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LULLE. ŒUVRES PHILOSOPIIKH ES


tronomie ; l’arbre angélique ; l’arbre « éviternel », qui traite du ciel et de l’enfer ; l’arbre maternel, traité succinct de marielogie ; l’arbre divin et humain, qui a pour objet Jésus-Christ, et l’arbre divin. Suit l’arbre exemplaire, ’où Lulle entasse les proverbes et les anecdotes sur chacun de ces sujets en vue de la prédication. « C’est, dit M. S. Galmès, la fleur de l’arbre général, une floraison toute franciscaine, ingénue, chaude, de colorations superbes. » L’arbre-questionnaire (4000 questions) vient en dernier lieu et n’est qu’une sorte de méthodologie relative à l’ouvrage. Le texte catalan de l’écrit n’est pas encore édité complètement ; des 3 volumes de l’édition de Palma, un seul est paru avec préface érudite de M. S. Galmès, Obres, t. xi, Palma, 1917. Cf. Littré. n. 72 ; A. Rubiô, p. 22 ; Probst, op. cit., p. 47-49 ; Menéndez y Pelayo, Historia, 1. 1, p. 518, M. André, op. cit., p. 65-67.

3° Commençaments de philosophia (Majorque, 1300). Cet ouvrage est conservé dans une recension latine, sous le titre de Principia philosophiæ complexa, à Paris, Bibl. nat., lai. 15 450, ꝟ. 304, et à Munich, lat. 10 562, 10 575, 10 586, 10 587 et 10 652. Le texte catalan est à Munich, ms. Hisp 64, ꝟ. 67 et à l’Ambrosienne, cod. Y, 117, Sup., ꝟ. 1-125 r. Ximenès en possédait aussi une version castillane. Cet écrit devait avoir six parties ou « cercles », mais Lulle n’en fit que trois, « étant empêché par l’étude de l’arabe », probablement ses controverses avec les Maures de Majorque, d’achever son ouvrage. Le dessein de l’auteur est de ramasser dans une synthèse les premiers principes philosophiques et les conclusions qui en découlent nécessairement, puis de signaler les questions que l’on peut poser à leur sujet. « Je veux procéder, dit Lulle, selon les cercles de géométrie. » Cette méthode, il l’avait déjà adoptée, déclare-t-il, dans ses Commznçaments de teulogia, écrit inconnu jusqu’ici. Les cent premiers principes ont pour objet l’être en tant qu’être, ceux du second cercle, plus nombreux, ont trait aux êtres particuliers. Ce recueil considérable d’axiomes métaphysiques et de déductions incisives est une ébauche d’encyclopédie fort curieuse. Littré, n. 130 ; A Rubiô, p. 22.

II. ŒUVRES LITTÉRAIRES. — 1° Le Blanquema (Montpellier 1283-1285) est un des premiers écrits du Moyen Age « qui réalisent, quoique d’une manière primitive, les conditions du roman philosophique ». Menéndez y Pelayo, Origenes de la novela, Madrid, 1905, 1. 1, p. lxxii-lxxxviii. Le but de l’auteur est d’exposer un plan d’organisation parfaitement chrétien de tous les États de la société, de manière qu’il n’y ait plus dans le monde « qu’une langue, une croyance et une foi ». Obres, Palma, 1914, t. ix, p. 361. Le héros du roman, Blanquerna, d’abord jeune homme que l’on veut fiancer, puis religieux, évêque, pape, et après son abdication, ermite, est amené logiquement par ce procédé littéraire à suggérer une réforme presque entière de la vie séculière et religieuse, du pouvoir civil et de la hiérarchie ecclésiastique. M. André, op. cit., p. 102-116, Probst, op. cit., p. 27-33. L’ouvrage a une grande valeur biographique ; il donne aussi de nombreux renseignements sur les institutions religieuses et sociales de l’époque. La date de sa composition est généralement placée vers 1283-1285. Néanmoins, comme il paraît difficile de concevoir que R. Lulle ait pu introduire l’épisode de l’abdication avant l’exemple donné par Célestin V, M. Gottron a récemment proposé de placer la rédaction du cinquième livre vers 1295-1296. Neue Literatur zu R. Lull dans Franziskanische Studien, Munster, 1924, t. xi, p. 220. L’écrit a joui d’une grande fortune. Dans le catalogue d’Arias de Loyola figure même une version hébraïque. Littré, n. 76 ; A. Rubiô, p. 19 ; S. Galmès et M. Ferra, dans l’Introduction au t. ix des Obres ; R. d’Alôs, dans Anuari de

l’Institut d’Estudis Catalans, Barcelone, 1913-1914, t. ii, p. 709, 770.

