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LULLE. VIE


c Val. lat. 10 275, ꝟ. 27, le ms. lat. 15 450 de la Bibliothèque nationale de Paris et le cod. lai. 10 561, ꝟ. 1 de la Bibliothèque d’État de Munich. Yves Salzinger réimprima cette Vie au premier volume de sa grande édition lullienne, Raymundi Lulli opéra, 8 vol. Mayence, 1721-1742. Le document s’arrête à l’année 1311, cinq ans environ avant la mort de Raymond Lulle. Sa haute ancienneté, solidement établie par le P. Custurer, S. J., dans une lettre au P. Sollier, Acta Sanct., p. 640-643, a été généralement acceptée des critiques. Récemment toutefois, le P. Michel Bihl, O. F. M., a cru devoir affirmer « qu’il n’est pas permis de conclure que la Vie écrite par l’anonyme soit une vie contemporaine du B. Lulle ». Le B. Raymond Lulle, Études bibliographiques, dans Éludes fransciscaines, 1906, t. xv, p. 343 ; mais ses doutes ont été définitivement résolus par le P. Keicher, O. F. M., Raymundus Lullus und seine Stellung zut arabischen Philosophie dans Beilràge zur Gesch. derPhil. des M.-A., t. vii.fasc. 4-5, Munster, 1909, p. 8-12. Le texte latin de la vie se trouve, en effet, dans le ms.fal. 15 450 de la Bibliothèque nationale de Paris, légué à la Sorbonne en 1336, parle célèbre disciple de Raymond Lulle, Thomas le Myésier, chanoine d’Arras. Le récit remonte très probablement à 1311. J. Rubiô y Balaguer, Ramon Lull, dans VEnciclopedia universal, Barcelone, 1924, t. xlix, p. 551. Plusieurs écrivains, J. Rubiô, Custurer, croient que le texte latin représente le document primitif ; d’autres au contraire, parmi lesquels le P. Ant. Pasqual, O. C, dans son monumental ouvrage, Vindieiæ Lullianæ, 4 vol., Avignon, 1778, t. i, p. 4, le considèrent comme une version de l’original catalan. Ce dernier sentiment nous paraît plus vraisemblahle. Le récit de la Vida est corroboré par les miniatures du ms. 5. Pierre, 92, xive siècle, de la Bibliothèque de Karlsruhe, signalé d’abord par W. Branbach, Des Raimundus Lullus Leben und Werke, in Bildern des XIV Jahrhunderls, Karslruhe, 1893, puis étudié récemment par.1. Rubio, El Breviculum i les miniatures de la vida d’En Ramon Lull de la biblioleca de Karlsruhe dans Bultleli de la biblioteca de Catalunya, Barcelone, 1916, t. iii, p. 73-88. I >es douze miniatures, sept illustrent des épisodes de la vie de Raymond Lulle, tels qu’ils sont racontés dans la Vida.

Prcsqu’à l’égal de la Vie, les écrits de Raymond Lulle renferment de nombreux éléments biographiques. Leurs explicit, surtout depuis 1285, permettent de retracer en partie son itinéraire ; malheureusement les dates différentes qu’ils portent dans les mss. laissent souvent planer de graves incertitudes. Les œuvres purement littéraires et mystiques, les poésies du célèbre Majorquain contiennent aussi un grand nombre de données qui illustrent particulièrement la physionomie morale de Raymond Lulle, car Blanquerna et l’A mi, les deux grands personnages qui appai Missent dans ces écrits, ne sont que des personnifications de Raymond Lulle lui-même. A. Rubiô y Lluch, En Ramon LulI.Sumari d’unes lliçons en els Esludis Universitaris Catalans, extrait des Estudis Universitaris Catalans, Rarcelone, 1911. M. Llorenc Riber a spécialement utilisé cette dernière sorte de renseignements dans son ouvrage récent, Vida i actes del Révèrent meslre i benaventurat màrtir Ramon Lull, Palma, 1916.

[.os sources postérieures ne méritent qu’une mention rapide, car elles ne sont que des paraphrases parfois enjolivées de la Vie primitive. La plus ancienne est l’Epislola In vilam Raimundi Lulli, ercmilw, de Charles de Bouvclles, écrite & Amiens en 15Il et dont une réédition se trouve dans les Aela Sanct-, p. 668-673. Après elle, il faut également mentionner VEncomium divi Raymundi Lulli, doctoris illuminuli il martyris d’un Majorquain, Nicolas de Pax, publié (l’abord à Alcala en 1519. Ibid., p. 674-678.

