Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.2.djvu/155

Cette page n’a pas encore été corrigée

171. r

    1. MALABAMKS (MITES)##


MALABAMKS (MITES), IMUKiKKS DES MISSIONS

1716

doit paraître avec le plus d’humilité, les personnes de condition vile et obscure, en prétendanl recevoir

à part les sacrements, entendre à part la parole de Dieu : viles et obscuros génère non despiciant, seorsum ah ris audiendo divina et sacramenta percipiendo. A ceux qui sont nourris du même pain spirituel, du même aliment eucharistique, qui doivent un jour être réunis dans le royaume des deux, donner îles places séparées, à cause du mépris que l’on aurait de la bassesse de leur condition, cela ne coiwirnt » as. texte dans Jus pontificium de propaganda flde, part. I, t. i, p. 15-17 ; Bertrand et le P. Dahmen ne donnent qu’un texte incomplet.

Ainsi Rome tolérait, jusqu'à plus ample informé, un certain nombre des pratiques incriminées : elle admettait jusqu'à un certain point les principes directeurs de Nobili, mais visiblement c'était ad duridam cordis. S'élevant au-dessus des contingences qui frappaient sur place les ouvriers évangéliques, elle attirait l’attention des missionnaires sur les dangers possibles de leur méthode. Sans doute (et les intéressés ne manqueront pas de le faire observer), il était facile de légiférer à Rome dans l’absolu ; sur place, apparaissaient plus aisément les multiples difficultés que produirait à échéance plus ou moins rapprochée la mise en pratique des décisions pontificales. Mais c’est précisément la fonction du Siège apostolique, et sa raison d'être, que de « dire le droit » en s’appuyant sur les principes, et quoi qu’il puisse résulter dans la pratique de la proclamation de la vérité.

5° Le slaln quo ; progrès considérable de la mission du Maduré. — 1. Mise en pratique de la bulle. — Il semble d’ailleurs, qu'à cette date de 1623, Nobili et ses premiers compagnons aient vu surtout dans le bulle de Grégoire XV l’approbation de leur manière de faire. Venant après une alerte assez chaude, les réelles concessions qu’elle contenait faisaient passer les quelques expressions de défiance à l'égard de la méthode adoptée. On ne saurait douter non plus que les missionnaires eux-mêmes et leurs supérieurs n’aient tenu la main à la mise en pratique de la lettre des prescriptions pontificales. C’est au moins ce qui résulte d’une constatation faite par Bertrand et qui mérite d'être signalée : « A partir de 1624, écrit-il, la mission change de face ; l’extension qu’elle prend, et les heureux fruits qu’elle produit sur les divers points réjouissent le cœur ; mais il reste au fond de cette joie un sentiment pénible ; on est tenté sans cesse de reporter ses regards vers cette ville de Maduré, vers cette caste des brahmes qui avait donné de si belles espérances. Ce fut, en effet, le coup le plus terrible porté à la mission par la question des rites. L'ébranlement général qui existait parmi les brahmes, en 1610 fut arrêté et ne put se rétablir dans la suite que très partiellement. » Bertrand, loc. cit., t. ii, p. 197. En d’autres termes, et si nous comprenons bien, l’application des ordres relatifs aux rites aurait été pour beaucoup dans l’arrêt du mouvement de conversion des brahmes. Nous verrons des allégations de même genre, mais beaucoup plus graves, portées par le même auteur après la condamnation définitive des rites par Benoît XIV ; nous les examinerons alors avec plus de détail. Faisons seulement remarquer que l'ébranlement général produit parmi les brahmes en 1610 est ici bien exagéré ; telle n’est point l’impression que laissent les lettres de Nobili publiées par Bertrand. Voir aussi les chiffres cités col. 1708. Les conversions de brahmes ont toujours été une exception, même avant la bulle de 1623. et s’il est vrai qu’un mouvement de curiosité ait porté l’orgueil brahme à prêter pendant quelque temps une certaine attention au pénitent européen (consi déré comme un prangui malgré toutes ses précautions !, il y avail fort loin de là à la conversion en masse de la caste brahme dont le missionnaire n’avait guère rêvé.

