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LOLLARDS. LES LOLLARDS EN ANGLETERRE


cire, l’encens, les pierres d’autel, les murailles d’église, les vêtements, les mitres, les croix, les crosses, sont superstitieuses et doivent être interdites ; les rois doivent avoir la juridiction épiscopale et maintenir un bon gouvernement de l’Église ; on ne doit pas faire de prière spéciale pour les morts ; les pèlerinages, prières, oblations faites à certaines croix, à certaines statues sont parentes de l’idolâtrie et détournent de l’aumône ; la confession faite à un prêtre et déclarée nécessaire au salut est la source de l’arrogance du clergé, le motif de coupables indulgences et autres abus ; toutes les guerres sont contraires aux principes du Nouveau Testament et ne sont qu’un prétexte au massacre des peuples pour la gloire des rois ; le vœu de chasteté imposé aux religieuses aboutit à l’infanticide, à l’avortement, aux crimes contre nature ; la plupart des industries somptuaires, telles que celles des orfèvres et des armuriers, sont inutiles et entraînent un luxe abusif. » — Ce document étrange se termine par ces mots : Hœc est noslra ambaseiala (ambassade) quam Christus præcepit nobis prosequi, islo tempore maxime acceptabili pro multis causis.

Le roi, qui jusqu’alors avait tenté de paralyser l’action du clergé contre les lollards, s’éleva fortement contre la pétition et ses partisans. Il ordonna d’emprisonner les prédicateurs lollards et s’il était nécessaire de les brûler à vue de tout le peuple.

En 1399, Henri IV de Lancastre (1399-1413) détrôna Richard II Plantagenet et se montra encore plus opposé au mouvement lollard. Il résista à la Chambre des communes qui lui demandait la confiscation des biens du haut clergé en prétextant que ces biens auraient suffi pour entretenir 15 comtes, 1 500 chevaliers, 6 200 écuyers et cent hôpitaux. Il promulgua en 1401 le fameux édit de hæretico comburendo qui condamnait à la peine du feu les hérétiques opiniâtres. C’est ainsi que le prêtre "William Sawtrey (Chartris), ayant refusé d’abjurer, fut brûlé à la Croix de Saint-Paul (mars 1401). En 1410, l’artisan John Badby fut condamné au feu ; le prince de Galles essaya en personne de lui faire abjurer ses erreurs, mais inutilement. L’archevêque de Cantorbéry, Arundel, poursuivit les lollards avec zèle et essaya de purger l’Université d’Oxford de ses tendances hérétiques. En 1408, il fit adopter dans une assemblée les célèbres « Constitutions d’Arundel » ; elles interdisent de prêcher sans l’autorisation de l’évêque, défendent de dénoncer devant les laïques les désordres du clergé et ordonnent que toutes les œuvres des lollards, ainsi que leurs traductions de la Bible, soient recherchées et détruites. Texte dans Wilkins, op. cit., t. iii, p. 314-319.

Henri V (1413-1422) ayant succédé à son père dut poursuivre les gentilshommes campagnards qui protégeaient l’hérésie. Il essaya vainement de ramener à la vérité Sir John Oldcastle, qui s’appelait, par sa femme, lord Cobham. N’ayant pas réussi, il le fit citer publiquement comme hérétique. Reconnu comme tel, Cobham fut emprisonné quarante jours dans la Tour de Londres. Il parvint à s’échapper et appela ses coreligionnaires à son aide. Il disparut quelque temps et prépara en Galles une insurrection. Reconnu coupable de haute trahison, il fut pendu et brûlé (1417). Voir les actes du procès ecclésiastique, dans Wilkins, op. cit., t. iii, p. 353-357, et dans Fasciculi Zizaniorum, p. 433-452 ; la confession d’Oldcastle dans les Fasc. Zizan., p. 414-416. Sur le personnage on trouvera d’abondants renseignements dans le Dictionary of national Biography, au mot Oldcastle.

