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l.l CAR. LA RÉACTION ANTICYRILLIENNE
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de la Béraudière, rédigea la Confession de Foy de Cyrille Patriarche de Constantinople censurée par le R. P. en Dieu Messire François de la Béraudière, etc., Périgueux, 1629. Enfin Jean-Matliieu Caryophyllis, archevêque d’Iconium, crétois d’origine, mais devenu catholique, publia une Censura Confessionis fidei seu polius perfidies calvinianse, quæ nomine Cijrilli Pa-Iriarehæ Conslantinopoliluni edila eircumjertur, Rome, 1631, avec une dédicace au pape Urbain VIII, cf. E. Legrand, Bibl. hell. du XVII’S„ 1. 1, p. 288, et pour les éditions en grec vulgaire et en grec ancien, p. 304, 305. Les synodes des diverses Églises orientales ne tardèrent pas non plus à exprimer leur réprobation.

1° Le synode de Constantinople de 1638. - — A la mort de Cyrille, son concurrent, l’ancien métropolite de Berrhée, devenu enfin seul maître de l’heure, témoigna la plus grande sympathie aux catholiques. Il signa même, en présence de Rodolphe Schmid et du P. Angelo Petricca de Sonnino, vicaire patriarcal latin, une profession de foi catholique que la Propagande avait rédigée. L’acte est du 15 décembre 1638. Il se devait donc de lutter contre les influences calvinistes. Deux mois auparavant, le 24 septembre, un synode présidé par lui et composé de trois patriarches, de vingt et un métropolites et évêques et de vingt-trois autres ecclésiastiques avait condamné la mémoire et les doctrines de Lucar. Voici comment était conçu le premier des aiiathèmes : « A Cyrille, surnommé Lucar, qui, dans la suscription de ses chapitres impies a calomnieusement affirmé que l’Église orientale du Christ dans son ensemble professe les mêmes doctrines que Calvin, xaXêwotppovoùaav, anathème. » Dans un autre passage, Lucar était appelé le nouvel et le pire iconomaque, tw xaxîa-rcp véç> eîxovo|i.àxcû. Parmi les patriarches qui signèrent la condamnation, se trouvait Métrophane Critopoulos, devenu titulaire du siège d’Alexandrie ; ainsi le disciple préféré était contraint d’anathématiser le maître.

2° L’œuvre de Pierre Mohila et le synode de Iassi de 1642. - — Cependant, Cyrille de Berrhée, aux prises avec de nouveaux compétiteurs, ne tarda pas à descendre de son trône. Sur les instances du métropolite de Larissa, bien vu du sultan Mourad, le métropolite d’Andrinople, Parthénios I er fut salué patriarche, et le Benhéen, chargé des excommunications d’usage, prk le chemin de l’exil ; il fut étranglé en route ; trois cordes se rompirent avant de lui donner la mort. Le nouvel élu du 1 er juillet 1639, désireux de donner plus d’éclat à sa prise de possession avait invité pour la circonstance un prédicateur de marque, Nicéphore Korydalleos ; ce dernier était un ami et un admirateur de Lucar ; l’occasion était donc bonne de réhabiliter le patriarche défunt ; il ne la manqua pas. Il fit l’éloge de son héros et présenta la Confession de foi comme la doctrine même de l’Église orthodoxe. Ce fut un scandale. Pour en atténuer la portée, Parthénios permit à un autre orateur en renom, Mélétios Syrigos, de remettre les choses au point, dans un sermon public donné le 27 octobre de la même année. Syrigos avait pris part au synode de 1638 et signé le premier, après les évêques, avec le titre de « maître de la Grande Église ». Crétois lui aussi, il avait noué des relations avec Lucar, alors que celui-ci gouvernait Alexandrie ; il jouissait d’une réputation de savant et d’habile controversiste ; depuis novembre 1638, on le savait occupé à la préparation d’un ouvrage < ù il devait montrer toute l’influence néfaste de l’ancien patriarche.

