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LOOS


I insu et sans la permission des supérieurs locaux, communiqués par moi, et envoyés à l’impression à Cologne ; étant pour lors informé que dans les livres susdits, dans certaines de nus lettres adressées au clergé et à la cour souveraine isenatus) de Trêves, et dans d’autres missives adressées pour empêcher le cours de la justice contre les sorciers et les sorcières imagos et veneficas), sont contenus de nombreux articles qui sont non seulement erronés et scandaleux, mais même suspects d’hérésie, et frisant le crime de lèse-majesté, en tant qu’ils sont séditieux, et téméraires, contraires à l’enseignement commun des docteurs en théologie, aux décisions et bulles des souverains pontifes, à la pratique et aux lois et décrets des magistrats et des juges, tant de cet archidiocèse de Trêves que des autres provinces et principautés ; pour cette raison je rétracte, condamne et rejette ces mêmes articles, dans l’ordre où ils sont rapportés ci-dessous, et veux qu’ils soient tenus pour n’avoir été dits ni affirmés par moi.

1. En premier lieu je rétracte, condamne, rejette et réprouve, ce que j’ai affirmé avec pertinacité, de vive voix et par écrit, près de beaucoup de personnes, et que j’ai voulu faire considérer comme le chef et l’essentiel de mon argumentation à savoir : qu’il faut regarder comme imaginaire et tenir pour une vaine superstition et pour commérages ce qu’on a écrit sur le compte du transfert corporel des sorciers et sorcières (magorum et sagarum). Car mon opinion subodore tout à fait la dépravation hérétique, et, pour autant qu’elle peut donner lieu à des séditions, elle sent le crime de lèsemajesté.

2. Car (et je le rejette en second lieu) j’ai, par lettres secrètes envoyées à divers, divulgué avec pertinacité à rencontre de la magistrature et sans raisons solides que les courses (nocturnes) des sorciers étaient fausses et imaginaires ; j’ai affirmé de plus que c’est la rigueur de la torture qui a contraint des malheureuses à avouer des crimes qu’elles n’avaient jamais commis, à confesser qu’elles avaient répandu le sang innocent, et que, dans la nouvelle alchimie, on tire du sang humain de l’or et de l’argent.

3. Et c’est pourquoi, soit dans des entretiens privés, soit dans des lettres adressées à l’une et l’autre magistratures, j’ai répandu l’opinion que les supérieurs et les juges étaient des tyrans.

4. Et conséquemment, étant donné que le Rrae et [lime archevêque et prince-électeur de Trêves, non seulement laisse punir des supplices convenables dans son diocèse sorciers et sorcières, mais a réglé lui-même la procédure et les frais judiciaires des procès en question, par une incroyable témérité j’ai tacitement accusé de tyrannie le dit électeur de Trêves.

5. Je rétracte en outre et condamne ces miennes conclusions : Il n’existe point de sorciers qui renient Dieu, rendent un culte au démon, déchaînent les orages par l’action du diable, et perpètrent des forfaits semblables ; mais tout cela sont des rêveries (somnia).

(). Et encore : magie n’est pas maléfice, magus n’est pas maie ficus et il faut entendre le passage d’Ex., xxii. Maléfices non patieris vivere, de ceux qui tuent par un poison naturel naturellement appliqué.

7. Il n’existe point et ne peut exister de pacte entre le démon et l’homme.

8. Les démons ne prennent point de corps.

3. La vie d’Hilarion, écrite par saint Jérôme n’est pas authentique (c’est-à-dire véridique).

10. Il n’y a point commerce charnel entre le démon et l’homme.

11. Ni les démons, ni les sorciers, ne peuvent déchaîner les orages, la pluie, la grêle ; tout ce qu’on raconte à ce sujet n’est que rêverie.

12. Les esprits, les formes séparées de la matière peuvent être vus par l’homme.

13. Il est téméraire d’aflirmer que, tout ce que peuvent les dénions, les sorciers le peuvent aussi par l’aide de ceux-ci.

