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LEGRAND — LEGROS (CHARLES-FRANÇOIS)


censeur royal, suspectant le piège, n’avait consenti à approuver le recueil qu’en y joignant des notes destinées à écarter les fausses conséquences que le parti de l’appel pourrait en tirer. Ces Notée regii censoris (les 4 dernières pages du volume) avaient été rédigées par M. Legrand de concert avec Riballier. Les Nouvelles ecclésiastiques, sans parler des notes, firent de grands éloges du Recueil de thèses comme très propre à justifier la doctrine des appelants sur la prédestination et la grâce efficace. Ce qui engagea AI. Riballier à prier M. Legrand de défendre les Notæ. Ce fut l’occasion de trois lettres in-8° parues en 1769 et 1770 sans nom de lieu. Lettres d’un docteur de la Faculté de théologie de Paris au censeur royal, auteur des notes ajoutées au Recueil de différentes thèses soutenues dans plusieurs universités et écoles catholiques. M. Legrand s’attache à montrer la différence qui sépare la doctrine des augustiniens de celle des appelants français. C’était avant tout que les premiers reconnaissaient la juste condamnation des erreurs de Jansénius et de Quesnel et subordonnaient leur opinion à ce principe fondamental, tandis que les appelants rejetaient les décrets apostoliques. Lorsque cent onze chanoines, curés ou vicaires dénoncèrent à l’évêque de Troyes l’abrégé de la Théologie morale de Collet (20 septembre 1784) comme favorable à la morale relâchée, M. Legrand composa une défense des Inititutiones theologicee de Collet contre le parti des appelants. Cet Examen de la Dénonciation etc., est resté inédit. Soit que Collet ait manifesté l’intention de défendre lui-même son œuvre, soit qu’il ait surgi alors un bon nombre de protestations en sa faveur, M. Legrand ne jugea pas opportun de livrer son travail au public.

Signalons encore parmi ses œuvres deux mémoires relatifs aux séminaires. Le premier fut rédigé pour l’évoque d’Agrie en Hongrie. François Rarkoczy avait écrit à M. de Beaumont, archevêque de Paris, pour le prier de lui faire connaître l’organisation des séminaires de France, au point de vue des études et de la discipline. M. Legrand fut chargé de la réponse. Il fit un long mémoire français qui fut traduit en latin par un professeur de l’Université. Il ne subsiste plus qu’une copie de cette traduction latine, conservée au séminaire Saint-Sulpice. Elle a été utilisée par M. A. Degert. dans son Histoire des séminaires français jusqu’à la Révolution, Paris, 1912, 2 vol.in-12. L’évêque d’Agrie, qui bientôt (1761) passa sur le siège de Gran (Strigonium), a-t-il cherché à faire l’application de ce plan d’éducation ? On ne sait. En tout cas le résultat de ses efforts aurait été annulé par les réformes de Joseph II qui, en 1780, dans la Hongrie, enleva aux évêques la direction des séminaires diocésains en établissant des séminaires généraux dont les professeurs étaient à la nomination royale. — En 1763, à la demande du comte d’Arco, M. Legrand rédigea une mte ou mémoire sur l’ordre et l’objet des études ecclésiastiques au séminaire Saint-Sulpice. Elle a été publiée par M. Méric dans son Histoire de M. Émerij, in-8°, Paris, 1885, t. i, p. 19-24.

Voir la biographie de M. Legrand dans la préface du traité De existentia Dei publié après la mort de l’auteur par M. Jean Montaigne ; L. Bertrand, Bibliothèque sulpicienne, Paris, 1900, 1. 1, p. 361-394.

