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MANDÉE NS, Il ISTOIRE


découvrit en quelque sorte les mandera et In r » - t-i. »

au monde occidental. Il était alors missionnaire a Bassorah (Mésopotamie), et parmi 1rs habitants de la région du (liait et Arab, il fut tout donne de

rencontra 1 un certain nombre de baptises qui se

réclamaient de saint Jcan-Kiptiste. ou, tout au

moins, ræontaient de nombreuses légendes relatives au Précurseur. Bien vite, il lit connaître la doctrine

Cl les usages de ces uens dans un écrit intitule : <irratio originis ritiutni. et errorum Cliristianortim soncti loonnis. Cui odiungitur diseursus per modnm dialogi… auctore P. F. [gnatio a leso, eannelila disesJceato missionario… in Bassora Mesopotamlse, Romie. typ. Sacr. Congreg. Propag 1 idei. 1653, ln-16 de 192 p. Le P. Ignace s’Imaginait doue avoir trouvé

des chrétiens, parée qu’il avait en fæe de ha les adeptes d’une religion qui pratiquait le rite baptismal, et plus précisément des disciples de saint Jean, parer qu’il était souvent question du Baptiste dans leurs livres et dans leurs récits. Il estimait leur nombre

familles, chiffre probablement très

exagéré, et il pensait que leur doctrine était répandue non seulement dans la Bamr Bahylonh*, mata encore en l’erse et dans les Indes : il rattachait, en elTet. les chrétiens de saint JéSUi aux chrétiens do saint Thomas qui vivaient a Goa et a (rlan. (es derniers étaient en fait des nestoriens : il ne fut pas difficile de dénoncer sur ce point l’erreur du l'ère Ignace.

On eut bientôt en Europe de nouveaux renseignements sur ces soi-disant chrétiens de saint Jean, l.e maronite Abraham Eccbellensis en parla, sous le nom de Sab ; ei, dans un ouvrage iMtychius patriarcha Alexandrinus rindieatus. Home, 1660, part. Il : de origine nominis pap i, p. 310-336 ; puis le missionnaire Ange de saint Joseph put se procurer les manuscrits des livres sacrés des chrétiens de saint Jean et les envoya à Paris.

Les voyageurs complétèrent les données fournies par les missionnaires. Jean Thévenot, Voyage au Levant, Paris, 1664 ; Pietro délia N’allé, lirisebetehreibung, IVe part.. Genève, 1674 ; Chardin, Voyage en Perse, 168t> ; Kampfle. A mœnitates exotiese, Lem go. 1722, eurent tour à tour l’occasion de parler des chrétiens de saint Jean.

Au HJP siècle, deux savants qui avaient réside en Mrs.ipotamie achevèrent de faire connaître les mandéens. 1I.-.I. Petermann passa plusieurs mois, de janvier à mars 1864, a Suk-Esstjub sur l’Luphrate, au milieu d’eux, et il put faire d’intéressantes observations sur leurs croyances, leurs coutumes, leurs mœurs ; de ses recherches, il publia le résultat dans Keisen im Orient, t. ii, Leipzig, 1861, p. 82-137 : Il7-lt.. r). M. N. Sioufli, vice-consul de France à Mossoul. prolongea davantage encore ses études : ouvrage, Études sur la relu/ion des Soubbas ou Sabécns, leurs dogmes, leurs mœurs, Paris, 1880, est extrêmement important pour nous donner la connaissance des mandéens, tels qu’ils étaient, il y a une cinquantaine d’années. A ce moment déjà, leur nombre avait beaucoup diminué depuis le ue siècle. Il doit être aujourd’hui beaucoup plus restreint, si tant est que le mandaïsme fasse encore figure fie religion indépendante.

La persistance, pendant un si grand nombre de siècles, au milieu de toutes les vicissitudes qu’a connues la Mésopotamie, de la secte mandéenne n’en est pas moins un fait du plus haut intérêt pour l’histoire des religions, et spécialement pour l’histoire des anciennes hérésies auxquelles elle semble bien se rattacher.

