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MALABARES (RITES

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tés que la coulpe précédente avait désordonnées ; l’éloignement et la réparation du scandale causé, « les peines sont encore requises pour rétablir l’égalité de la justice et pour éloigner le scandale des autres, afin qu’ils soient édifiés par la peine comme ils avaient été scandalisés par la faute ».

Pour une exposition plus complète, voir articles :

PÉCHÉ, PÉNITENCE, SATISFACTION.

V. DÉCISIONS CANONIQUES QUI ONT FIXÉ LA DOC-TRINE, avant et après saint Thomas.

1° Signalons d’abord les symboles et les professions de foi qui affirment expressément la foi en Dieu, Créateur de toutes choses, des visibles et des invisibles : symboles de Nicée, de Constantinople, de Léon IX, Denzinger-Bannwart, n. 343 ; la profession de Michel Paléologue au concile de Lyon en 1274, n. 461 ; la profession de foi du concile de Trente, n. 994 ; la constitution De fide catholica du Concile du Vatican, ci : De Deo rerum omnium creatore, n. 1782, 1783, et le canon 1 correspondant, n. 1801.

2° Toutes les formules de symboles et les condamnations relatives au dualisme des deux principes. Le 9e des anathèmes annexés au Libcllus in modum symboli, Denziger-B., n. 29 ; les anathèmes 7e, 8e, 12e et 13° du concile de Braga contre les erreurs des priscillianistes, n. 237, 238, 242, 243 ; la profession de foi prescrite par Innocent III aux vaudois repentants, n. 421 ; le premier chapitre du IVe concile du Latran (1215), contre les albigeois et les vaudois, n. 428. « Ces diverses décisions établissent l’unité et la bonté de la cause créatrice de la nature spirituelle et corporelle, la création sans intermédiaire de l’une et de l’autre, la bonté naturelle originelle des anges, des âmes humaines, des choses corporelles et du démon lui-même, qui s’est rendu mauvais par sa faute. » Art. Bien, t. ii, col. 835, 836.

3° La bulle Cantate Domino (4 février 1441) pour les jacobites, où Eugène IV condamne les manichéens et leur doctrine des deux principes. Denziger-B. , n. 707. — Elle définit comme profession de foi de l’Église catholique : 1) que Dieu a créé toutes les créatures, spirituelles et corporelles, par pure bonté : qui quando voluit, bonitate sua, universas tam spirituales quam corporales condidit creaturas ; — - 2) que les créatures sont bonnes, étant l’œuvre du souverain Bien, bonus quidem, quia de nihilo factæ sunt ; mais déficientes, parce que tirées du néant, sed muta biles quia de nihilo factæ sunt ; — 3) que le mal n’a pas de nature, vu que toute nature, en tant que nature, est bonne, nullamque mali asserit esse naturam, quia omnis natura, in quantum natura est, bona est ; — 4) que le Dieu de l’Ancien Testament et celui du Nouveau sont un seul et même Dieu, auteur de la Loi et de l’Évangile, Unum atque eumdem Deum Veteris et Novi Testamenti, hoc est Legis et Prophetarum atque Evangelii projiteturauctorem. — Denziger1- annwart, n. 706.

VI. Conclusion.

En arrêtant cette étude à saint Thomas, nous ne voulons pas signifier que la pensée humaine soit restée, depuis lors, indifférente à la question du mal. Le problème qu’elle pose est trop angoissant pour qu’il soit possible de s’en désintéresser. La philosophie scolastique cependant, et la théologie catholique avec elle, ont cru trouver dans la synthèse thomiste un corps de doctrine suffisamment solide et complet et n’ont pas voulu s’en écarter. Les siècles qui ont suivi n’ont rien apporté qui mérite une mention particulière. Signalons simplement, en ces dernières années, quelques études d’ensemble sur le mal : J. de Bonniot, S. J., Le problème du mal, Paris 1888 ; Xavier Moisant, Le problème du mal, Paris, 1907 ; et, chez les protestants, E. N’avilie, Le problème du mal, Paris, 2e édit., 1869. — Ces auteurs se placent à un point de vue quelque peu différent du nôtre.

