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LITURGIE. FORMULES LITURGIQUES


générale, la question des anciens symboles ont été étudiés avec beaucoup de soin par les critiques du xix « et du xxe siècle. Des travaux de première importance ont été publiés sur ce sujet. Nous renvoyons aux articles Apôtres (Le symbole des), t. i, col. 1660-1680 et Athanase, col. 2178, où ces travaux sont cités. On trouvera le texte de tous ces symboles établi d’une façon critique dans l’ouvrage de Denzinger déjà cité, Enchiridion symbotorum, et pour ce qui concerne les anciens formulaires dans L. Hahn, Bibliothek der Symbole imd Glaubensregcln, 3e édit., Breslau, 1897.

8. Doxologies. — La plupart des prières que nous avons décrites, prières litaniques, collectives, anaphores, etc., se terminent par une doxologie, c’est-à-dire par une louange en l’honneur de Dieu et plus particulièrement de la Trinité. La doxologie est donc en général une prière dépendante d’une autre. Cependant, elle peut aussi, à elle seule, former une prière ; c’est le cas pour la plus célèbre des doxologies, le Gloria in excelsis Deo, que l’on appelle la grande doxologie, et aussi pour le Te decet laus conservé dans la liturgie bénédictine et qui se lit au t. VII, c. xlviii des Constitutions apostoliques.

Cette forme de prière, qui paraît si exclusivement chrétienne, puisqu’elle fait d’ordinaire mention des trois personnes de la Trinité ou au moins de l’une d’elles, a cependant existé chez les juifs. On la rencontre souvent à la fin des.psaumes, notamment à la fin du dernier des psaumes de chacun des cinq livres : ps. xl : Benedictus Dominus Deus Israël et usque in sœculum. Fiat, Fiat ; ps. lxxi : Benedictus Dominus… et benedictum nomen majestatis ejus in seternum, etc. Cf. aussi Gen., ix, 26 ; xxiv, 27, Ex., xviii, 10, etc. Parfois la doxologie, chez les juifs, est sous forme de simple acclamation, comme du reste chez les chrétiens. Sur la doxologie chez les juifs, cf. The Jewish Encyclopedia, t. viii, col. 134, au mot Liturgy.

En passant chez les chrétiens, la doxologie est baptisée. Ainsi saint Paul : Soli sapienti Deo per Jesum Christum, cui honor et gloria in seecula sœculorum, amen. Rom., xvi, 27. Cf. Jude, 24, 25.

Cependant, on rencontre encore dans saint Paul des doxologies adressées au Père seul. Gai. i, 4-5 ; Rom., xi, 36. Mais aussi quelques-unes sont adressées au Fils seul, ainsi la doxologie tant discutée, mais dont le sens nous semble cependant si clair : Christus secundum carnem, qui est super omnia Deus benedictus in seecula. Amen. Rom., ix, 5 ; et encore Hebr., xiii, 21 ; cf. aussi II Petr., iii, 18, Apoc, i, 5, 6 ; v, 13, etc. Même emploi de la doxologie aux temps apostoliques dans saint Clément de Rome, dans la Didachè, qui termine le Pater par une doxologie, dans le martyre de saint Polycarpe (dont l’authenticité a été contestée précisément à cause de la forme de la doxologie). Les documents que nous avons cités donnent des exemples de la doxologie chrétienne dont la forme dans la liturgie variera presque à l’infini. On voit aussi, par là même, quelle peut être la portée dogmatique de cette formule. Elle est en général une confession de la Trinité, de l’égalité des personnes dans l’unité de la nature divine.

Aussi, dans les disputes avec les hérétiques, notamment avec les ariens, les doxologies leur furent opposées, et ils essayèrent soit de les altérer, soit d’en contester le sens. A la doxologie courante, Arius substituait cette formule : Gloire au Père par le Fils dans le Saint-Esprit. C’est à l’occasion de la lutte contre les ariens que la doxologie ordinaire : Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit se répandit et prit dans la liturgie une place si importante. On voit dans les traités anonymes publiés par Mai et dont les passages liturgiques ont été réédités par Mercati, comment les ariens se servaient des formules de la liturgie, oraisons et préfaces. Cf. notre article Ariens, dans Dicl.

d’archéol, t. i", col. 2814 sq., et Mgr G. Mercati, Studie Testi, n. 7, Antiche reliquie liturgiche, Rome, 1902, p. 47 sq ; Paléographie musicale, t. iii, p. 20.