2. Xombreuses conversions - Ce qu’il faut rel> par ailleurs, c’est l’incontestable succès remporte dans les castes inférieures à celle des brahmes et loul spécialement parmi les choutres ; l’adaptation de Nobili et de ses premiers compagnons aux usages de l’Inde a été pour beaucoup dans ce très réel succès. On manque malheureusement de toute précision sur les chiffres d, es baptêmes d’adultes conférés à ce moment. Quand on lui parle de 100.000 conversions opérées par Nobili dans les vingt-cinq ans de son apostolat effectif, l’historien a le droit de demander des preuves, et ce chiffre est, de toute évidence, démesurément grossi. Quand Nobili fut, pour raison de santé, enlevé à sa mission, le Maduré ne comptait pas encore 4 000 fidèles. Les Lettres édifiantes, dont la rédaction commence au début du xviiie siècle, demanderaient, pour être acceptées en témoignage. de très sérieux recoupements. Les chiffres des conversions attribuées, par la renommée, au P. Bouchel. au P. Laynez, laissent fort sceptiques les missionnaires d’aujourd’hui. Ils sont d’autant plus surprenants que les ouvriers évangéliques, même aux plus beaux temps des missions de l’Inde méridionale, n’ont jamais été qu’en tout petit nombre, qu’ils n’ont jamais formé de clergé indigène, et que leurs seuls auxiliaires ont été des catéchistes sur les procédés desquels on aimerait à être plus au clair.

Ces remarques n’empêchent nullement de constater les progrès très certains faits par le christianisme dans le Maduré d’abord, puis dans les petits royaumes voisins du Maïssour, du Tanjore, finalement dans le Carnate. Les lettres de Nobili et plus tard les Lettres édifiantes laissent l’impression qu’il existe en ces pays des communautés chrétiennes dont quelques-unes sont assez nombreuses, dont beaucoup mènent une vie très édifiante, où la pratique intégrale du christianisme n’est pas du tout l’exception. Si, de-ci de-là, quelques difficultés s'élèvent causées par les brahmes païens, les pouvoirs publics, dans l’ensemble, ne se montrent pas hostiles et témoignent même parfois d’une réelle faveur. Bien que le mot de persécution revienne assez souvent dans les Lettres, il faudrait se garder de croire que la situation soit partout et toujours intolérable. Il y eut des martyrs, soit parmi les missionnaires jésuites (le plus connu est le bienheureux Jean de Brito, t 4 février 1693), soit parmi lés catéchistes et les chrétiens indigènes. Pour ces derniers, il y eut assez fréquemment des châtiments fort douloureux. Mais rien qui rappelle dans l’Hindoustan les sauvages persécutions qui, jusqu’au xixe siècle ont noyé dans le sang les chrétientés de l' Indo-Chine. — Les résultats obtenus font donc le plus grand honneur à l’initiative des missionnaires et à leur abnégation. Pour jouer au naturel le rôle de saniassy. il fallait aux ouvriers apostoliques une dose peu ordinaire d’esprit chrétien. Le genre de vie réclamé par la profession de pénitent brahme était extrêmement pénible pour des Européens ; l’esprit surnaturel l’a fait embrasser avec joie par des hommes qui se croyaient trop largement payés de leurs souffrances par la certitude qu’elles contribuaient à la diffusion de l'Évangile !

3. Êvangélisation des parias. - - Ainsi, peu à peu, le christianisme faisait dans le Maduré d’importantes conquêtes parmi les gens des castes. Un problème néanmoins allait bientôt se poser que Nobili eut encore le temps de résoudre. Sous peine de se disqualifier, un brahme ne peut avoir aucune relation avec