Le nom de « Mandéens, sous lequel nous désignons plus habituellement les fidèles de cette secte, vient de l’araméen manda, connaissance ; il signifie donc

les imost iqnes ; et nous saxons par Théodore H. il Kh ni que les habitants de la Mesènc donnaient déjà ce litre a leurs ancêtres, tandis que les gens de Mot hrniaje les appelaient plutôt na/oreeiis, et que d’autni les connaissaient miiis les nom de Mas

kenajé ou de doslthécns ; c’est le dernier mol qu’adopte

Théodore lui-même pour les décrire. Théodore, SdtOlies. t. XI, edil. Pognon, op. cit., p. 154.

fous ces noms sont significatifs. Ce ! u ! de dosithéeni

rappelle un des ancêtres le plus souvent cil es par les

hérésiatogues de la gnose samaritaine, ('.clin de nasa

reens est peut-être la désignation primitive des élire liens, disciples de Jésus de Nazareth ; celui de niau

deens fait naturellement penser aux gnostlques des premiers siècles chrétiens et à leur prétention de

connaître seuls le secret du monde invisible, les mandéens eux mêmes portent dans le Ginza l’une ou l’autre de ces deux dernières dénominations, bien que le titre de nazaréens y soit le plus fréquent.

Très caractéristique également est le nom de

salions, sous lequel le Coran désigne les mandéens,

et les mentionne entre les juifs et les chrétiens, parmi les hommes du livre », qui ont une foi authentiquée par des I a-rit lires et qui, a ce litre, ne doivent pas être inquiétés, Coran, Sur. ii, f> !) ; v, 33 ; xxii, 17. Le terme de « Sabéens » signifie proprement baptiseurs ; il rappelle donc un des principaux rites de la secte. Il évoque le.souvenir des Es60ua(oi signalés par saint Épiphane, Jla-res, xi. comme une hérésie samaritaine antérieure au christianisme. Ceux-ci » s’identifient sans doute avec les hémérobaptistes, ou baptiseurs quotidiens, que divers autres auteurs surtout de langue grecque font aussi apparaître axant le Christ dans les régions voisines du Jourdain : ilegésippe dans husèbe, II. B., IV, 22, 5 ; Const. Apost., vi, (> ; Pseudo-Jcrômc, indic. Ilœrcs., Épiphane, I livres., xviii init., xi.x, : >, cf. Justin, Dialog., 50 ; et que la tradition talmudique mentionne également, en les qualifiant aussi de baptiseurs matinaux. Berachoth, xxun ; Tosephta ladaim. n. Ils doivent de même se confondre avec les masbothéens, qui sont signalés parfois avec les précédents, et dont le nom hébreu, dérivé de Isaba, veut dire encore baptiseurs : Hégésippe dans Eusèbe, II. L'., iv, 22, 5 ; Const. Apost., vi, (i ; Pseudo-Jérôme, Indic Hieres. (Marbonci !) ; Éphrem, Evangelii eoncordantis expositio, Venise, 187(i, p. 287 (Mazbulliazi). Ce sont toujours eux qu’il faut voir dans les moughtasilas, qui, d’après un historien, élaient installés vers l’an 200 en Mésopotamie, et dont l’appellation arabe offre le même sens. An Xadim, dans Fliigel, Mani, p. 83 et 132-135. Ces derniers, nous dit-on, se donnaient comme les disciples d’un certain Elchasaï. An Xadim, dans l-'lûgel, op. cit., p. 13 ; ', , 134. Ils apporte liaient donc au groupe des elchasaïles, dont déjà Ilippolyle expose les doctrines en les rattachant a un certain Soldai, personnage sans doute légendaire, ancêtre eponyme des sabéens, Philosoph., ix, -1, 13-17. P. Alfaric, Les Écritures manichéennes, t. i, Paris, 1918, p. 2, 3.

Nous sommes ainsi reportés aux tout premiers sièi les du christianisme, (t peut être même à l'époque préchrétienne, si les Xeo'/jaioi de saint Épiphane ont véritablement existé. On comprend dès lors l’intérêt que présente la doctrine des mandéens, puisqu’elle est, tout au moins par hypothèse, l’héritière des anciennes théories gnost iques, non plus limées dans les secs résumés des liéresiologues, mais développées selon les lois propres de leur évolution.

A vrai dire, il y aurait, avant loul, a faire la preuve de cette origine, et les débuts du luandaisme nous sont mal connus. Théodore Bar-Khoni rapporte à ce sujet le récit suivant : Ado était, dit-on, de l’Adiabène, et vint comme mendiant, avec sa famille, dans