11. L’idée qu’un démon supérieur peut chasser un inférieur est erronée et fait injure au Christ, Luc, xi, 18 sq.

15. Les papes dans leurs bulles ne disent pas que les sorciers et les faiseurs de maléfices perpètrent les crimes sus-indiqués.

16. Les papes qui ont donné pouvoir de rechercher Us sorciers, l’ont fait pour ne pas être eux-mêmes, s’ils l’avaient refusé, accusés de magie, comme certains de leurs prédécesseurs en ont été en fait accusés (allusion. je pense, à Sylvestre II).

Toutes et chacunes de ces affirmations avec d’innombrables calomnies, mensonges, fausses accusations contre les magistrats tant séculiers qu’ecclésiastiques, répandus avec pétulance, sans respect et faussement et dont pullulent mes écrits sur la magie, je les condamne et retire expressément et sciemment, demandant humblement pardon à Dieu et à mes supérieurs et promettant avec sincérité que dorénavant je n’enseignerai plus rien de tel, ne divulguerai, défendrai, affirmerai verbalement, ou par écrit, par moi ou par d’autres, à quelque endroit que je me puisse trouver. Si je contreviens, je me soumets d’ores et déjà à toutes les peines de droit contre les hérétiques relaps, les réfractaires, séditieux, coupables de lèse-majesté, convaincus publiquement d’être sycophantes, et contre les parjures. Je me soumets également à la correction arbitraire tant de l’archevêque de Trêves que de tous autres magistrats, au pouvoir desquels je pourrais me trouver, et qui auraient acquis certitude de ma rechute et de la violation de ma parole, afin qu’ils me punissent selon mon mérite, dans mon honneur, ma renommée, mes biens et mon corps. »

Les propositions avancées par Corneille Loos, bien qu’il les ait rétractées, témoignent d’un sens critique peu ordinaire à cette époque quand il s’agissait de diableries. On relèvera aussi chez ce théologien curieux le souci d’écrire en un latin élégant et de débarrasser la langue de l’École des vocables barbares dont elle s’était peu à peu encombrée. De ce souci les Scopæ latinæ ad purgandam linguam a Barbarie, Mayence. 1582, sont un intéressant témoignage.

Loos est d’ailleurs surtout un controversiste et la majeure partie de son œuvre est dirigée contre les protestants : 1. De tumultuosa Belgarum rebellior.e sedanda sive spiritus vertiginis utriusque Germanise in Religion is dissidio (unde cuncta’calamitates) vera origo. progressus, ac indubitatus curandi modus, cum rejectione inefficacium ad hoc remediorum, Mayence. 1579. 1582 ; composé sur les conseils de Ruart Tapper et de Lindanus, voir ci-dessus, col. 772, ce livre attaque aussi bien les hérétiques que les conciliateurs. — 2. D’inspiration analogue est l’Apologia in orationem Philippi de Marnix… Wormatiano conventu habitam mense maio 1578, Luxembourg, 1579 ; l’auteur s’y élève avec véhémence contre les reproches que le dit Philippe de .Marnix avait faits, lors de la diète de Worms en 157N. à l’administration du duc d’Albe dans les Pays-Bas. 3. Annotationes in Ferum super Joannem, édition expurgée du commentaire de Jean Férus (ou Féri) sur saint Jean ; cf. Dictionnaire de la Bible, t. n. col. 2210. — 4. L’rbis et orbis defensio et vindicatio advenus Christianum Franckenium cœterosque seciarios àpToÀaTpsiocv (adoration du pain) impie afférentes. Mayence, 1581, est dirigé contre le protestant Francken, qui, d’abord jésuite à Rome, en 1568. était passé au luthéranisme, puis au calvinisme, pour finir dans le socianisme. — 5. Duellum fldei et rutionis : Si in