Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/510

Cette page n’a pas encore été corrigée

ioo. :

LUCAR. VIE

ÎOIJG

2° Le patriarche d’Alexandrie (1602-1620). — A son retour en Egypte, Cyrille, las de ses innombrables pérégrinations, pouvait songer à se reposer de sa vie d’aventurier. Un poste de premier ordre vint à point satisfaire ses ambitions. En 1602, Mélétios Pégas mourut ; sa succession passa à son protégé, ainsi qu’il l’avait réglé lui-même, et Lucar, à peine âgé de trente ans, fut aussitôt sacré patriarche d’Alexandrie. Au rapport de son ami, Mélétios Pantagalos, métropolite d’Éphèse, il occupa ce siège pendant dix-huit ans. Ce n’est pas qu’il n’eût voulu l’échanger plus tôt contre le siège œcuménique de Constantinople. Les affaires constantinopolitaines l’occupèrent, certes, autant, sinon plus que celles d’Alexandrie. Néophyte Il ayant été déposé pour cause de népotisme et exilé à Rhodes, en janvier 1612, ce fut Cyrille Lucar qui fit l’intérim. Mais cette première installation sur le trône œcuménique ne dura qu’un mois. « Le patriarche d’Alexandrie, écrit un jésuite, ne se disait pas patriarche absolu, craignant ce qui lui est arrivé ces jours passés, un mois après son assomption, ayant été démis par le métropolite de Patras-la-Vieille, à qui le patriarche avait donné sa résignation. » A. Carayon, Relations inédites des missions de la Compagnie de Jésus à Constantinople et dans le Levant au XVIIe siècle, Paris, 1864, p. 63. Ce métropolite de Patras-la-Vieille n’était autre que Timothée II (1612-1620), qui ne cessa de poursuivre Lucar. Ce dernier, évincé, se retira quelque temps dans un monastère de l’Athos, mais un mandat d’arrêt lancé contre sa personne par le gouvernement turc le fit fuir au plus vite et rentrer chez lui en Egypte. C’est pendant son patriarcat que Cyrille noua la plupart de ses relations et de ses amitiés avec les réformés. En 1616, il entrait en relations avec l’Angleterre, en envoyant à l’université d’Oxford le jeune Métrophanc Critopoulos qu’il confia à la surveillance de l’archevêque de Cantorbéry, G. Abbot. En 1618, on le trouve en correspondance avec l’apostat Marc Antoine de Dominis, ancien archevêque de Spalatro, passé au protestantisme ; en 1617-1619, avec David Leleu de Wilhelm, conseiller des princes d’Orange. Il entretient les rapports les plus cordiaux avec Antoine Léger qui devait devenir chapelain de l’ambassadeur hollandais à Constantinople, Cornélius Van Haga, dont Cyrille avait déjà fait la connaissance avant sa promotion au siège d’Alexandrie.

3° Le patriarche de Constantinople (1620-1638). — A la mort de Timothée II, Cyrille Lucar échangea son liège d’Alexandrie pour celui de la Nouvelle Rome (4 novembre 1620). Son élévation causa un grand émoi ; on connaissait ses tendances protestantes. Soutenu par les ambassadeurs anglais et hollandais, mal vu des représentants français, autrichien et vénitien, c’est une véritable bataille diplomatique qui va se livrer autour de sa personne. Le 30 avril 1023, l’ambassadeur français, comte de Césy, écrit à Sa Majesté très chrétienne, Louis XIII. qu’il a moyenne en telle sorte la ruyne du patriarche grec de Constantinople qu’il est maintenant hors du siège par comandemciit du premier visir. Celuy qui occupe sa place m’est délia venu remercier. C’est un vieux bonhomme qui estoit archevesque d’Amasye au pays du Pont. » Le vieux bonhomme en question se nommait Gréc < mil n’avait qu’un œil, ses ennemis l’appelaient le Borgne d’Amasée ; son patriarcat ne dura que du 30 avril au 25 juin 1623 ; les métropolites et 1rs évêques, ne pouvant supporter sur le trône patriarcal un candidat élevé par le grand vizir en dehors d’s voies électives, désignèrent pour le remplacer, le métropolite d’Andrinoplequi prit le nom d’Anthime II. Entre temps, Lucar avait été embarqué les fers aux pieds sur une frégate a destination de Rhodes, où,

