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LINDANUS

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I. Vie.

Né à Dordrecht d’une famille riche, il étudia les humanités à Louvain, puis, désireux de se perfectionner dans la connaissance de l’hébreu et du grec, il vint à Paris, où il fut au Collège royal (Collège de France), l’élève de Mercier et de Turnèbe. De retour à Louvain, il reprit les études de théologie, fut promu licencié en 1552, après avoir reçu la prêtrise. Nommé professeur à l’Université de Dillingen tout récemment créée, il y enseigna l’Écriture sainte, mais, au bout de trois ans, il rentra à Louvain, où il prit le bonnet de docteur en 1556. L’évêque d’Utrecht ne tarda pas à l’appeler auprès de lui et le nomma vicaire général à Leeuwarden, tandis que le roi d’Espagne, Philippe II, l’appelait au conseil ecclésiastique des Pays-Bas et lui confiait les fonctions d’inquisiteur de la foi. Peu de temps après, le souverain le désignait pour le siège épiscopal de Ruremonde qu’il venait de fonder, et Van der Linden était sacré à Bruxelles en avril 1562. Très activement mêlé au mouvement de la contre-réforme dans les Pays-Bas, le nouvel évêque fut aussitôt en butte, de la part des protestants, aux plus rudes persécutions, et ne put guère résider dans sa ville épiscopale. On le trouve à Rome en 1578, où il se lie d’amitié avec Baronius ; la même année, il est en Espagne ; à Rome une seconde fois en 1584 et pour un assez long séjour. Finalement, en 1588, il fut nommé à l’évêché de Gand, laissé vacant depuis 1575 par la mort de Corneille Jansénius. Il n’y fit qu’une courte apparition, et mourut au bout de trois mois, 3 novembre 1588.

II. Œuvres. — Van der Linden est l’un des écrivains ecclésiastiques les plus féconds et l’un des plus habiles controversistes du xvie siècle. L’énumération de ses œuvres dans la Biographie nationale de Belgique ne comprend pas moins de soixante numéros. Si l’on veut mettre un peu d’ordre dans cette abondante littérature, on pourra distinguer les catégories suivantes :

1° Travaux scripturaires. — 1. Questions d’introduction. — a) De optimo génère interpretandi Scripturas libri III, sive undenam solida Scripturarum sacrarum vrritas sensusque germanus ac verus nunc iemporis sit petendus, an ex hebraica quam dicunt veritate, num jontibus grweis hauriendus, an vulgata potius editionc latina quærendus, uti in concilia Tridentino dudum deflniebatur, Cologne, 1558 ; justification du décret de Trente sur la Yulgate, mais où l’élève de Mercier et de Turnèbe se révèle par de très fines remarques sur les Imperfections du texte latin. — b) Cur necessaria sit sacrorum Bibliorum castigatio, ad Gregorium XIII ; inédit, revient sur l’idée que la correction de la Vulgate l’impose. — c) Hebraicæ quæstiones ; même sujet. — d) De Victoria Christi contra Judœos et judaisantes Bibliorum interprètes. 2 Commentaires. — Ils sont fort nombreux, et combinent d’une manière heureuse la critique textuelle et l’explication mystique : « i Paraphrasis et castigationes in psalmum cxviii cum iaagoge et oratione parascevastica in eumdem. — b) l’sallerium relus a sexcentis mendia repurgatum et de’atque llebrœo fonte illustralum, Anvers. 1567, 1568. c) Paraphrasis in psalmot triginla priores, Anvers, 1573, dédié ; i Philippe II. d) Paraphrasis in psnlnvis ad laudes anielucanas decantari solitot, Anvers, 1573. - e) Paraphrasis in septem psalmos pesnitenttalrx. Cologne, 1610. /) Paraphrasis in psaunum IXm, EXSUROAT Deus. — g) Paraphrasis in Cantico Caniicorum cum annotationibus variarum leclinniim et trium linguarum. ht Mysticus A.qutla sine declarallo vaticlnU Jeranim prophètes : vu i

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réfute les f ; iussis interprétations de l’Écriture nu inquelles s’appuyaient i<". novateurs.

