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LITTA — LITURdli ;.


jamais été ni prohibée, ni condamnée. On prétendait

trouver ww autorité contraire dans la bulle Unam sanctam de Boniface VIII, mais on a reconnu qu’il n’a rien décidé ni défini là-dessus. D’ailleurs, il est certain que plusieurs docteurs et plusieurs écoles l’ont enseignée et qu’elle n’a jamais été notée d’aucune manière : ainsi on ne peut pas dire qu’elle soit condamnée. Mais on pourrait encore moins condamner ou désapprouver l’autre opinion, qui a été suivie par un grand nombre de docteurs et d’écoles célèbres, comme nous verrons bientôt. » Lettre vii, p. 47-48. Cela ne veut pas dire que Litta fasse bon marché de la théorie du pouvoir indirect, car les trois lettres suivantes sont consacrées à en montrer le bien-fondé. — On pourrait multiplier les citations qui montreraient chez ce théologien, qui était aussi un homme d’État, une très grande largeur d’idées. Ce qui précède fera comprendre l’heureuse influence qu’a pu exercer en faveur des doctrines romaines l’opuscule du cardinal.

Quérard, La France littéraire, t. v, 1833, p. 325 ; Feller-Pérennès, Biographie universelle, t. vii, 1834, p. 486 ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xxxi, 1862, p. 367 ; Kirchenlexikon, 2e édit., t. vui, 1893, col. 13-19, insiste surtout sur l’action religieuse de Litta, nonce apostolique en Russie ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. v a, col. 635, 636.

É. Amann.
    1. LITURGIE##


LITURGIE. — I. Préliminaires. II. Originalité de la liturgie chrétienne (col. 790). III. Le point de vue apologétique (col. 791). IV. Histoire, division des liturgies, évolution, classification (col. 794). V. Les livres liturgiques, leur autorité (col. 799). VI. Le cadre liturgique (col. 818). VII. Gestes et attitudes, éléments, formules, actes et rites (col. 821). VIII. Le magistère de l’Église sur la liturgie (col. 837). IX. Les hérétiques et les altérations de la liturgie (col. 840).

I. Préliminaires.

L’article Liturgie, dans un dictionnaire comme celui-ci, ne peut donner ni une histoire générale de la liturgie, ni une synthèse détaillée de cette science. Il doit se borner à montrer la place de la liturgie dans la théologie générale, et à fournir au théologien les indications qui lui sont nécessaires pour parler avec compétence de la liturgie ; lui permettre, au moyen de références, d’approfondir telle ou telle question, enfin de donner à l’argument liturgique toute sa portée théologique.

Définitions.

La Liturgie, dans son acception

actuelle qui n’est pas fort ancienne, peut se définir le culte public et officiel que l’Église chrétienne rend à Dieu. D’après cette définition, sont exclues du domaine de la liturgie proprement dite toutes les prières privées, quelle que soit leur popularité, toutes les dévotions qui n’ont pas l’approbation officielle, ou qui n’ont pas une place dans le culte public. Ces documents, du reste souvent curieux, peuvent servir à écrire l’histoire si intéressante de la dévotion privée, mais ils sont hors de notre domaine.

Il faut ajouter que des prières de dévotion privée peuvent prendre un caractère officiel, comme ce fut le cas pour les prières de l’offertoire et de la communion à la messe.

Le mot hébreu aboda, traduit dans les Septante par XetToupyîa, signifie le service du temple (de Xeïtoç = Xéwç, aocôç, peuple, et ëpY w > arch. = faire). Il est employé sous ses diverses formes dans le Nouveau Testament AeiTOupysïv, aei.toupy6ç, AeiToupyîa, avec le sens de service divin, service du temple, dévotion au service de Dieu. Le Christ est appelé twv âyîcov XsiToupyôç, Hebr., viii, 2, 6, le grand prêtre céleste. Cf. aussi Luc, i, 23 ; Hebr., ix, 21 ; Phil., ii, 17 ; Rom., xv, 16, etc.

