Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée

131

LEFÈVRE

LEFÈVR E D’ÉTAPLl 132

bourg, in-4°, s. 1., 1674, suivit de près le premier. Les deux Entretiens furent réimprimés à Cologne, en 1083, et, plus tard, il y eut une nouvelle édition, augmentée d’un Avertissement et d’une Lettre apologétique. — Animadversions sur l’histoire ecclésiastique du J’. Noël Alexandre dominicain, in-8°, s. 1. s. d. (1680), où l’auteur attaque très vivement l’historien. Le premier volume fut saisi et supprimé ; deux exemplaires seuls échappèrent à la police, au dire de Barbier.

Lefèvre se lança également dans la polémique antiprotestante : Motifs invincibles pour convaincre ceux de la religion prétendue réformée, où l’on traite en détail les principales questions de controverses, in-12, Paris, 1682. Lefèvre s’inspirait de Bossuet et voulait donner un complément à l’Exposition de In foi catholique ; il prétendait que, pour les réformés, l’inamissibilité de la justice n’était qu’une opinion et non point une thèse admise comme certaine. Or Arnauld, dans le Renversement de la morale de Jésus-Christ par les calvinistes, avait soutenu la thèse opposée ; aussi il répondit à Lefèvre par Le calvinisme convaincu de nouveau de dogmes impies ou La justification du livre du Renversement de la morale par plusieurs erreurs des calvinistes contre ce qu’ont écrit M. Le Fèvre dans ses Motifs invincibles et M. Le Blanc dans ses thèses, in-12, Cologne, 1682, et Œuvres d’Arnauld, t. xv, n. ix. Lefèvre répondit dans une Réplique à M. Arnauld pour la défense du livre des Motifs invincibles, contre son livre du Renversement de la morale et celui du calvinisme convaincu de nouveau, in-12, Lille, 1685. Lefèvre engagea ensuite une discussion avec un ministre protestant et il en raconta les détails dans une Nouvelle conférence avec un ministre de la religion prétendue réformée, sur les réponses des ministres à l’Avertissement pastoral du clergé de France à ceux de cette religion où l’on fait voir la variation et l’erreur des protestants touchant les causes qu’ils produisent pour colorer cette séparation, in-12, Paris, 1685. Dans cet écrit, dédié à M. de Harlay, archevêque de Paris, Lefèvre attribue à ce prélat l’Avertissement pastoral et parle des conversions de plusieurs ministres ; pour favoriser ces conversions, il publia des Instructions pour confirmer les nouveaux convertis dans la foi de l’Église, in-12, Paris, 1686, où il expose les principaux points du dogme catholique sur l’Église, la grâce et les sacrements. — Pour compléter cette œuvre, Lefèvre raconte les phases de la controverse dans le Recueil de tout ce qui s’est fait pour et contre les protestants, principalement en France, in-12, Paris, 1686. Afin de montrer l’accord réel qui existe entre certains passages de l’Écriture où quelques-uns ont voulu voir des contradictions, Lefèvre réédita, en le corrigeant et l’augmentant, l’ouvrage du P. Dominique Magri, de l’Oratoire, et il lui donna pour titre : ’AvTtXoyîai. seu Conlradictiones apparentes S. Scripturse, in breviorem methodum olim collectas a P. Dominico Magrio Melitensi, theologo congre gationis Oratorii, nunc vero dimidia parle auctiores et corrections prodeunt, in-12, Paris, 1685. Cet écrit était encore dédié à M. de Harlay qui, d’après Moréri, confia à Lefèvre le soin de rédiger son Mandement sur la condamnation des livres contenus dans le catalogue joint audit mandement.

Quelques années plus tard, Lefèvre, intervint dans la question des Rites chinois et il prit la défense de la censure portée par la Sorbonne contre les Mémoires sur les Chinois du P. Lecomte, jésuite. Ce fut l’objet de six Lettres d’un docteur sur ce qui s’est passé dans les assemblées de la Faculté de Théologie de Paris, in-12, Cologne, 1700. Le P. Lallement, S. J., défendit son confrère dans le Journal historique des assemblées tenues en Sorbonne, mais Lefèvre publia une septième Lettre qu’on appela Anti-journal historique des assemblées tenues en Sorbonne, in-12, Liège, 1701.

