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LUCAR — LUCIDUS


1862 ; (loin Guépin, al>bé de Silos, Un apôtre de l’Union des Eglises au X~’II <J siècle, saint Josaphal, Paris, 1897-1898 ; V. Semnoz, Les dernières années du patriarche Cyrille I.ucur, dans les Échos d’Orient, 1903, t. VI, p. 97-107.

C. Emereau.

    1. LUCCHESINI JeanBaptiste##


LUCCHESINI JeanBaptiste, savant théologien et littérateur estimable de la Compagnie de Jésus (1638-1716). — Néà Lucques, il entre dans la Compagnie a Rome en 1652. Après le cycle ordinaire des études et du professorat, il fut à Rome préfet des études du Collège des Grecs, et enseigna la théologie et l’Écriture sainte. Il fut membre de la Congrégation des Rites et de la commission d’examen des candidats à l’épiscopat. Il mourut à Rome en 1716. — Polygraphe fécond, le P. Lucchesini s’est d’abord distingué dans le littérature : poèmes latins de circonstances, tragédies, panégyriques, forment une grande partie de son œuvre. Sa nomination au Collège des Grecs donna à son activité une autre direction ; il étudia d’assez près l’antiquité chrétienne pour y retrouver, à l’usage de ses élèves destinés à rentrer en Orient, les preuves de la monarchie pontificale. Les titres de ses ouvrages en font connaître abondamment le contenu : 1° Demonstrata impiorum insania, sive nova copia et séries centum evidenlium signorum verse, fidei oculis subjicentium veritatem Ecclesiee romanse sacrseque monarchiæ pontificis maximi, argumentis plus quam mille debellantium schismaticos et heereticos, et aliis plus quam ducentis evertentium directe ac singillatim alheos, iheistas, judœos, mahomelanos, ethnicos manifestée dementise redargutos, Rome, 1688 ; réimprimée dans le t. i des Œuvres complètes, Rome, 1714.

— 2° Sacra monarchia S. Leonis Magni pont. max. passim et ubique fulgens in polemica historia Concilii Chalcedonensis, ex qua in lucem projertur tota vis, quæ latebat in actis et authenticis literis ad eamdem synodum perlinentibus ; et mendacissima pronunciata Pétri Suavis Polani (pseudonyme de Fra Paolo Sarpi) de aristocratica forma regiminis antiquæ Ecclesiæ perpétua novarum raiiocinationum série penitus evertuntur, Rome, 1693 ; Œuvres complètes, t. n. — 3° De notorietate in antiqua Ecclesia prsestantiæ pontificis maximi supra generalia concilia et infallibililatis in declaranda fide etiam ante synodorum vel Ecclesix consensum, extraits de l’ouvrage précédent, Rome, 1694, Œuvres, t. n. — 4° De jansenianorum hæresi eorumque effugiis a Sacr. Tridentino concilio in antecessum damnatis, neque solum proscriptis famosis quinque propositionibus etiam diruto universo iheologico Jansenii systemale enchiridium, Rome, 1705 ; cette première partie de YEnchiridium fut complétée en 17Il par deux autres : Polemica historia jansenismi contexta ex bullis et brevibus pontifïciis, literis Cleri gallicani, Sorbonæ decretis aliisque authenticis actis… in quo statuitur judicandum esse infallibili actu fidei divinæ, quod in Jansenii libro sensus et doctrina hæretica contineaiur. Ostenditur vanam esse oblationem silentii et frustra tentari alias quascumque elusiones a Jansenii asscelis. Enfin une quatrième partie, parue après la publication de la bulle Unigenitus, peut-être en 1715, étudiait les propositions condamnées dans Quesnel : De propositionibus centum et una nuper damnatis a SS. P. N. Clémente XI, P. M. ; libri 1res, in quorum primo plurimæ illse quæ innovant famosas quinque Jansenii hæreses evertuntur auctoritaie S. Augustini, in secundo eœdem demonstrantur pugnantes apertissime cum evangelio, in tertio reliquæ prorsus omnes ostenduntur execralione dignissimæ.

