Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/577

Cette page n’a pas encore été corrigée
1139
1140
LULLE. LE SOUVENIR DE RAYMOND LULLE


0. F. M., obispo de Vich, dans Archive) Ibero-Arr.ericano, Madrid, 1923, t. xx, p. 321-335. Néanmoins, avec toute la scolastique.le lullisme tombe devant le philosophisme.

3° La lie naissance, lullisle. - L’idée régionalistc, si puissante à la fin du xix c siècle en Europe, devait ramener les esprits à R. Lulle et provoquer une renaissance. Trois noms sont attachés à ce mouvement : G. Hossellô, M. Menéndez y Pelayo, M. Obrador. J. Alcover, El lulismo en Mallorca desde mediades del siglo XIX, dans B. A. L., 1915, p. 343-349. L’œuvre fut aidée aussi lors des fêtes du 6e centenaire du collège de.Miramar (1877) et depuis par la munificence de Louis Salvador, archiduc d’Autriche t 1915. P. Bonet, El archiduque de Austria, L. Salvador, dans B. A. L., 1916, p. 103-119. Évêques et prêtres brillent au premier rang, avec Mgr Maura, d’Orihuela, Mgr Miralles y Sbert, de Lérida, et MM. Gelabert, Costa y Llobera et J. Avinyo. SalvadorBové, chanoine d’Urgel, s’est employé surtout à proposer R. Lulle comme le philosophe national de la Catalogne. En même temps, les membres de la Comisio editora de Palma et de l’Institut d’Estudis Catalans, reprenant l’idée de V"adding, ont assumé la tâche d’éditer critiquement les œuvres de R. Lulle et d’en fixer le catalogue, entreprise qui a obtenu jusqu’ici d’excellents résultats. Récemment, le 6e centenaire de la mort du bienheureux a donné lieu (1915) à d’imposantes manifestations,

A. Alcover, Cronica del VI centenari de la mort del

B. R. Lull, dans B. A. L., 1915, p. 378-388, et plus encore à un nombre considérable de publications d’un réel mérite scientifique. R. d’Alôs, dans l’Anuari de l’Institut d’Estudis Catalans, 1915-1920, t. vi, p. 880882, et A. de Palma, O. M. C, El lulismo en Cataluna, dans Estudios franciscanos, Barcelone, 1919, t. xxiii, p. 20-25.

C’est avec des sentiments de haute sympathie qu’il convient de saluer ce mouvement d’études critiques, doctrinales et littéraires qui rendra à R. Lulle la place honorable qui lui est due dans l’histoire de l’apologétique, de la controverse, de la poésie et de la mystique. Qu’il y ait, en effet, dans son œuvre doctrinale une part d’éléments caducs, des pièces empruntées, des expressions plus ou moins heureuses, c’est la loi de tout système, surtout s’il vise à l’action populaire et non à la théorie. Qu’aujourd’hui surtout les constructions graphiques et syllogistiques du grand Art, sinon les principes métaphysiques qui les soutiennent, soient périmées et ne supportent plus guère la lecture, personne, semble-t-il, ne le contestera, une fois reconnue l’intention généreuse d’atteindre ainsi les Arabes qui inspira sans conteste cet effort. Mais ces déficiences admises, il n’en demeure pas moins que la personnalité scientifique et religieuse de R. Lulle se détache dans un relief saisissant. L’augustinisme médiéval était une construction métaphysique et mystique, élaborée dans les universités et les cloîtres. R. Lulle, influencé probablement par R. Bacon, l’organisa en système apologétique. C’est là, non ailleurs, qu’est sa principale signification doctrinale. Avec cet instrument de conquête apostolique et la connaissance de l’arabe et des théologies orientales, le bienheureux, sans condamner l’effort des armées chrétiennes, reprit essentiellement l’idée de la croisade pacifique « par la prédication et le seul sang des bienheureux martyrs », Disputatio Raymundi et Hamar sarraceni, t. iv, p. 12, inaugurée par François d’Assise à Damiette. Pendant plus de quarante ans, il se posa devant la conscience chrétienne comme le procurateur des Infidèles que tourmentait « l’appétition du Verbe Incarné ». Involontairement, comme l’observait R. Speer, Some great leaders in the world movement, (The Cote Lectures, 1911), extraits dans Quadems

d’Estudis, Barcelone, 1910, t. ri, p. 201-214, son effort pour faire pénétrer le Christ dans le monde de l’Islam, ses voyages perpétuels, sa prison à Bougie, sa dernière odyssée à Tunis à l’âge dequatrevingts ans, rappellent, dans une notable mesure, les deux grands conquérants spirituels de l’Eglise : saint Paul en face du monde gréco-romain et saint François-Xavier aux portes de la Chine. Ajoutez à cela que sa poésie religieuse et sa métaphysique contemplative disputent la palme à saint Bonaventure et sont à l’aurore de l’invasion mystique qui s’achève en Espagne avec sainte Thérèse, que le Llibre de Sancla Maria n’est pas indigne de saint Bernard, que le Llibre de Conlemplacio est un des trois ou quatre monuments de la littérature catholique au xine siècle, voilà bien assez de titres, entre plusieurs autres, pour que la paix se fasse autour de son nom dans un travail fécond, et que l’histoire, longtemps injuste et mal informée, reconnaisse dans le bienheureux R. Lulle l’une des belles figures de l’épopée missionnaire, doctrinale et mystique que firent éclore l’augustinisme médiéval et l’influence de François d’Assise.

