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    1. LITURGIE##


LITURGIE. ATTITUDES ET GESTES LITURGIQUES

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t. mi, col. 979 sq. La fête de l’Assomption, son antiquité et son universalité, est devenue aussi un argument de premier ordre aux mains des théologiens. La fête de la Toussaint et celle des morts nous donnent un enseignement populaire sur la communion des saints, sur l’Église militante, souffrante et triomphante. Nous ne pouvons sur ce sujet que renvoyer à l’Année liturgique de dom Guéranger et airx ouvrages similaires dont le but est précisément d’exposer aux fidèles la doctrine de l’Église au moyen de la liturgie.

Les fêtes des martyrs et des confesseurs, antérieures au ve siècle, sont aussi un témoignage de sa croyance à l’intercession des saints et au culte de dulie, dont les limites sont scrupuleusement tracées par l’enseignement chrétien. Sur ce point aussi il y a accord parfait entre la pratique de la liturgie et l’enseignement de l’Église.

D faut insister aussi sur l’enseignement que nous donne l’année liturgique au point de vue mystique et ascétique. La classification qui correspond aux époques liturgiques : l’Avent, la Septuagésime et le Carême représentant la vie purgative, Noël et Pâques, la vie illuminative, le temps après la Pentecôte, la vie unitive, est peut-être un peu artificielle ; il n’en est pas moins vrai que l’intention de l’Église est de conduire l’âme chrétienne au moyen de l’année liturgique par les étapes de la vie spirituelle et de l’élever ainsi jusqu’aux plus hauts sommets de la contemplation. Toutes ces questions ont été traitées avec beaucoup d’originalité et de profondeur dans la thèse de dom Festugière à laquelle nous renvoyons, La liturgie catholique, essai de synthèse, Maredsous, 1913.

VII. Attitudes et gestes liturgiques, signes, formules, actes et rites. — Les différents rites dont se compose la liturgie chrétienne peuvent se classer sous l’un ou l’autre des titres que nous venons d’énumérer. D’ordinaire, plusieurs de ces éléments sont réunis pour former un rite. Ainsi, dans le baptême et dans la plupart des sacrements et des sacramentaux, on trouve un signe sensible, c’est-à-dire une substance matérielle, l’eau, l’huile, le viii, le sel, les cendres, avec une parole ou formule pour déterminer le sens du symbole, un geste ou un acte, bénédiction, signe de la croix, imposition des mains. C’est le mot de saint Augustin, accedil verbum ad elementum et fit sacramentum. Nous nous en tiendrons à cette classification pour la commodité de l’exposition.

Attitudes et gestes liturgiques.

Pendant la prière,

le fidèle est debout, à genoux ou prosterné. La première attitude, qui était la plus ordinaire dans l’antiquité chrétienne indiquait le respect, l’attention, la application. La génuflexion et la prostration sont prescrites quand la prière devient plus humble, plus suppliante ; c’est aussi un signe d’adoration qui ne saurait s’employer en principe que dans la prière au Père ou a l’une (les personnes de la Trinité.

Parfois, surtout dans l’antiquité, on étendait les mains en forme de croix, pour rappeler l’attitude du Christ sur la croix, ou on les élevait vers le ciel, comme i ailles, ce qui est un autre signe de supplication.

L’attitude pendant la lecture de l’évangile avait aussi son Importance. I)’aprés l’usage romain, le diacre se tournait vers le midi ; dans l’usage gallican, il se tournai ! vers le Nord, d’où lis discussions dont on tlOUVe des traces dans le Mirmlogur, c. IX.

L’habitude de prier les mains jointes qui est si répandue aujourd’hui paraît moins ancienne. On a dit qu’on n’en trouve pas d’exemple avant le ir siècle sur les monuments chrétiens.

on Recbenberg, De gtipoeaia oranttum, Leipzig, H’.ss. reproduit dans Volbedtng, Thetàuriu mmmentallonum tttedarum, Leipzig, 1847, t. t ; dom i.. Qougaud, La <r<n irx (>r</> ni, rmr, dani Rautana angortma, sept, oc t. 1908,

p. 343-354 ; sur la génuflexion, le même, Some lilurgical and ascetic traditions of the celtic Church, dans Journal o/ theological Studies, 1908, t. ix, p. 556-561.