2° Le Félix de les marauelles del mon (Paris. 12K81289), Obras de R. Lull, éd. Rossellô, l’aima. ! 2 vol., appartient comme l’ouvrage précédent au roman philosophique. Menéndez y Pelayo, Origenes, t. i, p. lxxxiv. « Le personnage principal y cherche son perfectionnement intérieur dans la contemplation des merveilles du monde, » devant lesquelles il s’arrête successivement..1. Rubiô, R. Lull, p. 555. lui raison de cet objet, l’ouvrage a le caractère d’une encyclopédie populaire ; théologie, physique, météorologie, morale, tout se mêle. La VIIIe partie, De l’homme, Obras, t. ii, p. 1-335, est un traité intéressant de psychologie. Le tout est exposé sous forme de dialogue et entremêlé d’innombrables anecdotes et fables. La septième partie, originalement distincte, est connue sous le titre de Llibre de les Besties. Au jugement de Menéndez y Pelayo, et de la plupart des critiques espagnols, A. Rubiô, p. 20, le romancier majorquain puise ici dans un livre arabe, le Calila g Dirnna, tout en modifiant notablement le cadre et le contenu de ses apologues. Probst, op. cit., p. 253-255, au contraire, ne croit pas que cette dépendance soit solidement prouvée ; à son avis, il est probable que R. Lulle a écrit plutôt sous l’influence du cycle satirique du Roman de Renard. Littré, n. 257 ; M. André, op. cit.. p. 121-127 ; M. Obrador, R. Lulle, Llibre de les Besties, Barcelone, 1905. (Bibl. populaire de l’Avenc.)

m. écrits PHiLOsijpniQVEs. — 1° Ars Magna ou Ars compendiosa inveniendi veritatem (Majorque, avant 1277), éd. Mayence, t. i. Cet écrit, dont le texte catalan est à Munich, A. Rubiô, p. 20, est un des premiers ouvrages de R. Lulle. Il oflre un exposé complet de sa méthode, toute ordonnée à réduire les connaissances humaines à un petit nombre de principes et à traduire tous les rapports d’idées par des combinaisons figurées. Ainsi que le déclare le bienheureux dans son Lib. de fine, éd. Gottron, p. 91, 92. vingt autres de ses « arts » n’ont pas d’autre but que d’en déclarer les principes et de les appliquer à des matières diverses « pour l’exaltation de l’intelligence ». Parce qu’elles éclairent bien l’unité de la pensée lullienne. citons ses paroles.

Distinctio ista in duas partes sit divisa. Prima est de arte generali aut compendiosa, sive inventiva vel demonstrativa, quæ in idem sonant, quia per eadem principia sunt deductae. Secunda est de viginti artibus specialibus descendentibus ab arte generali, quasunt hsec : videlieet arbor scienti ; e, arbor philosophia », arbor philosophia ? amoris, liber gentilis, liber astronomise, liber de intellectu, liber de voluntate, liber de memoria, liber de lumine, liber de significatione, liber de investigatione divinarum dignitatum, liber de prsedestinatione, liber de nova logica, liber de nova rhetorica, liber de consilio, liber de jure, liber de medicina. liber de descensu et ascensu ipsius intellectus, liber de arte pnedicandi, liber etiam de demonstratione facta per nequiparentiam. Littré, n. 1, Avinyo, op. cit-, p. 360-367.

2° Lib. principiorum philosophiæ (Majorque, avant 1277), éd. Mayence, t. i. Littré, n. 4.

3° Lib. principiorum juris (Majorque, avant 1277), éd. Mayence, 1. 1. Littré, n. 5 ; Avinyo. op. cit., p. 507.

4° Ars Universalis scu lectura artis compendiosæ (Montpellier, 1277 ?), éd. Mayence, 1. 1. Résumé de l’Art Magna. Littré’n. 2.

5° L’Ars demonstrativa, éd. Mayence, t. i, est daté ordinairement de Montpellier 1282. A. Rubiô, p. 21. Toutefois la Vida, p. 351, paraît en fixer la date en 1277. L’unique texte catalan est conservé dans le ms. A. I. E. du séminaire épiscopal de Mayence. A. Gottron, L’edicio Maguntina di R. Lull. Barcelone, 1915, p. 82. Ms. à Venise, Saint-Marc, 185. a. 250. I. 182, f « 1-68, olïert par Lulle au doge Gradenigo. Littré. n. 13.