Parmi les doxologies principales, il faut citer celle qui termine le canon. Elle est aujourd’hui conçue en ces termes : Per ipsum (Christum) est tibi Deo Patri omnipotenti in unitate Spiritus sancti omnis honor et gloria per omnia sœcula seeculorm. Amen. Les signes de croix au-dessus du calice avec l’hostie consacrée qui accompagnent ces paroles, l’élévation de l’hostie et du calice, qui fut longtemps l’élévation principale de la messe, enfin la réponse Amen par les fidèles qui, ici encore, est une confession de foi, un acquiescement aux paroles du canon, donnent à cette doxologie finale une importance de premier ordre. On trouve cette doxologie sous une forme ou sous une autre dans toutes les liturgies.

Sur la doxologie aux temps apostoliques, cf. F.-H. Chase, The Lord’s Prayer in the early Church, Londres, 1891, p. 168-178 ; Hastings, The Dictionary of the Apostolic Church, 1915, t. i, p. 312-313 au mot Doxology ; cf. aussi Lcbreton, La prière dans l’Église primitive, dans Recherches de science religieuse, février et avril 1924, p. 5-32 et 97-133.

9. Exhortations.

On peut lire dans le pontifical, pour les ordinations, des exhortations sous forme d’homélie qui prennent place d’ordinaire au commencement de la cérémonie et dans laquelle le prélat consécrateur expose à l’ordinant la nature de l’ordre qu’il va recevoir et les dispositions qu’il y doit apporter. Il y a aussi des exhortations de même genre dans le sacre des rois, dans la réconciliation des pénitents, Adesl, o venerabilis Pontijex, etc. Dans les sacramentaires les plus anciens, on trouve des exhortations adressées aux catéchumènes et, dans la liturgie gallicane, les oraisons sont parfois précédées d’une invitation qui semble revêtir le même caractère que l’exhortation de l’évêque. Cette classe de formules est beaucoup moins riche que les précédentes et ne peut fournir au théologien que de rares indications.

10. Chants et psalmodie. — Les diverses oraisons, les préfaces, les acclamations, les hymnes, les proses, les lectures même, sont souvent chantées dans le service divin. Mais nous parlons dans ce paragraphe plus spécialement des antiennes, des répons, des versets, des psaumes et des cantiques, qui forment une catégorie spéciale parmi les prières liturgiques. Les textes de ces introïts, graduels, traits, alléluias, communions, Sanctus, Agnus Dei, sont d’ordinaire tirés de l’Écriture sainte. Cependant il y a des exceptions : ainsi le IVe livre (apocryphe) d’Esdras a fourni les introïts Accipite jucunditatem, et Requiem eeternam, le verset alleluiatique Crastina die, le répons et l’antienne Lux perpétua, le répons Modo coronantur. Voir J. Labourt, Le cinquième livre d’Esdras, dans Revue biblique, 1909, p. 413 sq. ; cf. dom G. Morin, Revue bénédictine, 1890, p. 343 sq. Le cantique de Manassé et d’autres livres apocryphe sont aussi laissé des traces dans notre liturgie. Ces passages sont indiqués dans Marbach, Carmina scripturarum, Strasbourg, 1907.

Il ne suffit pas, pour se rendre compte du sens de ces formules, d’en étudier le texte, il faut encore remarquer la place qu’elles occupent dans la liturgie. Il est certain, par exemple, que le fait pour le Sanctus qu’il suit la préface et qu’il fait partie primitivement du canon (voir notre article, Canon, (Le ? limites du) dans Dict. d’archéol., t. ii, col. 1848), qu’il remonte aux premiers siècles, qu’il est dans toutes les liturgies, augmente singulièrement sa portée dogmatique. C’est une confession de la Trinité, de la divinité du Fils. Dans la liturgie romaine, le répons Duo seraphim qui lui fait pendant, avec le verset Très sunt qui testimonium dant in cœlo, souligne encore l’importance de ce témoignage.