Cette influence, malheureusement, s’était déjà étendue ; elle avait pénétré dans les pays limitrophes du patriarcat, en Moldavie surtout. Il devenait urgent de la combattre. Dès 1630, le métropolitain de Kiev, Job Boreekij, avait envoyé une députation auprès

du patriarche de Jérusalem, Théophane, alors de passage à Iassi, pour lui demander s’il croyait Lucar coupable d’hérésie. Théophane, oubliant la signature donnée par lui aux anathèmes de 1638, avait rejeté l’accusation. Néanmoins les doutes subsistaient et l’on pouvait toujours craindre la propagande calviniste. En 1633, la métropole de Kiev était gouvernée par un prélat éminent, Pierre Mohila ou Movila. D’une illustre naissance, doué des plus brillantes qualités, Pierre s’était de bonne heure consacré à Dieu dans la Lavra Pecerska de Kiev, il en avait été élu higoumène en 1627 ; sous sa direction, la Laure s’était transformée en une florissante école de théologie qui annonçait déjà la future Académie de la métropole ; elle représentait la forteresse de l’orthodoxie dans les pays soumis au roi de Pologne ; on y défendait énergiquement les croyances de l’Église d’Orient contre les protestants et. hélas ! aussi contre les uniates. Parmi’ces derniers, celui que Mohila combattait surtout, c’était Smotrycki, l’ancien élève de Lucar à Ostrog, qui. amené à la foi catholique après le martyre de saint Josaphat, dirigeait alors le mouvement de l’union avec Rome.

Pierre, mis en présence des menées calvinistes, était tout préparé à les combattre. Il conçut la pensée de résumer la doctrine de l’Église orthodoxe dans une Confession de foi destinée à servir de règle unique. Il voulut communiquer d’abord cette Confession aux évêques de sa métropole, et les convoqua à cet eflet en synode pour le 8 septembre 1640. La réunion se tint au jour dit dans la nef de Sainte-Sophie de Kiev. Dix séances furent consacrées à l’examen du catéchisme préparé par Mohila, et à la rédaction duquel s’employa avec un zèle tout particulier le docte Isaie Trofimovitch Kozlovskij, higoumène du monastère Nikolskij. La doctrine de Lucar, déjà condamnée par le synode constantinopolitain de 1638, ne fut pas davantage épargnée par les prélats assemblés à Kiev. Mais il fallait maintenant transformer ces déclarations isolées en une manifestation solennelle de l’Église d’Orient : c’est ce qu’allaient accomplir les assises de Iassi.

Au mois de décembre 1641, des réunions conciliaires s’ouvraient effectivement dans la capitale de la Moldavie, entre les mandataires constantinopolitains Porphyre de Nicée et Mélétios Syrigos d’une part, et les délégués ukrainiens Isaïe Trofimovitch, Joseph Kanonovitch et Joseph Oksénovitch d’autre part. Le synode dura jusqu’au mois de septembre ou d’octobre 1642. Vingt séances furent consacrées à l’examen de la Confession de foi de Mohila. Entre temps, en mai 1642, le patriarche de Constantinople, Paithénios, faisait paraître une lettre synodale composée de dix-huit articles et réfutant point par point les doctrines de Lucar. Le premier de ces articles est d’un intérêt tout particulier : il déclare que Cyrille a admis « la procession éternelle et substantielle du Saint-Esprit êx TraTpèc xal uto’j ; ce qui, ajoute-t-il, va contre la pensée de l’Église catholique ». Le Il mars 1643, Paithénios donnait son approbation définitive à la Confession de foi ukiainienne. Mélétios Syrigos, le principal négociateur du côté des Grecs, l’avait traduite en grec vulgaire. Ce fut là désormais la Confession de foi de l’ensemble de l’Église orthodoxe. Mohila s’en inspira pour la publication en polonais d’abord, puis en petit-russien d’un Zebranie nauki (corps de doctrine) dont les éditions ne tardèrent pas à se multiplier. Ainsi les projets réformistes de Cyrille Lucar eurent pour résultat d’obliger l’Église orientale à fixer sa propre doctrine et à se donner un symbole officiel.

3° Le synode de Jérusalem de 1672. — Cependant malgré les condamnations portées par le synode de