A l’aide de ces documents ont été composées plusieurs biographies de valeur très inégale. Cf. Custurer, Disrrlacionrs htstorica » del R. Raymundu Lulin, ion un apendiz de tu vida. Mallorca, 1700,.1 Rubiô, Ramon Lull, p. 564. Les meilleures son ! dues ; i I li. Sollier, S J., Aria Sanct., p. 644-649 ei Pasqual, Vindieiæ Lullianæ, t l, p. 1-439. lerniéres « - » > t inspiré directement toute la littérature contemporaine. On peut voir la liste complète de ces divers travaux dans les études modernes qui doivent être consultées de préfèrent c dans les questions biographiques et littérelatives m Raymond Lulle : Menendez > l’elayo,

"’'" r <" <’helerod i ttpaholu, Madrid, isso, t. i,

P 513-539, Hauréau-Littré, Raymond Lulle, dans VHUtoin littéraire de L/ / rance, t xi, Paris, 188."), p. 1-386 (la VU seulement, p 1-67, est d’Hauréau ; « Ile est écrite dans un esprit de dénigrement nystématlque) ; P. Golubovlch, O

F. M., B. Raimondo Lullo, dans Biblioleca Bio-Bibliografica délia Terra Santae dell’Oriente francescano, Quaracchi, 1906, t. i, p. 361-392 ; Keicher, op. cit. ; J. H. Probst, Caractère et origine des idées du B.Raymond Lulle, Toulouse, 1912.

Raymond Lulle naquit à Palma (Baléares), selon les uns en 1232, le 25 janvier, selon les autres en 1235. Ce dernier sentiment paraît plus fondé. Sollier, Acta Sanct., p. 644 ; S. Zwemer, Raymundus Lullus, derersle Mohammedanermissionar, Wiesbaden, s. d., (traduit de l’édition anglaise, Londres, 1902), p. 14. Il est sûr, en effet, que Raymond Lulle s’est converti à l’âge de trente ans accomplis, Liber Contemplationis, t. II, c. lxx, Obres originals del illuminât mestre Ramon Lull, 1 1 vol., Palma, 1906-1917, t. iii, p. 65, et qu’à la veille du concile de Vienne, oct. 1311, il travaillait depuis quarante-cinq ans à la réalisation de ses projets, ainsi qu’il le déclare lui-même dans son opuscule, Disputatio clerici et Raymundi phantastici. Golubovich, op. cit., p. 388. Ces données ne seraient pas aussi rigousement exactes, si l’on acceptait la première date. Le nom primitif de sa famille n’était pas Lull, mais Amat ; le nom de Lulle est un sobriquet qui apparaît pour la première fois dans l’acte de mariage de Pierre Amat, nov. 1131, et s’est conservé dans la branche de famille d’où est né l’illustre majorquain. J. Miret y Sans, Boletin de la real Academia de buenas letras de Barcelona, 1916, t. xvi, p. 305307. Son père, Ramon Lulle, appartenait à la noblesse catalane, ainsi que sa mère, Isabelle d’Erill, et avait à Barcelone dans la paroisse de Santa Maria del Mar des propriétés considérables. J. Miret y Sans, Ibid., t. v, p. 525-535. Il avait suivi le roi d’Aragon et du Languedoc, Jaime I er le Conquérant, dans son expédition à Majorque ; après que la ville, appelée plus tard Palma, eut été enlevée d’assaut, le 31 déc. 1229, il avait reçu en partage de nombreux domaines aux environs de Palma, de Pollensa et de Manacor. C’est là que Raymond Lulle naquit.

Ainsi qu’il résulte des premiers chapitres du Blanquerna et du Doctrina puéril, son père, « beau et noble de cœur, si entendu dans les lettres et les sciences qu’il comprenait suffisamment la sainte Écriture », sa mère, » la sainte, patiente et humble dame d’Aloma », lui donnèrent une éducation morale ol physique très soignée. Lulle toutefois ne répondit pas entièrement à ces soins, s’il faut accepter l’humble aveu qu’il en fait dans son Liber Contemplationis, appelé justement par Pasqual, son livre des confessions : Obres, t. iv. p. 41. Vers l’âge de 14 ans. après avoir étudié les arts libéraux, il entra comme page à la cour du roi Jaime I er et suivit le monarque dans ses voyages en Aragon et en Catalogne. Les lettres et la poésie des troubadours étaient en honneur au palais, mais le souverain lui-même donnait l’exemple d’une vie désordonnée. R. Lulle fut bientôt séduit par les plaisirs où se laissait entraîner la jeunesse noble. Comme il le déclare dans son poème le Drscornort, H. d’AldS, Ramon Llull, Poésies, Barcelone, 1925. p. 71, * il oublia Dieu et suivit les voies de la chair ». In 1256, il devint Bénéchal de l’infant.laime I er que son père, Jaime I er le Conquérant, avait proclamé roi de Majorque, Vida, éd. du B. A. L., p. 349. La même année, le 16 juin, Lulle est BÛrement ; ï liarcrlone. Son père étant mort, il cède a son Itère. Arnaud 1 aille, des biens et des droit s qu’il avait dans la paroisse de Santa Maria del Mar. L’acte Officiel, portant le sigle

autographe de Raymond Lulle, a été retrouvé ci publié par Miret y Sans. Nooet btograflquei d’en R. Lull. Boletin <tr lu Real Academia <lr Batcelona, t. x. i> i" : a même data, il épousa Doua Blanca Plcany, qui, le 23 sept. 1257, le constituait procu