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LEFÈVRE D’ÉTAPLES. IDÉES THÉOLOGIQUES


le dompter par la faim, la soif, l’abstinence, le fatiguer par des pèlerinages, ce n’est pas à proprement parler faire pénitence mais donner des signes extérieurs de pénitence. » In Ep. ad Hebrseos., vi, 6, § 22 examinatio. En conclura-t-on que l’on doit mépriser ces mortifications volontaires ? Non, dit Lefèvre : « Alors ces macérations de la chair, les jeûnes, les veilles, la nudité, la pauvreté, il ne faut point les estimer ? A Dieu ne plaise I quand il le faut, il est nécessaire de les appliquer à la chair et à coups redoublés, de même qu’on donne de l’éperon au cheval récalcitrant… Et même quand la chair n’est point rebelle, je ne contesterai pas qu’il y ait avantage à les employer. L’Apôtre châtiait son corps par ces moyens, voulant en tout se conformer au Christ, pour n’être pas exclu de sa compagnie. Toutefois ce n’est pas dans ces mortifications qu’il plaçait l’essentiel de son salut, mais dans la grâce du Christ… Et toi tu diras : Je suis pécheur, je porte le cilice, je jeûne, je fais abstinence, je reçois la discipline, je prie, je répands d’abondantes larmes, je me roule dans la poussière pour que Dieu ait pitié de moi, Tu fais bien. Mais tu feras mieux encore quand, accomplissant tout cela, tu ne te regarderas plus toi-même, ni tes œuvres, mais Dieu seul. » In Epist. ad Coloss., ni, 5, § 13. Et voici un texte du Commentaire sur les Évangiles : « Si par un péché mortel l’on a offensé Dieu, bien que Dieu puisse accorder le pardon à la prière, en ces cas néanmoins la prière, à mon avis, ne suffit pas ; il faut y joindre l’expiation selon l’ordonnance de l’Église, qui est l’ordonnance même de Dieu, je veux dire l’ordonnance de l’Église qui a institué pour cela le sacrement de la réconciliation et les autres moyens symboliques de justification, alias sumbolicas jusiiflcationes. » In Matth., vi, 12, § 53. Sur l’institution divine de la confession, voir plus loin, col. 1 13. Pas plus que les œuvres de pénitence Lefèvre n’attaque les institutions monastiques en tant que telles. A l’occasion il dira son mot, avec sa modération coutumière, contre les abus qui s’y peuvent glisser. Ce qu’il critique par-dessus tout, c’est l’esprit de corps exagéré, qui amène entre les « religions » des rivalités parfois bien regrettables ; ce contre quoi il s’élève, c’est l’orgueil monastique si prompt à mépriser les séculiers de tout ordre. De ces critiques dont V Imitation de Jésus-Christ offrirait plus d’un exemple, il ne faudrait pas conclure qu’il repousse les vœux de religion. Le célibat, il le dit hautement, est plus parfait que le mariage « et il faut le préférer à celui-ci, aussi bien à cause de la plus grande purclé qu’il donne, que de la plus grande liberté d’esprit qu’il laisse. » In I Cor., vii, 25 sq., § 48 sq. ; mais. < -oniine le dil saint Paul, tous ne sont pas capables fie sui vrecr conseil. Discrètement Lefèvre ajoute que le fait pour l’Église d’imposer le célibat à certaines catégories de personnes n’a pas été sans inconvénient. Voir In / Tim..]u, 2, $ 12 : Apostolicum nujiliarum rilum relinuerunt Cr : rri neque mutare voluerunt ; agamlam acceptaverunt alise Ecclesits, unde plurimi prr detrriorem incontinentiam lapsi in pediccu inridrrunt dlaboli.

Le second point d’importance capitale où Luther ait

Insisté, C’esl la doctrine de la grâce, On sait avec quelle violence il a exagéré et pousse aux extrêmes les M augusliniennes sur la chute originelle, la dérhcaiit < du libre arbitre, la répartition de la grâce, la prédesl ina tion. Sur ions ces points si caractéristiques, Lefèvre en reste aux solutions moyennes que la réflexion théologique avait fail prévaloir, (/esl a peine si le |