E. Levf.sque.

LEGRAS Antoine (1680-1751) naquit à Paris en 1680 et entra à la congrégation de l’Oratoire qu’il abandonna bientôt. Il était très versé dans les questions d’érudition touchant l’Écriture et les Pères, et il fit paraître, sous le voile de l’anonyme, un grand nombre de traductions II mourut le Il mars 1751. Les ouvrages de Legras se rapportent surtout à la théologie positive ; on peut citer : Ouvrages des saints

Pères qui ont vécu du temps des apôtres, contenant la lettre de saint Barnabe, le Pasteur d’Hermas, les Lettres de saint Clément, de saint Ignace et de saint Polycarpe avec des notes, in-12, Paris, 1717. Les remarques qui accompagnent le texte sont pleines d’érudition, mais d’une érudition qui, de nos jours, serait en défaut sur bien des points. — Les livres apocryphes de l’Ancien et du Nouveau Testament, en latin et en français, avec des notes pour servir de suite à la Bible de M. de Sacy en 21 volumes, 2 vol. in-12, Paris, 1742. Ce travail se trouve déjà dans le t. iv de Le Alaistre de Sacy, qui avait publié la Bible en 4 vol. in-fol., 1717. Les deux volumes de Legras renferment les IIIe et IVe livres d’Esdras, les IIIe et IVe livres des Macchabées, l’Épître de saint Paul aux Laodicéens, l’Épître catholique de saint Barnabe, le Pasteur d’Hermas, les Épîtres de saint Clément, de saint Ignace et de saint Polycarpe et l’Épître à Diognète. Comme on le voit, une grande partie de cet écrit ne fait que reproduire l’ouvrage publié en 1717. — Êpître à Diognète… ouvrage du ie siècle, traduit de l’original grec, in-12, Paris, 1725. L’épître aurait été composée, d’après Legras, vers l’an 70. — - Apologie de M. Nicole, écrite par lui-même, sur le refus qu’il fit en 1679 de s’unir avec Arnauld. in-12, Amsterdam, 1734. Cet écrit fut édité par Legras.

— Les vies des grands capitaines grecs et romains de Cornélius Nepos, in-12, Paris, 1729.

Michaud, Biographie universelle, t. xxiii, p. 642-643 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xxx, col. 441-442 ; Quérard, La France littéraire, t. v, p. 10.

J. CA.RREYRE.

1. LEGROS Charles-François (1711-1790), naquit à Paris en 1711. La thèse qu’il soutint le 4 septembre 1737, en Sorbonne, fut condamnée par le Parlement, parce qu’il plaçait l’autorité ecclésiastique au-dessus de l’autorité civile. Il fut docteur le 2 juin 1739 et professeur au Collège de Navarre, puis principal de ce collège. Chanoine de la Sainte-Chapelle, il échangea ce canonicat contre la prévôté de Saint-Louis du Louvre en 1770 ; plus tard, il fut curé de Saint-Nicolas du Chardonnet, abbé de Saintvcheul au diocèse d’Amiens, et grand vicaire de Reims en 1760. En cette année, il fut député à l’Assemblée du clergé. Il lutta contre les théories sociales des philosophes et des économistes dont il put voir les premiers succès. Il mourut le 21 janvier 1790.

Tous les ouvrages de Charles Legros ont paru sous le pseudonyme de Solitaire. On peut citer : Analyse des ouvrages de J.-J. Rousseau de Genève et de M. Court de Gébelin, auteur du Monde primitif, in-8°, Genève et Paris, 1785 ; un peu plus tard, à la demande de quelques amis, il publia un Examen des systèmes de J.-J. Rousseau, et de M. Court de Gébelin, pour servir de suite ù l’Analyse de leurs ouvrages, in-8°, Genève, et Paris. 1786. Dans ces deux écrits, Legros examine en détail les 9 volumes de Gébelin et les deux discours de Rousseau à Dijon en 1750 et 1754, sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes et son Emile. Legros discute les théories de ces deux auteurs sur « la route du bonheur et la perfectibilité de l’espèce humaine ». — Analyse de l’antiquité dévoilée, du despotisme oriental et du christianisme dévoilé, œuvres posthumes de Boullanger, in-8°, Genève et Paris, 1788. Ces ouvrages dont Legros fait une longue analyse sont en partie, l’œuvre du baron d’Holbach, et, d’après Legros, ne sont que des hypothèses gratuites qui attribuent au déluge et au déluge seul tout le mal qui existe dans le monde « tant en religion qu’en politique et en morale ». — Analyse et examen du système des philosophes économistes, in-8°, Genève et Paris, 1787 ; Legros critique en détail le fondement de ces systèmes qui est le besoin physique, créateur de l’ordre social. — ZJ.r i : /ifn du système politique de M. de Xecker ; Mémoire