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M Vl.l.BRA V m. Sï - Il mi PHILOSOPHIQl I

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e vue. Car l’existence nécessaire est renfermée dans la réalité objective iUcette Idée. On peut donc dire que nous voyons Dieu en quelque sorte dans l’idée mim* que nous arons de lui. En résumé, rien de fini ne pouvant représenter l’Infini, le seul f.iit que nous pensons à Dieu prouve qu’il existe Maie branche a donc repris a ion compte l’argument de saint Anselme devenu l’argument de Descartes : mais il l’a développé « l’une façon originale.

Ce Dieu, lient l’existence est certaine Jusqu'à l'évidence, il est l'Être Infiniment parfait. l’Etre sans res triction, eu mieux, comme le « lit l'Écriture dans la

seule définition valable que nous ayons de Dieu,

l' fifre tout court. Quant a ses attributs, Ils sont infinis comme lui-même. lit. iei. l’effort de Malebranche va tout entier a éliminer l’anthropomorphisme. En même temps, il met l’accent beaucoup moins sur les attributs moraux, comme la bonté et la miséricorde, que sur les attributs proprement métaphysiques, comme l 'indépendance et l’immutabilité.

2 L’etUPTt de Dieu Mais Mien n’est pas à COnsi

derer seulement en lui-même. Il est. en effet, sorti de lui en quelque sorte dans la production des créatures. terme de créatures a sous la plume de Male branehe la plénitude de sa signification. D’abord le

inonde ne provient pas de Dieu par une émanation -s.ùre. L’existence des êtres qui le composent est le résultat d’un libre décret de la volonté divine. Ensuite, l’Instant de la création ne passe pas. La conservation des êtres dans l’existence n’est de la part de Dieu que l’acte continué de leur création.

La netteté de la position prise par Malebranche, sur ee point eapital. vaut que nous nous y arrêtions un moment, fin effet, on l’a accusé de verser plus ou moins dans le panthéisme de Spinoza. C’est faux. A la OT, il ne suffit pas de parler de création pour échapper à tout panthéisme. Car les doctrines panthéistes maintiennent une distinction entre Dieu et le monde. Spinoza professera qu’il y a une Salure iv.ilurante et une nature raturée. Mais, l’essence du panthéisme consiste a établir entre Dieu et le monde un lien de nécessité et comme une situation d’interdépendance. Pour les panthéistes. Dieu ne peut pas ne pas produire le monde, et il ne peut pas le produire autre qu’il est. Rien de pareil chez Malebranche. Il affirme avec insistance le caractère contingent des êtres cr éé s. A cet égard, une remarque s’impose qui n’a pas été assez faite. Dépassant le point de vue de l’idéalisme purement problématique de Descartes, il a cru devoir recourir à l'Écriture sainte et à la Révélation pour donner à l’affirmation de la réalité matérielle des corps la consistance d’une certitude absolue. Pourquoi ? Uniquement parce que, selon lui, « il n’y a point de rapport nécessaire entre Dieu et le monde matériel et sensible », et parce que, en conséquence Dieu a pu ne pas créer un tel monde. « Si donc il l’a fait, c’est qu’il l’a voulu et voulu librement. » Péut-on proclamer plus hautement la contingence de l’univers viiure davantage le panthéisme ? Le gouvernement divin. VA maintenant, comment cet univers est-il gouverné? Comment l’action de Dieu s’exerce-t-elle sur les créatures ?

I.e gouvernement divin est fondé sur le principe de la simplicité et de l’uniformité des voies. On a beaucoup parlé de l’optimisme de Malebranche. Soit. Mais son régularisme prime tout. Tout est subordonné chez lui à une ordonnance aussi unilinéaire que possible. Il n’est optimiste que taloa regutariiate. Sans doute, parmi les différents mondes possibles, la sagesse divine a choisi pour le réaliser celui qui était le plus parfait. Mais entendons bien qu’il s’agit ici d’une perfection toute relative, de celle qui est compatible avec le jeu des lois les plus générales et les plus Invariables.