Sources générales.

Wadding, Annales ord. Minorunr

ad an. 1275, n. 9-12 ; 1287, n. 2-3 ; 1312, n. 8 ; 1315, n. 2-20 ; Marcellin da Civezza, O. F. M., Storia universale délie missioni franciscane, Rome, 1858, t. il, p. 575-599 ; Hartmann » dans Kirchenlexikon, t. x, 1897, p. 747-753 ; Ueberwegs-Baumgartner, Grimdriss der Geschichte der Philosophie* Berlin, 1915, IIe partie, p. 528-536, et 185*-186* ; R. Streit O. M. I., Bibliotheca missionum, Munster, 1916, t. i, p. 255259 ; 372-377 ; Zôckler, R. Lullus, dans Protestantischc Realencyklopadie, t. xi, 1902, p. 706-716 ; U. Chevalier, Répertoire des sources historiques du Moyen Age, Paris, 1907, t. ii, col. 3891-3893.

Vie et physionomie.

A. Blanch, Vida del B. R. Lull

martir i doctor, Barcelone, 1907 ; S. Galmès, Vida compendiosa del B. R. Lull, Majorque, 1915 ; M. Gelabert, Gustaie et videle, dans Rivisla lulliana, t. iii, p. 217-222 (soumission à l’Église) ; Mgr Mil ailes y Sbert, Manu illa de amor diuino, ibid., t. iii, p. 353-357, t. IV, p. 8-12 ; G. Valls, L’idéale missionario del B. R. Lullo, dans Studi Francescani, Florence, 1926, t, xii, col. 117-128.

Doctrine.

Sur les censures d’Eymerich, Fr. Villaronga

y Ferrer, Las cien proposiciones atribuidas por Eymerich al B. Lull, dans B. A. L., 1909-1910 ; Anonyme au couvent franciscain de Pastrana, Memoriale collationis seu comprobalionis centum articulorum lullianorum per N. Eymerich in suo olim Directorio compilalorum, facla cum arquetypis libris-R. Lullii, 1612, cf. Ivars, Los Jurados, p. 106.

J. Kôchling, Prod omus christiano-discretus et manuductivus ad ovile Christi unum, Mayence, 1725, 2e édit., Mannheini. 1738 ; P. Wolf, Theologia demonstraliva universa, plena. perfecla B. R. Lulli, Cologne, 1751 ; S. Kreczer, Cursus theologise scholastica ? per principia lulliana, Mayence, 17511752 ; A. Alcover, Traolatus de ine/fabili divinæ incarnalionis mysterio, B. R. Lullio prælucente, ms. à l’évêché de Vich ainsi que les quatre ouvrages suivants : M. Pellisser, O. F. M.. Trartalus de divina Verbi incarnatione juxta menlem B. R. Lullii elaboratus ; Mgr R. Strauch y Vidal, O. F. M-, t 1823, Traclatus de S. Scriptura juxta tutissimam illum. doct. R. Lullii mentem ; De capite visibilis militantis Ecclesiascilicet summo pontifice romano juxta mentem B. R. Lulli (1794-1797) ; Traclatus de sacramentis (oct. 1798), incomplet ; Fornès, O. F. M., Liber apologeticus, Salamanque, 1746 ; Pasqual, Examen de la crisis del P. Feijoo sobre al arte luliana, 2 vol., Madrid, 1749-1750.

Parmi les travaux modernes signalons : Prantl, Geschichte der Logik, Leipzig, 1867, t. iii, p. 145-177 ; Gonzalez, O. P., Historia de la filosofia, 2e édit., Madrid, 1886, t. il, p. 340352 ; E. Gilson, La philosophie au Moyen Age, Paris, 1922, t. ii, p. 63-67 ; M. De Wulf, Hist. de la philosophie médiévale, 5e édit., Louvain, 1925, t. ii, p. 143-146 ; M. Asin y PalacioN. Mohidin, dans Hoincnar, e a Menéndez y Pelayo, Madrid, 1899, t. il, p. 217-256, Abenmasarra y su escuela, Madrid, 1914, p. 123-126, 155-164 ; J. Ribera, Origenes de la filosofia de R. Lullio, dans Homenace, ibid., p. 191-217.

Parmi les auteurs de la renaissance lullienne : S. Bové, La filosofia nacional de Catalunya, Barcelone, 1902 ; El sistema cientifico luliano, Barcelone, 1908 ;.4/ margen de un discurso, Urgel, 1912 ; S. Tomas de Aquino y et descenso del