Un théologien du xviie siècle, Jean Le Lorrain, a écrit tout un traité sur la coutume de prier debout pour réfuter Basnage, Claude, de Larroque et autres protestants qui prétendaient tirer de cette habitude la preuve que les premiers chrétiens ne croyaient pas à la présence réelle dans l’Eucharistie. Voir art. Le Lorrain.

Plus récemment, un archéologue et théologien allemand. F.-J. Dôlger, publiait une thèse non moins intéressante sur l’ancienne coutume chrétienne de prier en se tournant vers l’orient qui, elle aussi, examine une croyance des premiers chrétiens en Jésus, soleil de justice, ressuscité et assis à la droite de Père, d’où il reviendra sur la terre pour juger tous les hommes : Sol salutis, Gebet und Gesang im christlischen Altertum mil besonderer Riicksichi auf die Ostung inGebet n. Liturgie, Miinster-en-W., 1920. Voir aussi du même, Die Sonne der Gerechtigkeit und der Scluvarze. Eine religiongeschiehtlische Er/orschung : um Taufgelôbniss, ibid., 1918. Il y a souvent aussi des remarques ingénieuses et fines dans dom Claude de Vert, Explications des cérémonies de l’Église, Paris, 1720, 4 vol., mais elles sont souvent gâtées par l’esprit de système.

Les gestes en liturgie ont aussi leur signification comme les attitudes : la génuflexion est un signe d’adoration ; l’imposition des mains, employée dans plusieurs rites, signifie tantôt la communication d’une grâce d’en haut (confirmation, ordination), tantôt une élection, tantôt l’absolution des péchés, tantôt une simple bénédiction. C’est un des gestes les plus importants dans la liturgie, cf. Imposition des mains, t. vii, col. 1302-1425. Le baiser de paix n’a pas besoin d’être expliqué, il est un signe de la charité, de l’amour et de la fraternité qui doit régner entra tous les chrétiens. Le lavement des mains ou des pieds est un signe de purification, et aussi d’hospitalité, de charité.

Le signe de la croix, un des plus fréquents parmi ces gestes liturgiques, est employé à la messe, dans l’administration des sacrements, dans la plupart des prières. Il peut être considéré comme une doxologie puisqu’il est à la gloire de la Trinité, et il est en tout cas une confession de ce mystère, de l’égalité des trois personnes, de la divinité du Fils et du mystère de la rédemption par la croix. Cf. Croix (Signe de la), dans Dict. d’archéol., t. iii, col. 3139 sq.

Dans l’Église de Milan, le catéchumène, avant de recevoir le baptême, crachait vers l’Occident, où le diable était supposé se tenir. Ce rite existe encore en Orient, mais il n’y en pas d’autre trace en Occident. que je sache. Cf. La spulation rite baptismal de l’Eglise de Milan au IVe siècle, par dom Morin, dans Revue bénédictine, t. xvi, p. 414.

Il est dit dans l’Évangile que Jésus souffla sur ses disciples pour leur donner le Saint-Esprit. Le souffle encore aujourd’hui est un des rites du baptême, niais il a une autre signification ; on le trouve aussi dans la bénédiction de l’eau baptismale et dansla consécration des saintes huiles.

L’élévation de l’hostie et du calice à la messe a une signification sur laquelle il est presque inutile d’insister. Les cérémonies qui accompagnent cette élévation sont une preuve de la foi de L’Eglise romaine en la réalité de la transsubstantiation. C’est le corps et le sang du Christ qui sont ainsi présentés à l’adoration des fidèles. Cette question a donné lieu récemment à des études et i îles discussions sur lesquelles nous n’avons pas à revenir ici. Nous nous contentons de renvoyer à l’article Elévation, dans le Dirl. d’archéol., t. IV, col. 2662, où nous avons résumé la controverse.

L’onction avec l’eau, l’huile, ou le saint chrèui’aussi employée dans plusieurs sacrements ou sacramentaux et unie au signe de la croix.

Cf. P. W. < ulrnan, Dai Salben im Xforgen u. Ibendlande, 1870 ; les articles OU et Anotntlng, dans Hastings, /'