ce qui veut dire le père de l’Utra. Ses surnoms sont encore l’Ancien, le Veilleur ; et il est en quelque sorte l’intermédiaire entre l’au-delà et ['en-deçà. Il siège à la limite antérieure du monde de lumière, près de la grande porte qui conduit aux régions majeures et inférieures ; et il tient en sa main une balance avec laquelle il pèse les actions des créatures.

Au-dessous d' Abatur s'étendait à l’origine un vide immense et tout à l’ait en bas, dans les profondeurs, l’eau noire. Mais Abatur regarda en bas, et lorsque son image se réfléchit dans l’eau noire de l’abîme, naquit Petahil. Ce dernier est ainsi le fils d' Abatur ; et c’est le démiurge des mandéens. Petahil obtient en effet, de son père, la permission de créer la terre et les hommes. Cette création est racontée diversement suivant les sources. D’après Théodore BarKhôni, dans H. Pognon, op. cit., p. 154 sq., Petahil, après avoir reçu l’autorisation de créer, fait un travail qui déplaît à Abatur ; il est pris par ce dernier, et mis en prison jusqu'à la fin du monde, jusqu'à la résurrection des morts et au jour du jugement, jusqu'à ce que vienne le Messie et le salut.

En tout cas, Petahil crée le ciel et la terre ferme. Il crée également Adam et Eve, mais il ne peut les faire tenir droits parce qu’il leur manque l’esprit de vie. Hibil, Sitil et Anos obtiennent de la Première vie la permission de le lui communiquer, et ils l’insufllent en effet à l’homme, de sorte que celui-ci n’a pas le droit de regarder Petahil comme son véritable créateur. Hibil Ziva révèle à l’homme le dieu suprême qu’il doit désormais adorer ; il lui enseigne également le baptême, ou la purification par l’eau : tandis que Petahil qui a désormais perdu la puissance créatrice est relégué en dehors du monde lumineux, où Hibil Ziva l’introduira au dernier jour, après l’avoir baptisé. Ginza Dexl., p. 13, 14.

Le monde inférieur est décrit en détail dans le traité VIII du Ginza Dexl, édit. Peterniann, p. 133-173. Il se compose de 4 vestibules infernaux (Vorhôllen), et de 3 enfers proprement dits. A chacun des vestibules de l’enfer préside un couple, Zartaj et Zartanaj au premier, Hag et Mag au second ; Gaf et Gafan au troisième ; Anatan et Kin au quatrième. Le véritable royaume des ténèbres comprend trois étages : chacun d’eux a un vieux roi : Sedum, Giv et Krun ou Karkum sont les noms de ces monarques. Krun est le plus ancien et le plus puissant de tous. C’est dans cette région des ténèbres que descend un jour Hibil Ziva, armé de la force de Mana Rabba, et conduit par Raza Rabba. Après de longs séjours dans chacun des vestibules de l’enfer, où il manifeste sa puissance, il franchit en lin la porte de l’enfer proprement dit, et il parvient jusqu’au lieu ténébreux où réside Krun ; il oblige ce dernier à reconnaître la force supérieure du Roi de Lumière, Mana Rabba, et il lui enlève le profond mystère, le nom caché des ténèbres. Protégé désormais parce nom, il traverse de nouveau les sept domaines, il ravit leur force aux puissances qui régnent sur eux, et il ferme à jamais les portes des régions infernales.

Au-dessus des vestibules de l’enfer, est la demeure de Ruha, la puissante diablesse, fille de Kin, la sou veraine du quatrième vestibule. Kuha est ici encore l’Esprit créateur de la Genèse, transformé par les mandéens en une puissance mauvaise. Elle apparaît comme la mère de Ur, le plus redoutable de tous les démons, qui est le feu personnifié. Et tandis que Petahil est occupé à créer la terre et l’homme, nous voyons Ruha et son fils Ur donner naissance d’abord a sept, puis à douze, puis à cinq fils. Les sept premiers de ces enfants sont les sept planètes ; les douze suivants sont les douze signes du zodiaque ; les cinq derniers n’ont pas encore été identifiés. Le soleil est le Seigneur des esprits planétaires : c’est pour cela qu’il siège au milieu d’eux, au quatrième ciel. Destinées par le créateur à servir l’homme, les planites cherchent au contraire à l’entraîner au mal et elles sont la cause de tous les maux et de toutes les misères terrestres.

Le ciel.au dire des mandéens actuels, est formé de l’eau la plus pure et la plus claire ; mais il est en même temps si solide qu’aucun diamant ne peut le couper. Sur cette eau naviguent les planètes et les autres étoiles ; toutes sont des esprits mauvais et ténébreux, mais elle sont éclairées par les croix de lumière des anges. L'étoile polaire est le centre autour duquel se rangent toutes les étoiles : aussi est-ce vers elles que les mandéens se tournent pour la prière.

La terre est ronde. Elle est entourée sur trois de ses côtés d’une mer immense. Au nord se trouve une haute montagne, faite de turquoise brillante, dont l'éclat donne au ciel sa couleur bleue. Derrière cette montagne s'étend le monde bienheureux, espèce de paradis inférieur où se retrouvent les Égyptiens sauvés de la mer Rouge. Ces derniers sont regardés en effet comme les précurseurs des mandéens, et Pharaon est lui-même donné pour un grand prêtre mandéen.

L’homme comprend trois parties, le corps, l'âme animale (ruha) et l'âme céleste donnée par Mana Rabba.

On trouve dans le Livre des Rois, le dernier traité du Ginza Dext., éd. cit., p. 378-395, d’intéressants détails sur l’histoire. La durée totale de cette histoire terrestre est fixée à 480 000 ans. Elle se divise en sept périodes à chacune desquelles préside une planète. Jusqu'à Noé se sont déjà écoulées 466 000 années, et l’humanité a été trois fois anéantieà l’exception d’un seul couple par une épouvantable catastrophe. Mais ces malheurs n’empêchent pas les hommes de recevoir de faux prophètes. Le premier de ces prophètes est Abraham, qui vivait 6 000 ans après Noé, lorsque le Soleil présidait aux destinées de la terre ; aussi était-il un serviteur du Soleil, Adenaj. Ensuite vient Moyse, au temps de qui les Égyptiens étaient en possession de la religion véritable. Après lui paraît Schlimum (Salomon), fils de David, à qui obéissaient les démons. Le troisième faux prophète est Jischu Mesiha, Jésus-Christ, un enchanteur, qui vivait sous la domination de la planète Mercure. Quarante deux ans avant qu’il parût sous le règne du roi Pontius Pilatus, était venu le seul prophète véritable, Juhana bar Zekariha, nommé aussi Jahja. Le Messie vint un jour trouver Jean, qui se laissa tromper par lui, et le baptisa. Jean est en réalité une incarnation d’Hibil Ziva, qui avait déjà prêché la pénitence aux justes du temps de Noé. Après avoir rempli sa mission, Jean retourna, vêtu de lumière, dans le royaume de lumière. En même temps que le Messie et Jean-Baptiste existait Anos Uthra, le plus jeune frère d’Hibil Ziva, envoyé aussi du ciel sur la terre. Il se fit baptiser par Jean, opéra de nombreux miracles, guérit les malades et ressuscita les morts II dénonça le faux messie qu’il fit