Enfin Lefèvre publia les Pensées d’un théologien sur le parti proposé par quelque » magistrats de recevoir la déclaration du roi avec des modifications au sujet de la bulle c. /(ik.i 7 -.squ’il déclare inacceptable, même avec des modifications, car l’appel a été interjeté à l’Église universelle, et la puissance temporelle, n’a aucune compétence en matière spirituelle. Lefèvre coopéra aussi à la composition des Ilexaples ou les six colonnes sur la constitution UNI08BITV8, ouvrage composé en favcur-du P. Quesnel, in-4°, Amsterdam, 1714 ; 2e édit., in-8°, s. 1., 1715.

Michaud, Bibliographie universelle, t. xxiii, p. 588 ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xxx, col. 344-345 ; Quérard, La France littéraire, t. v, p. 7’J ; Moréri, Le grand dictionnaire historique, t. v, p. 140-141, et Suppléaient, t. i, p. 644 (art. Fèvre) ; Lebreton, Biographie normande, t. ii, p. 457 ; Oursel, Nouvelle biographie normande, t. H, p. 99 ; Urbain et Levesque, Correspondance de Bossuet, t. ii, p. 423424 ; Féret, La Faculté de Théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres, Époque moderne, t. vii, 1910, p. 21-28.

J. Carrf.vki :.

2. LEFÈVRE D’ÉTAPLES Jacques (Jacobus Faber Stapuiensis), humaniste et écrivain ecclésiastique français (1450 ? — 1536).

Bien que cet auteur soit surtout connu pour ses commentaires bibliques, il mérite une place dans ce dictionnaire. Écrire son histoire c’est rédiger un des chapitres importants de l’histoire de la théologie, au xvi c siècle. Représentant le plus en vue en même temps qu’Érasme, avant lui peut-être, du premier humanisme chrétien, Lefèvre a exercé, non pas seulement en France, mais au delà des frontières, une influence qui s’ajoute à celle de l’auteur des Colloques. Comme celui-ci, il a jeté dans la circulation nombre d’idées nouvelles, qui tranchaient avec les habitudes de pensée traditionnelles. Ces innovations lui ont valu, comme à Érasme, le renom d’avoir été, au moins dans notre pays, le précurseur de la Réforme. Et comme il s’est trouvé que plusieurs des disciples de Lefèvre sont finalement passés au protestantisme, on comprend que, dès les origines, le nom de notre auteur ait été mêlé à l’histoire de la Réforme en France. Bien des écrivains ont fait de lui, sans plus amples explications, le premier des protestants français ; seuls, ajoutent-ils, sa timidité naturelle, son grand âge, les circonstances qui ont entouré ses dernières années, l’ont empêché de rompre ouvertement avec l’Église romaine, dont il était, en fait, séparé depuis longtemps. Dans le même sens ont abondé protestants et catholiques ; et pour ces derniers ils avaient d’illustres devanciers en la personne des docteurs de Sorbonne qui furent les implacables adversaires deLefèvre. Il convient de n’accepter ces jugements que sous bénéfice d’inventaire, et il y a lieu, sans doute, de remettre à sa vraie place Lefèvre d’Étaples comme on a fini par y remettre Érasme. Réformiste il le fut. mais non pas réformé ; évangéliste il le fut, mais non pas luthérien. Homme de juste milieu, il a essayé d’abord de faire prédominer de sages maximes que tout catholique pouvait accepter et que ne pouvaient rejeter les plus modérés d’entre les réformateurs. Mais dans l’effroyable confusion des choses qui suivit la première explosion du luthéranisme, les hommes de juste milieu pouvaient-ils encore se faire entendre ? Finalement débordé par le mouvement qu’il a contribué à créer mais qu’il fut incapable de diriger, Lefèvre finira dans l’isolement, presque dans l’abandon, rejeté par les uns, dépassé par les autres, suspect à tous. Il n’en demeure pas moins une des figures les plus intéressantes et les plus sympathiques des premiers temps de l’humanisme français. Au lieu d’adopter ici la division classique, vie, œuvres, doctrines, on s’attachera à suivre les différentes étapes de sa longue carrière, renvoyant à la bibliographie les détails