Le peuple anglais, absorbé par sa guerre contre la France, ne manifesta pas grande sympathie pour la victime ; les sentiments guerriers étaient alors au paroxysme et l’on éprouvait moins de sympathie pour les idées pacifistes émises par les lollards. Ceux-ci

continuaient néanmoins leur campagne de pamphlets : La prière du Laboureur, La torche de lumière. On y voit combien, à la suite de la persécution qui les atteignait, les lollards s’étaient peu à peu éloignés de l’enseignement traditionnel. Ils étaient particuliè ement nombreux dans les comtés de Somerset, Norfolk, Suflolk, Essex, Lincoln et Buckingham.

7. Après le concile de Constance.

Cependant le concile de Constance (1414-1418 ; avait mis fin au schisme d’Occident, il voulut proclamer la foi traditionnelle contre les nouveautés hérétiques. L’exécution de Jean Huss et de Jérôme de Prague, ainsi que la condamnation solennelle des erreurs de Wiclef, eurent leur écho en Angleterre et ranimèrent le zèle contre les lollards. Ceux-ci durent quelque temps dissimuler leur propagande ; ils ne purent continuer leurs prédications publiques, mais tenaient des conventicula occulta dans les maisons particulières, les cabanes des paysans, même des cavernes ; on y lisait la Bible et on réchauffait le zèle des fidèles. Malgré tout, l’archevêque de Cantorbéry pouvait déclarer en 1428 que les lollards étaient aussi nombreux que jamais et que leurs écrits clandestins continuaient à se répandre aussi largement que dans le passé. Beaucoup de prêtres de campagne leur étaient secrètement affiliés et, en maints endroits, les processions étaients upprimées et le culte des saints abandonné. Voir dans Wilkins, op. cit., t. iii, p. 493-503, le procès-verbal de la « Convocation » de la province de Cantorbéry de 1428, où furent interrogés un certain nombre de suspects.

D’Angleterre la secte essaima en Ecosse ; Knox reconnaîtra les lollards de Kyle et d’Ayrshire comme les véritables précurseurs de la Réforme.

Erreurs professées par les lollards.

Nous pouvons

retrouver les erreurs des lollards dans le Repressor composé en anglais, vers 1449, par Réginald Pecock, évêque de Chichester, contre ceux qu’il appelait les hommes de la Bible. » Il ramène leur doctrine à onze chefs : condamnation de la possession et de l’usage des saintes images dans les églises, des pèlerinages aux lieux consacrés par les saints, des possessions temporelles par le clergé, de la hiérarchie ecclésiastique, de la promulgation des lois et ordonnances papales ou épiscopales, de l’institution des ordres religieux, de l’invocation des saints, du luxe des pompes et cérémonies religieuses pour la messe et les sacrements, de l’usage du serment, du maintien des guerres et de la peine capitale. Sauf ce dernier point qui est nouveau, toutes ces doctrines se trouvent déjà chez Wiclef.

Pecock fait dériver toutes ces erreurs de cette fausse opinion que nul chrétien ne peut être lié par une loi qui n’est pas clairement indiquée dans la sainte Écriture et que, d’autre part, le plus humble des chrétiens, homme ou femme, est capable de trouver sans crainte d’erreur le véritable sens de l’Écriture.

Voici une formule d’abjuration, tirée du registre de William d’Alnwick, évêque de Nonvich (1426-1436).. puis de Lincoln (1436-1449), et datée de 1439. elle renferme à peu près l’ensemble des hérésies des lollards : « Je, Stephen Swallow, fermier… confesse que., pendant la durée de trente ans et plus… j’ai cru que dans le saint sacrement de l’autel la substance matérielle du pain subsiste et que le Christ n’est pas réellement présent avec son corps dans ledit sacrement… Aussi que le baptême, la confirmation, l’ordre, la pénitence, le mariage, la confirmation et tous les sacrements de l’Église sont de nul effet… Aussi, qu’un homme contrit dans son cœur et s’étant confessé secrètement et humblement à Dieu est absous, donc que la confession orale est inutile… Aussi que le pape est un vieil imposteur ayant dans sa main une coupe de poison… En conséquence, je, Stephen, abjure toutes les hérésies ci-dessus et autres damnables opinions. »