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LITURGIE. LES LIVRES LITURGIQUES, LEUR DEGRÉ D’AUTORITÉ


vées par quelques théologiens, p. 236, 245, 247, 251, 254, 256, 271, 338.

La dévotion envers la vierge Marie (puissance de son intercession, différents mystères, notamment assomption), est telle qu’on pouvait l’attendre dans ce pays qui s’est dès longtemps distingué par son culte pour la sainte Vierge, p. 233, 238, 254, 256.

La primauté du pape, successeur de Pierre, est proclamée avec beaucoup de netteté dans la fête de saint Pierre, dans celle de la chaire, p. 260, 268, 306, etc., dans celle de saint Saturnin, qui tient ses pouvoirs de Pierre, p. 262, et dans la messe de saint Sixte, p. 315, 316.

L’article de la descente du Christ aux enfers, qui est une autre caractéristique des liturgies gallicanes, est souvent enseigné, p. 280, 291, 294, 300, etc. Cf. notre article sur la Descente du Christ aux enfers, dans Dict. d’archéologie, t. iv, col. 685 sq.

L’enseignement sur le purgatoire est aussi assez net, mais il y a des passages qui peuvent donner à penser que les notions sur le jugement immédiat et la rétribution des mérites, aussitôt après la mort, sont encore assez vagues (rétribution tardive). Cf. p. 277, 278, 264, 268, 250 (cependant p. 258), 311, 337.

Quoique l’épiclèse soit exprimée d’ordinaire en termes qui laissent aux paroles de la consécration toute leur efficacité, il se trouve cependant telle de ces formules qui pourrait donner le change, comme dans certaines liturgies orientales, p. 323. La doctrine sur le culte des saints est aussi très orthodoxe, p. 313, 318.

c) Le Missale gallicanum vêtus. — Il présente des analogies nombreuses avec le précédent. On a pu conjecturer, non sans raison, qu’ils ont tous les deux tiré parti d’un archétype aujourd’hui perdu, qui contenait une partie d’un sacramentaire autunois et des libelli missoe venus d’Espagne, du sud-ouest de la France et de Rome. Il contient, comme le gothicum, beaucoup d’éléments romains. Édité d’abord par Tommasi, puis par Muratori, il a été l’objet, au point de vue paléographique surtout, d’un grand nombre de dissertations. Il peut remonter, comme le précédent, à la fin du vu siècle ou au commencement du viii°. Cf. Duchesne, Origines du culte chrétien, p. 153 ; Dict. d’archéol., art. Gallicane (Liturgie), t. vi, p. 529.

Le Gallicanum vêtus, qui est si étroitement apparenté, liturgiquement parlant, au Missale gothicum, ne lui cède en rien pour la richesse, l’élévation et, d’ordinaire, la précision de la doctrine. Nous y retrouvons le même enseignement sur la Trinité, p. 380, 386, sur le péché originel et la réparation de la nature. p. 375-400, sur l’incarnation et l’union des deux natures, p. 405, sur le Verbe dans la Trinité, p. 392, sur la nécessité de la grâce, p. 413. sur le dogme de l’eucharistie, p. 388, 386.

Plusieurs oraisons, adressées directement au Christ, sont très remarquables aussi par la doctrine et surtout par l’onction, le ton de tendresse et d’intimité dont on a fait avec raison ressortir la différence avec le style plus précis et plus austère des formules romaines. I’. h fois, hélas ! ce style gallican, tombe dans la préciole raffinement, la prolixité, p. 272, 316, 377, 383, 388. 392. 393, 111.