Depuis le xvie siècle, le mot est employé couramment au sens actuel ; Pamélius intitule son ouvrage Liturgia lalinorum, Muratori écrit sa Liturgia romana,

I Mabillon sa dissertation De liturgia gallicana, etc Chez les orientaux, le mot désigne la messe, qui est le service divin par excellence.

Notre définition s’accorde à peu près avec celle de Bergier : le culte rendu publiquement à la divinité, Dict. de théol. au mot Liturgie, et avec celle de Zaccaria, Omnis Dei cultus Ecclesiæ auctoritate constitulus. Onomaslicon, t. i, p. 141. Dom Guéranger la définit d’une façon plus détaillée : l’ensemble des symboles, des chants et des actes au moyen desquels l’Église exprime et manifeste sa religion envers Dieu, Institutions liturgiques, 1. 1, p. 1, cf. aussi pour la définition de la liturgie, Thalhofer-Eisenhofer, Handbuch der katholischen Liturgik, Fribourg-en-B., 1912, t. i, p. 4 sq.

Signification générale.

La liturgie de l’Église

comprend des gestes, des paroles, des attitudes, des actes et des rites qui tous ont une portée théologique. Il est certain par exemple que les génuflexions et les prostrations sont un signe de l’adoration que l’on rend à Dieu, un et trine, ou au sacrement de l’eucharistie, ou même, dans une certaine mesure, à la croix. Une génuflexion devant les saints, ou même devant la sainte Vierge, serait considérée comme un acte d’idolâtrie. La génuflexion au saint chrême le jour du jeudi saint, la génuflexion au prélat dans l’office pontifical, et telles autres exceptions que l’on pourrait citer, s’expliquent par les circonstances spéciales et n’appartiennent pas du reste à l’usage de la liturgie ancienne. L’emploi de l’encens, d’ordinaire, a la même signification ; le signe de la croix est un acte de foi en la sainte Trinité, en la divinité du Fils, en la vérité de la rédemption. Les lustrations d’eau bénite, l’usage des cierges, de l’eau, du sel, des cendres, des rameaux et, en général, de toutes les substances matérielles, ont leur synvbolisme et expriment une croyance déterminée. La dédicace des églises, le service pour les morts, le sacre des rois, la consécration des vierges, sont des rites qui ont aussi un sens dogmatique.

Mais évidemment, dans l’Église chrétienne, ce sont surtout les paroles employées avec ces gestes et ces rites qui doivent attirer l’attention des théologiens. La liturgie s’exprime par les prières les plus variées, acclamations, doxologies, exorcismes, exhortations, lectures, chants, litanies, supplications, qui ont été recueillies dans les livres, lesquels forment une bibliothèque des plus riches. Le théologien y trouvera des arguments nombreux pour étayer les dogmes chrétiens, étudier la pratique et la discipline de l’Église aux différents siècles, découvrir la méthode ascétique et mystique que révèle l’application de la liturgie.

La liturgie lieu théologique.

C’est pourquoi la

liturgie a été considérée de tout temps comme un lieu théologique et, si l’on peut s’étonner d’une chose, c’est que l’on n’en ait pas mieux saisi l’importance, car il faut bien dire que la place qui lui est faite dans la plupart des traités des lieux théologiques est des plus modeste. Si nous ne pouvons ici traiter la question avec toute l’étendue qu’elle demanderait, puisque l’espace nous est strictement limité, nous essaierons cependant de donner les indications essentielles qui mettront sur la voie de plus longs développements. Les lieux théologiques se réduisent en dernière analyse à l’Écriture et à la Tradition. La liturgie est une des manières dont s’exprime cette tradition, nous dirons la manière principale. On a quelque fois taxé d’exagération l’opinion bien connue de Bossuet : Le principal instrument de la tradition de l’Église est renfermé dans ses prières. Bossuet, Instruction sur les étals d’oraison, traité 1, t. VI, n. 1. Lire aussi ses Explications de quelques difficultés sur les prières de la messe, sa controverse avec Jurieu sur la communion sous les deux espèces, etc. Mais cette phrase nous paraît rigou-