C’eil en ce genre surtout que s’est

exercé Lindanus, et il l’a fait en général avec un grand souci d’exactitude et avec une modération relative qui, à cette époque, a bien son prix. On peut ranger ses écrits de controverse sous les rubriques suivantes.

1. Les fondements de la foi.

a) Panoplia evangelica sive de verbo evangelico libri V, Cologne, 1560, souvent réédité ; c’est l’œuvre capitale de Lindanus, dont le sous-titre décrit exactement l’objet : « où l’on montre par les écrits des prophètes et des apôtres le véritable caractère de la parole évangélique, où l’on explique les Pères, où l’on traite de la parole de Dieu écrite et non écrite, des traditions vraiment apostoliques, qu’il faut recevoir bien que non écrites avec la même foi, où ce verbe de Dieu non écrit, mais transmis, est défendu contre les traits empoisonnés des ennemis de l’Église de Jésus-Christ. » Ce livre suscita de nombreuses répliques de la part des protestants, spécialement de Martin Chemnitz. Vander Linden avait d’abord songé à intercaler dans sa Panoplie des réponses de détail aux critiques ainsi faites. Puis, se ravisant, il publia séparément sa réponse sous le titre : — b) Stromatum libri III pro variis sacros. concilii Tridentini decretis ac potissimum de suscipiendis una cum divina Scriptura etiamapostolicis traditionibus, Cologne, 1575 — c) Diatriba analijlica de vera Jesu Christi apud Romanos Ecclesia contra Wiltenbergenses, Cologne, 1572, elle est partiellement reproduite dans Rocaberti, Bibliotheca maxima pontificia, t. xx, p. 463-477.

2. Discussions des formulaires protestants.

Van der Linden suivit de très près l’évolution qui se manifesta de bonne heure au sein du protestantisme, et qui amena des contaminations entre les différents formulaires de foi ; il est, si l’on peut dire, un des premiers historiens des « variations » : a) Apologcticum ad Germanos pro religionis catholicæ pace atque solida Ecclesiarum in vero Christi Jesu evangelio concordia, Anvers, 1568, appel à l’union entre chrétiens, où l’auteur s’efforce de montrer qu’il serait possible de trouver un terrain d’accord entre catholiques et protestants ; la seconde partie aurait dû être une pressante exhortation aux évêques d’Allemagne à prendre en main la cause de la réforme de l’Église, ce qui serait le vrai moyen de ramener la nation à l’unité de foi. Mais, remarquant deux ans plus tard les infiltrations calvinistes dans les nouvelles formules dogmatiques qui se succèdent durant les années suivantes, il remanie son apologétique et lui donne sa forme définitive : Apologcticon libri III ad Germanos pro concordia cum catholica Ecclesia contra novam protestantium confessionem Auguslanam ex lulherana calvinizantem, Anvers, 1570, t. ii, 1578. — b) D’inspiration analogue est la Réfutation de la Confession d’Anvers, en flamand, 1566 et l’Apologie de ce même ouvrage, aussi en flamand, 1566 — c) Mais l’ouvrage capital en ce genre de Lindanus est la Concordia discors, sive quærimonia catholiar Christi Jesu Ecdesia ad illuslrissi/nos S. Romani imperii principes, et alios ml iinum omnes, nomine semi-christianæ confessionis su ; r Augustante icmcrc glorlantes, qua liquido ipsis drmnnstrat simulalam ar rerc pcrsonalnm ipsorum Concordiam anno 1580 initam. non solum riras / antichristianos, sed et minime snlidis immo asyetatis adeoque pugnantibus niti fundumenlis ; inserta est eefl suræ doctissimi viri Jrrcmiic patriarches C.onstantlnopolliani de Confessione Augustana epitome, gui Muni granissim >rum plus minus XXXIII errnrum catholicK ftdei concorditer tondemnat, Cologne, 1583. Le livre a été composé après l’apparition <le la Formule iir Concorde publiée par les luthériens en 1580, et nu l’on s’efforçait de concilier les tendances diverses des écoles évangéliques. Van der Linden n’a pas de peine à montrer ce que vaut ce replat rage. Quant à la condamnation portée contre la Confession d’Augebourg par i<- patriarche de Constantinople, Jérémle 1 1.