déclarait l’ambassadeur de Césy-, « il aura tout le loisir de commenter sur les institutions de Calvin ». A peine installé, Anthime avait envoyé deux métropolites à Rhodes pour amener le prélat déchu à renoncer à la dignité patriarcale et à se retirer au mont Athos comme simple caloyer. Peine perdue : avant son départ, le rusé Lucar avait fabriqué de toutes pièces des obligations sur le patriarcat, afin d’en rendre la possession impossible à d’autres qu’à lui-même. Sur les instances de l’ambassadeur de Hollande, il revint dans la capitale ; son adversaire, Anthime, ayant abdiqué faute de pouvoir fournir les sommes nécessaires, il remonta sur le trône le 2 octobre 1623.

C’était son troisième patiiarcat qui commençait. Il devait durer jusqu’en mai 1630. Il fut illustré par la propagande calviniste à laquelle le patriarche lui-même se livra. En 1627, Cyrille tenta de faire paraître par les soins d’un prêtre de Céphalonie, Nicodème Métaxas, la fameuse Confession, œuvre capitale de sa vie, mais la destruction de l’imprimerie de Métaxas lui fit, pour le moment, abandonner ce projet. Il put le reprendre deux ans plus tard grâce au dévouement et à l’amitié de Cornélius Van Haga ; le représentant hollandais livra, en effet, le document à la publicité, en mars 1629. La Confession fit sensation. Une profession de foi calviniste, signée d’un patriarche œcuménique, n’était pas chose ordinaire. Cyrille, racontant dans une lettre au professeur genevois Jean Diodati sa première réception chez le comte de Marcheville, ambassadeur de Louis XII î à Constantinople, souligne la manière pressante dont le diplomate français lui avait demandé si pareille confession était vraiment son œuvre ; Marcheville avait même pris la précaution de prendre un témoin de cette scène, le P. Archange de Fosse, supérieur des Capucins et frère du gouverneur de Montpellier. Ainsi, en 1629, la campagne en faveur de la Réforme battait son plein. Mais, cette même année, arrivait dans la capitale ottomane Rodolphe Schmid, agent de l’empereur auprès de la Porte. C’était l’homme qu’il fallait pour tenir en échec la diplomatie calviniste.

En mai 1630, l’intrusion d’Isaac, métropolitain de de Chalcédoine, priva Cyrille Lucar du siège patriarcal pendant quelques jours seulement ; un synode relégua Isaac à Césarée le 18 juin. Ce n’était là qu’une simple escarmouche. La lutte sérieuse s’engage seulement au moment où entre en lice le protégé de Schmid, Cyrille, métropolitain de Rerrhéc, ennemi personnel de Lucar et ancien élève des jésuites à leur collège de Galata. Tandis qu’on délibère, au Synode, sur les mesures à prendre pour éteindre l’énorme dette du patriarcat, Cyrille de Berrhée négocie sous main l’achat du trône œcuménique. Il l’obtient, mais pour huit jours seulement, et son premier règne dure du 4 au Il octobre 1633 ; on l’exile à TénédOS. Sa chute entraîne pour la Grande Église de nouvelles dettes qui s’élèvent à 50 000 piastres ; c’est à coups d’argent qu’on va maintenant se disputer la dignité suprême. Le 5 mars 1634, ’Athanasc Patellaros, métropolitain de Thessaloniquc l’enlève avec 60 000 piastres, disent les uns. avec 70 000 disent les autres, mais il n’en jouit qu’un mois, il a juste le tempsd’oblenir l’exil de Lucar ; le 28 mars, ce dernier se trouvait a Ténédos. Il en revint, aussitôt Athanasc déposé et, moyennant un versement de 10 000 piastres cuire les mains du grand vizir, il essaya une sixième fois de se maintenir en pla< sixième restauration eut lieu en avril 16.il. C’est à peine si elle dura un au. En mars 1635, le candidat Odolphe Schmid avançait encore 60 000 piastres

et reprenait la dignité suprême’'était sou deuxième patriarcat I jrrllle < ! < Berrhée s’empressa de bannir