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MALABARES (RITES), DERNIÈRES DII’I ICI LTÉS

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l’aise ; MgrBrigot, , le nouveau vicaire apostolique, finit par consulter la Propagande. Le cardinal AntonelH répondit le 9 avril 178 : ( : il distinguai ! entre les motifs qui guident les choutres (huis leur conduite envers les parias ; certains de ces motifs étaient condamnés par la bulle de lîenoîl XIV ; les autres ne l'étaient pas, niais étaient contraires à l’humilité chrétienne ; pour éviter toutefois de plus grands maux on tolérerait la séparation dans les églises ; mais » la SacréeCongrégation, disait le cardinal, en permettant poulie présent de tolérer la division, montre assez par cette réserve combien elle est loin d’approuver une distinction semblable et désire que… cet abus déplorable disparaisse entièrement ». Collectanea S. Cong. de P F., n. 1787, p. 734 ; cf. Jus pontificium, part. II, p. 372. La même lettre autorisait les missionnaires à porler des vêtements de couleur autre que le noir, qui choquait les païens, « pourvu toutefois qu’il n’y entre rien de contraire à la gravité et à la modestie de leur état, et qu’il n’y ait aucun danger de superstition apparente, ni aucune marque distinctive d’une fausse religion ». Collect., n. 318, p. 107. Ces prescriptions font encore loi aujourd’hui ; le blanc est resté la couleur des missionnaires de l’Inde, au moins à l’intérieur ; pendant quelque temps encore, les prêtres indigènes continueront à porter le costume des sanicçssgs ; on finira, au milieu du xix c siècle par renoncer à cet usage.

D’autres questions furent encore posées à Rome dans les années suivantes ; elles portaient sur le 'haly, les bains, les marques que les femmes se l’ont au front (potlou). La Propagande répondit le 15 février 1790 ; elle permettait l’onction des fds du thalij avec le safran ; autorisait les femmes, mariées ou non, à mettre le pottou, et prescrivait de s’en tenir pour les bains à ce qui était réglé par Grégoire XV. A ces réponses de détail la Congrégation joignait une directive générale de la plus grande sagesse : laisser courir un usage lorsque tous les missionnaires s’accordent à le regarder comme licite. Elle exprimait en même temps le désir que les missionnaires se concertassent avec leurs supérieurs et décidassent eux-mêmes de ce qui était licite ou ne l'était pas. Visiblement, on se rendait compte à Rome qu’il existait dans les missions assez de divergences d’opinions pour qu’on pût avoir confiance dans l’impartialité des décisions qui y seraient prises. Texte de la lettre dans Collect., n. 1789, p. 735.

2° Le dernier grand débat sur les rites au XIX e siècle. — Ces décisions pleines de sagesse réglèrent pendant toute la première moitié du xixe siècle l’attitude des missionnaires dans l’Inde. Ce n’est pas à dire que les scrupules aient jamais complètement cessé. Vers 1830, certains missionnaires se préoccupent encore des infractions à la bulle qu’ils croient remarquer dans les bains que prennent leurs chrétiens après avoir assisté à un enterrement, dans les signes sur le front qui persistent en bien des régions, mais surtout dans les fêtes qui se célèbrent toujours, même à Pondichéry, à l’occasion de la puberté des jeunes filles. Voir le détail dans Launay, op. cit., t. i, p. 302308. La question des parias reste toujours une question difficile. La pénétration dans les Indes, surtout dans les possessions européennes, des idées d'égalité civile et politique amène chez les parias une réelle impatience des vieilles règles qu’ils subissaient jusquelà sans trop récriminer. On les voit à Pondichéry, en 1831, réclamer une église pour eux, tandis que, par représailles, les choutres ne veulent plus recevoir les parias dans leur église. Launay, ibid.. p. 381 sq. Mais il ne semble pas que ces diverses questions aient donné lieu à des crises tant soit peu importantes.