A remarquer aussi les formules sur la sainte Vierge, p. 375, sur le pape, p. 389, sur la descente aux enfers, i>. 393, 395. Malheureusement, on trouve ici In trace de cette erreur qui paraît spécifiquement gallicane (en Occident, l’entend), que le corps du Christ au tombeau fut abandonné parla divinité relicto paulisper eorporli lemuln tnferorum claïutra eonfringau, etc. p. 112.

d) i.f M tuale Francorum. Il est d’un caractère tout différent et ne contient que des fragments, prières

lination, de consécration des autels et onze

messes. Il est tellement saturé d’éléments romains, que Mgr Duchesne l’a enlevé au dossier gallican, pour le verser dans celui des livres romains. Mais il garde assez d’éléments gallicans pour qu’on le laisse à la place que lui ont donnée Tommasi, Mabillon et Muratori qui l’ont édité tour à tour. On a discuté beaucoup sur son lieu d’origine ; il semble que l’hypothèse la plus vraisemblable est celle qui lui donne comme patrie Poitiers, ou du moins la province du Poitou. Cf. Dict. d’archéol., t. vi, col. 524, où l’on trouvera la mention des travaux dont il a été l’objet.

Comme on l’a dit, ses emprunts aux documents romains sont nombreux et, si l’on en était réduit à ce missel pour apprécier la liturgie gallicane, on serait embarrassé pour porter un jugement sur sa valeur dogmatique. Cependant, ici encore, on trouve quelques oraisons d’un caractère bien gallican. Par exemple, l’oraison adressée nu Christ : Rex Regum, Dominus dominantium, Sacerdos omnium, Ponlijex unirersorum per quem una cum Paire Sanctoque Spiritu, etc., p. 355.

La doctrine de la transsubstantiation y est aussi nettement enseignée que dans le Gothicum et le Gallicum Vêtus, notamment p. 347, 364.

e) Le Missel ou sacramentaire de Bobbio n’est pas non plus un témoin parfaitement pur de la tradition gallicane. On y trouve des éléments celtiques, mozarabes, surtout romains, si bien que l’on a hésité longtemps pour fixer son lieu d’origine, les uns préférant Bobbio et un milieu irlandais, les autres désignant la Bourgogne ou la Suisse ou même la province de Milan. Dom Morin a proposé en dernière analyse la Narbonnaise Première ou, plus exactement, la Septimanie. Cf. Dict. d’archéol., Bobbio (Missel de), t. ii, col. 939 sq. et t. vi, col. 523, 524, où l’on trouvera aussi la mention des derniers travaux sur ce missel. Après Mabillon, qui l’a découvert et le premier édité, il a été reproduit en fac-similé par la Bradshaw Society, The Bobbio Missal. A gallican Mass-book, in-4°, Londres, 1917.

Mais, quoi qu’il en soit de son origine, il porte, dans un grand nombre de ses oraisons et de ses contestations, la marque des doctrines liturgiques gallicanes que nous avons relevées dans les livres gallicans ; cf. les contestations adressées au Christ, p. 389, 391 ; l’insistance sur la doctrine du péché originel, sur la réparation de la nature humaine, sur l’universalité et la nécessité de la grâce, la descente aux enfers, p. 294, 333, 366, etc.

L’erreur sur la rétribution tardive est aussi enseignée en termes assez nets, p. 359 (surtout dans la contestatio, p. 385). Il proclame que l’Esprit procède du Père, sans mention du Filioque, p. 313, 376.

La contestatio sur la rédemption par la croix est fort curieuse, p. 333 ; on peut remarquer aussi la teneur des préfaces sur les personnages de l’Ancien Testament. Il est bon de signaler encore la contestatio sur le jugement universel : O magnam vallem Josaphat, p. 371, 372.

Le style et le ton de toutes ces formules, en dehors des emprunts à la liturgie romaine, est très nettement gallican. Il en a les qualités, comme aussi les défauts.

En somme, nu point de vue théologique, comme nous l’avons vii, l’autorité de cette liturgie est diminuée pat M tait que nous ne la connaissons que dans un état fragmentaire, que les mss. que nous avons révèlent souvent des copistes Ignorant ! el. enfin, parce que nous n’avons pas de garants officiels poux ni tester sou usage. Chacun de ces livres, pris en lui-même, n’engage guère que in responsabilité d’un compilateur ou de l’Église qui l’a employé. Tels qu’ils sont cependant, ces documents nous permettent d’affirmer qu’il y n eu du i’nu tv siècle une liturgie en Gaule, différente de la liturgie romaine et ses formules nous