Dieu a éternellement aperçu ce qui résulterait de l’ap

pllcation « le « " « s lois dans les différentes hypothèses

idéalement concevables, El il s’est arrêté au plan qui

donnait les résultats les meilleurs avec les moyens lei plus simples.

Quant a l’action « le Dieu sur les créât lires, elle e.sl

conçue comme directe, totale et universelle. Car, dans le sens absolu du mot. Dieu seul est « anse. Pour Malebranche, une cause qui ignore comment elle produit

son effet n’est pas une véritable cause, la véritable

cause « îoit connaître et les moyens dont elle dispose

et les procèdes qu’elle « ni ploie pour a boni il a son effet.

Si j'étais la cause proprement dite du mouvement < ! « 

mon bras, je devrais nécessairement connaître la totalité des conditions organiques qui permettent a ce mouvement « le s’accomplir. Or, il n’en est point ainsi D’ailleurs, Malebranche multiplie les arguments les plus subtils et les plus contestables pour établir l’Impuissance des corps a agir sur les esprits, des esprits ; i agir sur les corps, « les corps à agir les uns sur les autres. .les esprits à agir les uns sur les autres. Ainsi toule action est en Dieu et par Dieu.

Mais aucune action n’est arbitraire. I.a série des

aitions. autrement « lit l’interaction universelle, est rigoureusement réglée. Elle est déterminée par les

rapports mutuels et apparents des créatures. Et tonl se passe comme si les créatures étaient réellement les causes des effets qu’elles sont censées produire. Mais il n’en est rien. C’est Dieu qui opère les effets à l’occasion des causes. Et, à une même cause, il rail toujours correspondre un même effet. L’Invariabilité et l’infaillibilité des consécutions sont assurées. Tout se passera donc comme si le monde était rempli de causes réelles. Les apparences sont sauves. Mais les faits réputés causes sont vidés de tout pouvoir efficient. Il n’y a partout « pie « les causes occasionnelles qui déclenchent un phénoménisme dont Dieu seul est l’auteur.

Malebranche part ainsi d’une donnée métaphysique qu’il regarde comme absolument certaine. VA cette donnée est la définition d’une essence qu’il a la prétention de percer a jour. L'étendue considérée comme la nature adéquate de la matière : voilà ce qu’on ren contre à l’origine de sa doctrine des causes occasionnelles. Car, l'étendue, c’est de l’inertie. E1 des corps inertes ne peuvent pas renfermer en eux le principe d’une activité autonome et d’une force transmissible.

Mais Malebranche a en tête un autre souci. C’est sa ferveur religieuse, c’est son théocentrisme avéré qui l’inclinent à déposséder les êtres créés de toute eau salité véritable. Il envisage la doctrine de l’efficacité des causes secondes comme un préjugé dangereux. Pourquoi certains peuples ont-ils adoré le soleil ? Parce qu’ils jugeaient qu’il était la cause des biens dont ils jouissaient. Pourquoi les Égyptiens ont-ils rendu un culte au Nil ? Parce qu’ils attribuaient à ses débordements périodiques la cause de la fertilité de leur pays. L’occasionalisme remet les créatures à leur place et coupe court à toute superstition, l.t c’est bien la force du sentiment religieux qui pousse le métaphysicien de l’Oratoire à concentrer en Dieu toute causalité. Entendons-le lui-même : « // n’y a qu’une vraie cause parce qu’il n’y a qu’un vrai Dieu. I.a nature ou la force de chaque chose n’est que la volonté de Dieu… l 'ne cause naturelle n’est donc point une cause réelle et véritable, mais seulement une cause occasionnelle, « I qui détermine l’Auteur de la nature à agir de telle et telle manière en telle et telle rencontre. »

Il fallait insister sur l’occasionalisme, qui est une des pièces principales du système. Voyons rapidement les autres éléments constitutifs « le la doctrine.

3° La théorie des inclinations et des passions prépare la morale. Elle se rattache à l’analyse de la volonté humaine qui est sujette a « les mouvements