Le synode réuni par Mgr Bonnand, à Pondichéry

en Janvier 1K1 I, fut l’occasion pour les missions des Indes d’un véritable examen de conscience. Le moment était Favorable. Réduit en étendue par te retour des jésuites au Maduré en 1837, le territoire cou lié aux Missions Etrangères avait pu recevoir un nombre plus considérable d’ouvriers tëvangéliques ; le nombre des chrétiens y avait beaucoup augmenté, et surtout la vie religieuse y avait gagné en profondeur. Le vicaire apostolique, dans l’enquête qu’il lit faire préalablement à la réunion du synode, demandait, entre autres : « Quels sont les points de la bulle de Benoît XIV, que l’on viole encore le plus ordinairement ? Quelles sont les gentilités que l’on pratique dans les différents districts ? » Chaque missionnaire devait s’informer, tant auprès des chrétiens que des gentils, de toutes les cérémonies qui se pratiquaient dans les mariages et les deuils, pour que l’on put voir ce qui était permis ou défendu. — Il ne semble pas que l’enquête ait révélé de graves abus, et parmi les questions posées a Rome après le synode, il en est une qui révèle assez bien la situation : « Est-il nécessaire, demandait-on, de proposer aux catéchumènes tous les articles de la bulle, ou suffit-il de leur proposer succinctement ceux qui les concernent et qui doivent les concerner dans la suite ? » C'était assez dire que l’on considérait qu’il n'était plus nécessaire de recourir aux précautions extraordinaires prévues par Benoît XIV. — En donnant son approbation aux décisions synodales, la Propagande répondit : « Afin de couper court à toute difficulté, et de prévenir toute opinion particulière, la Sacrée Congrégation veut que tous sachent avant tout que la constitution de Benoît XIV sur les rites malabares est obligatoire et qu’elle doit être constamment observée. Il faut en exposer, autant qu’il est nécessaire, les principaux points aux catéchumènes, qui promettent d’obéir à toutes ses prescriptions. » Texte du synode et de la réponse de Rome, en français, dans Launay, op. cit., t. il, p. 250 sq., en latin, dans Colle tio l.acensis, t. vi, p. 650 sq.

Sur la question des rites proprement dits, l’ensemble du synode se trouvait donc d’accord pour constater qu’elle avait beaucoup perdu de son acuité. Bien que l’on soit mal renseigné sur les débats eux-mêmes, il est certain que l’unanimité ne put se faire sur ce point. Des discussions, qui auraient dû rester secrètes, il transpira quelque chose dans la population indigène : « Bien des missionnaires, dit Mgr Bonnand, et surtout les nouveaux parlèrent aux séances et hors des séances de rapprocher les choutres des parias et puis de faire des prêtres même parias. Les Malabares, qui nous espionnaient, eurent connaissance de ces propos. Leur susceptibilité en fut alarmée. Nous fûmes aussitôt représentés comme voulant tout parianiser. Le synode n'était qu’au milieu de ses séances quand un des principaux chrétiens, au nom de tous, disait-il, réclama fortement et par écrit contre ce que nous faisions. » Le mécontentement alla si loin que les indigènes adressèrent à Borne des plaintes contre les missionnaires. « Les principaux chefs d’accusation sont : la tyrannie de l'évêque qui, au mépris de la coutume, a eu l’audace de changer l’ancienne disposition conservée pendant 160 ans, en donnant aux parias une porte d’entrée dans la rue des choutres : l’emploi du même ciboire pour toutes les castes : l’usage de la salive et de l’insufflation dans le baptême. Comparant l'état actuel avec l'état ancien, ils expriment de vifs regrets du départ des jésuites, qui, disaient-ils, regardaient les parias comme indignes de recevoir les sacrements, savaient se conformer aux usages des castes nobles, entre autres à celui de ne jamais approcher ou toucher les parias, comme gens exclus de la loi indienne (ce qu’ils méritent