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LUC (SAINT). SOTÉRIOLOGIE

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Dieu a pu faire concevoir un fils à une femme stérile dans sa vieillesse, il ne lui est pas impossible de faire naître un fils d’une vierge en dehors des lois normales de la génération.

Quant à la difficulté d’entendre la question de Marie : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? » elle n’existe que si on se refuse à y voir l’expression de la volonté de Marie de garder sa virginité. A. Loisy lui-même reconnaît que telle a dû être la pensée de l’auteur des versets 34-35, p. 290-291.

b) Comme preuve que, dans leur forme primitive, les récits de l’enfance de Jésus du troisième évangile ignoraient la conception virginale, on fait valoir la généalogie, iii, 23-38, qui se termine à Joseph, non à Marie, et qui suppose, dit-on, que le rédacteur qui a inséré cette généalogie tenait Jésus pour véritable fils de Joseph, descendant de David par Joseph. On allègue ensuite l’attitude de Marie et de Joseph dans l’épisode de Jésus retrouvé au Temple et la remarque faite par l’évangéliste qu’ils ne comprirent pas la réponse de l’enfant à leur observation : s’ils ne comprirent pas l’allusion que Jésus faisait à sa vocation messianique, c’est donc qu’ils ne savaient pas encore que celui-ci devait être le Christ.

En ce qui concerne la généalogie, l’évangéliste ou le rédacteur qui, dans l’hypothèse des critiques, l’a incorporée à l’évangile, n’y a pas vu de contradiction avec la conception virginale à laquelle il croyait. « Les évangélistes, dit Loisy, lui-même, n’ont pas songé à mettre Marie à la place de Joseph, parce que la substitution ne remédiait à rien au point de vue polémique, le droit de la royauté messianique ne pouvant être transmis par une femme, et que l’idée d’une filiation légale et interprétative leur a paru suffisante pour l’accomplissement des prophéties, en tant que cet accomplissement importait à l’édification de l’Église. » Pourquoi l’auteur de la généalogie n’aurait-il pas été dans le même sentiment ?

Quant à la non-intelligence et à l’étonnement de Joseph et de Marie, lorsque, retrouvant Jésus au Temple, celui-ci leur dit qu’il doit être auprès de son Père, s’il fallait leur attribuer la portée que leur prêtent les critiques, ce ne serait pas seulement la conception virginale, i, 34-35, mais l’annonce même par l’ange de la destinée messianique de Jésus, i, 32-33, qu’il faudrait supprimer des récits de l’enfance. Que resterait-il alors (le la source judéo-chrétienne de saint Luc ? Il est vraiment plus simple d’expliquer la remarque de l’évangéliste, par l’intention de souligner ainsi la profondeur d’un mystère que Marie elle-même ne comprenait pas complètement, mais dont saint Luc laisse néanmoins entendre qu’elle ne l’ignorait pas, quand il dit de la mère de Jésus : « elle conservait toutes ces choses en son cœur », observation dont la portée est si nette que Loisy est obligé de dire que, par là, I. uc corrige et contredit à moitié la réflexion qui pire ède. Sur toutes ces objections concernant la réalité historique de la conception virginale, et sur les difficultés auxquelles se heurtent nécessairement les d’explication naturaliste de l’origine de ce dogme et de la formation des récits où il est incorporé, cf. Lagrange, Le récit de l’enfance de Jésus dans saint Luc, dans Revue biblique, 1895, p. 160 185, el La coneeption surnaturelle du Christ d’après suint Luc, ibld., 1914, p. 60-71 el 188-208 ; Mangenot, Les évangiles optiques, 1911, p. 89-140 ; Durand, L’enfance de us-Christ, 1908 ; V. Rose, Études sur 1rs Évangiles, 1906, p, 39 sq.