Le P. Lucchesini avait aussi essayé, en une vingtaine de conférences données à l’église du Gesù, une réfutation de Machiavel et un exposé de la vraie politique chrétienne. On lui doit encore un petit guide de Rome en italien, destiné à faire ressortir les mar ques divines de l’Église romaine, Roma è Guida al Cielo, Rome, 1697.

L’abbé Théodore Pangalo avait entrepris une édition des œuvres complètes du P. Lucchesini, il n’en est paru que trois volumes in-fol., Rome, 1714, 1715, 1716.

Michaud, Biographie universelle ; Sommervogel, Biblioth. de la Cie de Jésus, t. v, col. 151-159 ; Hurter, S omenclalor, 3 « édlt., t. iv, col. 693-895.

É. Amann.

LUCIDUS est le nom d’un prêtre gaulois de la seconde moitié du ve siècle, lequel fut accusé d’erreurs prédestinatiennes et contraint de se rétracter sur les injonctions de l’épiscopat provençal, et spécialement de l’évêque Fauste de Riez.

I. Histoire de la question.

Le personnage lui-même n’est pas autrement connu ; l’affaire où il fut impliqué ne nous est transmise que dans un dossier constitué par Fauste. Comme les textes qui y sont relatifs ont vu le jour au moment des premières querelles jansénistes, comme la question a des rapports étroits avec les problèmes théoriques que posait YAugustinus, il ne faut pas s’étonner qu’elle n’ait pas été traitée dès l’abord avec toute l’objectivité désirable. Le P. Sirmond d’un côté, dans son Historia Prædestinutiana, 1648, a fait de Lucidus le représentant le plus autorisé d’une véritable secte qui aurait répandu au ve siècle des erreurs graves relatives à la prédestination, et dont aurait eu raison la vigilance de l’épiscopat provençal animé par Fauste de Riez. A l’autre extrémité, le président Gilbert Mauguin, janséniste déclaré, s’est fait fort, dans ses Vindicise prsedestinalionis, parues en 1650, de démontrer que non seulement l’hérésie en question n’a jamais existé, mais que « l’affaire Lucidus » a été inventée de toutes pièces par -Fauste de Riez, pélagien larvé, qui n’a pas craint de forger les décisions d’un soi-disant concile, afin de mettre sous l’autorité de celui-ci les erreurs dont pullule son traité De gratia. L’honnête Tillemont s’effare un peu de la désinvolture du magistrat janséniste : « Il est peut-être difficile de dire, écrit-il, si Lucide était effectivement tombé dans l’erreur en poussant trop loin les vérités de la grâce, ou si l’on ne lui faisait pas un procès tendancieux, car on ne l’a presque accusé que des mêmes choses qu’on avait reprochées à Prosper. Néanmoins, puisque sa doctrine a été rejetée par des conciles, et qu’il l’a abandonnée lui-même, le plus court est de l’abandonner aussi et d’avouer qu’il a été dans les erreurs des prétendus prédestinatiens, étant aisé que quelques particuliers y soient tombés, quoiqu’on ne trouve point qu’ils aient jamais formé de secte. » Mémoires, t. xvi, p. 422. Plus libre de toute attache d’école, Ellies du Pin expose l’attitude à l’endroit de Lucidus du P. Sirmond et d’autre part de « quelques habiles théologiens qui soutiennent que cette hérésie est une chimère et une calomnie. Ce n’est pas à nous, continue-t-il, de juger entre des personnes aussi éclairées que le P. Sirmond et ses adversaires ». Mais cette réserve apparente n’empêche pas le spirituel critique de montrer son Tai sentiment. Il est tel que nous pouvons aujourd’hui, à distance du fracas de ces luttes, nous y rallier dans l’ensemble. Voir Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, t. iv, p. 242 sq.

II. L’affaire de Lucidus. — L’exposé de l’aflaire de Lucidus peut tenir en quatre phrases. L’évêque de Riez, Fauste, découvre chez un prêtre nommé Lucidus, probablement de son diocèse, des idées relatives à la grâce et à la prédestination qu’il juge entachées d’erreur. Après avoir essayé de ramener Lucidus dans ce qu’il croit le droit chemin par des conversations particulières, il lui signifie par écrit les points de doctrine que le prêtre devra reconnaître, les erreurs qu’il devra condamner, faute de quoi un concile