Quant aux philosophes étrangers à l’influence de l’École, il serait trop long d’indiquer tous ceux qui se sont essayés à la solution de l’énigme posée par la coexistence, dans le monde, du bien et du mal. L’étude de M. E. Lasbax, Le problème du mal, Paris, Alcan, 1919, donnera une vue d’ensemble des grands systèmes modernes et contemporains. L’on remarquera la conclusion à laquelle aboutit l’auteur ; l’origine qu’elle assigne au mal n’est pas très éloignée de celle que nous lui avons assignée nous-même à la suite de saint Augustin et de saint Thomas : « Ce n’est pas, écrit M. Lasbax, à une sorte de manichéisme déguisé que nous aboutissons, c’est-à-dire à une interprétation plus ou moins grossière du dualisme radical où les deux Principes, placés sur le même plan, auraient même degré de réalité. Des deux principes, un seul possède à proprement parler l’existence, puisqu’il est l’expression intégrale de la Vie, et que dès lors tout ce qui au monde possède de réalité ou d’être ne saurait procéder que de lui : l’autre consiste simplement en une volonté de haine et de mort, infini négatif si l’on veut, dans le sens où négatif implique un néant de vie, et par suite d’existence. Mais il ne saurait, par cela même, constituer en dehors des êtres créés, un Principe réel, effectivement réalisé en soi. » Qu’on ramène cette » volonté de haine et de mort » aux limites de la simple privation, et nous pourrons souscrire aux conclusions de M. E. Lasbax.

E. Masson.


MALABARES (Rites). — On désigne sous ce nom un ensemble de pratiques qui se sont introduites au cours du xviie siècle dans les missions catholiques du sud de l’Hindoustan. Propagées par de zélés missionnaires, ou tolérées par eux dans le très louable dessein d’ « accommoder » la vie chrétienne aux mœurs d’un pays tout différent des nôtres, ces pratiques n’ont pas tardé à éveiller des scrupules chez d’autres ouvriers évangéliques, et parmi ceux-là mêmes qui en usaient. Plusieurs d’entre elles n’étaient-elles pas entachées de superstition ? Dans les missions des débats s’élevèrent, où Borne dut bientôt intervenir. Une série de décisions pontificales parurent. Elles précisaient quels étaient parmi les rites malabares ceux qu’il fallait incontinent supprimer, ceux que l’on pouvait tolérer provisoirement, quitte à prendre des moyens efficaces pour les faire peu à peu disparaître, quitte surtout à lutter contre l’esprit qui les avait fait naître. La bulle de Benoît XIV, Omnium sollicitudinum, le dernier en date de ces actes pontificaux solennels, règle aujourd’hui encore la vie religieuse des missions de l’Inde, et son application n’a pas laissé de soulever, jusque dans la seconde moitié du xixe siècle, un certain nombre de controverses. — Par ce que l’on vient de dire, il est aisé de voir la parenté qui unit ces disputes, théoriques et pratiques, à celles qui furent soulevées autour des rites chinois. Voir t. ii, col. 2364 sq. Elles intéressent le théologien moraliste tout autant que l’historien ; on les exposera ici en suivant l’ordre chronologique et en marquant avec précision, au besoin à l’aide d’un bref commentaire, les décisions pontificales qui ont entendu les dirimer. Systématiquement, on évitera tout ce qui pourrait être polémique ; il n’y a aucun intérêt à enveminer à nouveau des querelles désormais éteintes. De l’histoire même on ne donnera que l’essentiel, ce qui est indispensable pour comprendre les documents pontificaux.


I. Le Père de Nobili et l’accommodation. Première intervention pontificale.
II. La querelle des