Dentaire de Rom., v, 12 sq effleure la doctrine du péché originel ; el la concupiscence, dont l’exégète parle

a propos de Rom., vu. 1 I, (j.">X. n’a rien de comparable à celle « pie décrit lui lier. Mien ne ant ici la transeï |p tion du lai m : Xon ilaqur si qui » rr viro ri mulirrr sit

eoncepluë, » rntimis fit ut addlctui tti peccato, ut carnem I

habeat peccali sed quos benedictio aut omnino non preevenit aut non sanavit. Ut cerie fllii leprosi cum lepra concipiuntur et nascuntur sed potentiali, quæ se suo tempore manifestât et fit actualis, sic omnes fllii Adam cum peccato carnis et concipiuntur et nascuntur, NOU actuali sed potes ri au, quod suo tempore suas vires in corpore promit et multipliées concupiscentias contra spiritum suscitât. Omnes dico fllii Adam, quos benedictio et gratia aut omnino non prævenil aut non sanavit. Pour ce qui est du libre arbitre, le péché d’origine ne l’a pas supprimé. La grâce, pour nous porter au bien, exige notre libre consentement. Et c’est avec le même optimisme dont nous avons déjà eu maintes preuves que Lefèvre interprète le redoutable texte de saint Paul : Ergo cujus vult miscretur et quem vult indurat. Rom., ix, 18 ; voir § 82 du commentaire. A plus forte raison explique-t-il le plus largement du monde le mot de l’apôtre : Deus vult omnes homines salvos fieri, I. Tim., il, 4. cf. § 8 du commentaire.

Non moins caractéristique est l’attitude qu’adopte Lefèvre à l’égard du dogme du purgatoire. Non seulement il ne songe point à le contester, mais il prétend reviser les preuves sur lesquelles les théologiens l’établissent. Avec l’obsession qu’il a de ne rien avancer qui ne puisse se fonder sur l’Écriture, il en vient à découvrir dans l’Évangile même des textes qui prouvent le dogme traditionnel. C’est ainsi qu’il interprète du purgatoire le reus erit gehennse ignis de Matth., v, 23, § 33, et le crucior in hac flamma, de la parabole du mauvais riche, Luc, xvi, 24, § 141. Ce dernier développement serait à étudier dans le détail pour qui voudrait se rendre un compte exact des idées de Lefèvre sur l’eschatologie.

Enfin, pour ce qui regarde la doctrine des sacrements, on ne voit nulle part que Lefèvre s’élève contre les enseignements traditionnels. Tout au plus pourrait-on dire qu’en cette matière il prend une plus grande liberté avec les thèses théologiques qui, sur bien des points d’ailleurs, étaient moins rigides qu’aujourd’hui. Il ne faut jamais oublier que c’est la Réforme, qui a forcé la dogmatique chrétienne à préciser en choses sacramentelles, bien des concepts qui étaient demeurés quelque peu flous. Nulle part Lefèvre ne s’exprime sur le nombre des sacrements, et cela n’a rien d’extraordinaire chez un commentateur de la sainte Écriture. Sur leur efficacité voici, ce me semble. ce que l’on pourrait trouver chez lui de plus compromettant. C’est le passage relatif au texte de Jac. v, 14, sur l’onction des infirmes. (On voudra bien se rappeler que le Commentaire sur les Épilres catholiques est de 1525, sinon de 1526). « L’apôtre nous dit ici ce qu’il faut faire pour ceux qui sont atteint s de maladies corporelles, que l’on fasse venir les presbyties, c’esl à-dire les anciens de l’Église, qui prieront pour le malade, el qui d’abord le consoleront et l’adouciront par l’huile spirituelle, c’esl à-dire par la miséricorde de Dieu. L’apôtre ne leur interdit pas non plus d’employer l’huile matérielle comme signe de l’onction

spirituelle sur ceux qui ont confiance en la miséricorde

de Dieu. Mien plus, il les encourage à le faire, en suivant le vieux rite apostolique, dont il est question dans l’évangile. les apôtres prêchant la pénitence, est-il

éeril. chassaient les dénions, et Oignaient d’huile les

malades, qui en étaient guéris i i cela, Je le pense, arrivait encore en ce temps (de Jacques), où demeuraient la ferveur de la fol et la dévotion de l’esprit : des

guéri 80ns se produisaient… Aujourd’hui, hélas, les

malades nous montrent quelle est la faiblesse de leur

est le plus tard possible, quand ce n’est pas trop

laid, qu’ils appellent les anciens de ri glise, seniores tt i h tige, pOUl I onselller et consoler leur Ame, pour l’affermir contre les attaques du malin… Quund l’étal Mt d. espéré, A la plat a des anciens de l’Église, que