Le Christ rt V Esprit-Saint. ' >n a pu appeler les Art. lôtrcs l’évangile du Saint-Esprit, tanl

ce livn vise à mettre en lumière l’action de l’Esprit-Salnl dan la diffusion « lu christianisme et la vie de

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Si, comme nous le croyons, saint Luc est l’auteur du troisième évangile et des Actes, on doit s’attendre à trouver le rôle du Saint-Esprit dans la vie de Jésus plus marqué dans cet évangile que dans les deux autres synoptiques. De fait, plusieurs textes de saint Luc, où mention est faite de l’Esprit-Saint, n’ont pas de parallèles dans saint Matthieu et dans saint Marc : i, 15, 35, 41, 67 ; il, 25, 2C, 27 ; iv, 14, 18 ; x, 21 ; xi, 13. En ces divers passages, comme dans ceux qui sont communs aux trois synoptiques, c’est l’action du Saint-Esprit, comme force divine, qui se révèle, plus que sa personnalité distincte, bien que, dans la scène du baptême de Jésus tout au moins, Luc, iii, 21, 22 ; Marc, i, 9-11 ; Matth., iii, 13-17, on puisse apercevoir la Trinité se manifestant.

Saint Luc montre le Saint-Esprit, comme esprit prophétique, inspirant des paroles ou des actes, qui n’ont donc pas leur source dans l’intelligence ou la conscience humaine seules. Zacharie, Elisabeth, Siméon sont remplis de l’Esprit-Saint, qui les fait parler et agir, i, 41, 67 ; ii, 25, 26, 27. Jean-Baptiste, qui sera le plus grand des prophètes, reçoit l’Esprit-Saint dès le sein de sa mère, i, 15. C’est ce même Esprit que Jésus promet à ceux qui prient le Père du Ciel, xi, 13 ; et plus spécialement à ses apôtres après la Résurrection, xxiv, 49 : bien que l’Esprit-Saint ne soit pas explicitement nommé en ce dernier passage, il n’est pas douteux que ce qui a été promis par le Père et que Jésus enverra, c’est l’Esprit-Saint (comparer Act., I, 4 et ii, 33 ; rapprocher aussi la force a" en-haut dont les apôtres seront revêtus avec la force du Très-Haut, de i, 35).

Mais c’est surtout en Jésus lui-même que se révèle l’action de l’Esprit-Saint, qui le pousse au désert, iv, 1 ; leconduiten Galilée, iv, 14 ; qui le fait tressaillir de joie, x, 21, résidant constamment en lui, comme l’avait annoncé le prophète Isaïe, lxi, 1, 2 cité Luc, iv, 18. Cette présence et cette action de l’Esprit-Saint sont manifestées visiblement dans la scène du baptême de Jésus, mais elles remontent à la conception même du Sauveur due à l’action directe de l’Esprit-Saint. Ici, le parallélisme établi systématiquement par saint Luc entre la naissance de Jean-Baptiste et celle de Jésus est révélateur : tandis que le Précurseur sera simplement rempli de l’Esprit-Saint dès le sein de sa mère, l’Esprit-Saint, la puissance du Très-Haut, i, 35, viendra sur Marie, et le résultat de son action sera un être saint, Fils de Dieu.

in. SOTÉRIOLOGIE. — 1° Le Christ Sauveur. — 1. Les termes de Sauveur (aw-nrjp), salut (owT^pîa) dont se sert saint Luc pour définir la mission du Christ parmi les hommes ne sont pas employés par les deux autres synoptiques.

C’est d’abord, ii, 11, l’ange de Bethléem qui annonce aux bergers la naissance du Sauveur, de celui dont Israël attendait le salut, d’après l’expression si fréquente dans l’Ancien Testament, où elle désigne avant tout la délivrance et l’avenir glorieux de la nation juive, et qui apparaît précisément avec insistance dans intique de Zacharie. Jésus lui-même déclare à Zachée qu’il apporte le salut dans sa maison, car le Fils de l’homme est venu chercher et suiwrr ce qui était perdu, xix, 9-10. « La propension des hommes du tempa

i saluer les rois comme sauveurs, surtout les Césars,

donne a ici le éplthète une saveur spéciale dans Luc. » inge, op. ii’.. p. exxwii : cf. aussi p. xi.m-xi.iv.

2. Comment le Christ opérera-t-tl ce salut ? - ses

soulli, i ni.nl en sont indiquées comme la

, ondll ion nécessaire par saint Luc, aussi bien que par

saint Marc, (.’est par une nécessité providentielle, Mu d’un décrel divin, déjà révélé dans les

iiinda prophétie du serviteur de Jahvé dans Isaïe),

que le (.luisl doit soulliir et mourir pour accomplir son

IX. —