Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/361

Cette page n’a pas encore été corrigée
707
708
LIBRA — LICINIEN


et un ministre calviniste qui l’avait accompagné. Il fut ravi de la science et du talent oratoire du chartreux. En 1581, Libra renonça à la vie apostolique à cause de son grand âge et de ses infirmités. Il mourut de la mort des justes le 27 mai 1582, et l’Ordre lui décerna le rare éloge laudabiliter uixit, qui équivaut, chez les chartreux, à une sorte de déclaration de sainteté.

Jean de Libra avait composé des commentaires sur la sainte Écriture en huit grands volumes, qui périrent dans l’incendie de la chartreuse de Castres allumé par les huguenots, le 5 octobre 1567. A la chartreuse de Cahors on conserva jusqu’à la grande Révolution les manuscrits suivants : 1. Quatre recueils de sermons prêches au peuple en dehors de l’Ordre, dans lesquels il y avait quarante sermons sur la sainte eucharistie.

— 2. Lectio theologica habita in Academia Cadurci in vigilia Natalis Domini, anno 1572. C’est un grand discours sur l’Incarnation, ms. in-fol., 17 pages. — 3. Lectio theologica habita in Academia Cadurci, anno 1573, in vigilia Paschæ. C’est un autre grand discours sur les effets de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, in-fol., 17 pages. Ces deux dissertations se trouvent aujourd’hui aux archives de la Grande-Chartreuse à la suite de l’Histoire manuscrite de la chartreuse de Cahors par dom Bruno Malvezin, 1711. — 4. Un livre d’exercices spirituels pour tous les jours de l’année.

La Vie du très vénérable Père dom Jean de Libra, prof es et prieur de la chartreuse de Cahors, par dom Bruno Malvezin, ms. in-4°, à la bibliothèque de la ville de Grenoble, sous le n. 618, et à la bibliothèque publique de Marseille, sous le n. 1244. On la trouve aussi dans l’Histoire de la chartreuse de Cahors, marquée ci-dessus, dont il y a des copies mss. aux bibliothèques des villes de Cahors et de Toulouse ; Morozzo, Theatrum chronol. S. Ord. Cartus iensis, Turin, 1681, p. 203, 204 ; dom Le Vasseur, Ephemerides Ord. Cartus., t. ii, p. 152-155 ; dom Cyprien Boutrais, La Chartreuse de Glandier en Limousin, Montreuil-sur-Mer, 1886, in-12, p. 165182.

S. AUTORE.

    1. LIBRES (Frères)##


LIBRES (Frères). — Secte d’anabaptistes signalée par Lindanus, £)u bitantius, dialogus de origine sectarum hujus sœculi, Cologne, 1571. — Si les anabaptistes s’accordent pour rejeter le baptême des enfants, ils se différencient en d’autant plus de sectes qu’ils accordent une plus grande part à l’inspiration directe du Saint-Esprit et qu’ils se défient davantage de toute culture scientifique. Cette secte doit son origine à un tisserand d’Amsterdam et paraît au milieu du xvie siècle. Ses adeptes portaient ce nom parce qu’ils secouaient le joug de tout gouvernement soit ecclésiastique soit civil, refusant les dîmes, les cens et autres devoirs. Ils disaient qu’entre frères les mariages sont spirituels, ils mettaient les femmes en commun ; par contre, ils ne permettaient pas aux femmes de rendre à leur mari le devoir conjugal quand ceux-ci n’appartenaient pas à la secte. Ils s’estimaient impeccables après le baptême et déclaraient que la chair seule pouvait alors pécher. Leur orgueil était si grand, et ils prétendaient être arrivés à un tel état de perfection, qu’ils étaient non seulement semblables à Dieu, mais déifiés. C’est du moins la prétention affichée par l’auteur de la secte, ainsi qu’il ressort du titre même de son livre.

Calvin, Confutatio cujusdam HoVandi, qui speciose obten’dens Çhtistianos a se prorsus spirituales redditum in’concedit ut corpora polluant quibusuis idololatriis, dans Opéra, édit. d’Amsterdam, t. viii, p. 485-499 ; cet opuscule donne l’analyse et la réfutation du livre publié en flamand par le tisserand d’Amsterdam ; Prateolus (G. du Préau), Elenchus hæreticorum omnium, in-4°, Cologne, 1605 ; J. Gaultier, Tabula chronographica status Ecclesiæ catholicæ, in-fol., Lyon, 1616, p. 803 ; J. Sianda, Lexieon polemicum, 2° éd. Augsbourg, 1771 ; Pluquet, Histoire des hérésies, Besançon, 1817.

B. Hedde.

    1. LIBRE EXAMEN##


LIBRE EXAMEN. Voir Protestantisme.

    1. LIBRES PENSEURS##


LIBRES PENSEURS. Voir Indifférence

religieuse, t. vii, col. 1580 sq.

    1. LICENCE##


LICENCE. Voir Grades théologiques, t. iii, col. 1689.

    1. LICHT Pierre##


LICHT Pierre, plus connu sous le nom latin de LU Cl US, historien et bibliographe belge, naquit à Bruxelles et entra chez les Carmes Chaussés. Forcé de s’exiler vers 1578, par suite des guerres de religion qui dévastaient son pays, il parcourut toute l’Italie et enseigna la théologie à Florence. Le calme rétabli dans son pays, Licht rentra à Bruxelles et y mourut peu après, le 18 septembre 1603, victime de son dévouement au service des pestiférés. Il était docteur en théologie et littérateur distingué ; il aimait particulièrement les recherches dans les archives de son ordre.

En 1593, il publia à Florence la Carmelitnna Bibliotheca, in-4°, iv-83 fol. C’est la liste des auteurs cannes du bénédictin Jean Trithème, liste qu’il avait corrigée, annotée, augmentée considérablement et mise en ordre alphabétique. Ayant corrigé le De laudibus carmelitanæ religionis du même Trithème, il y ajouta une apologie etl’édita, Florence, 1593, in-4°. Il composa un Compendium hisioricum du Carmel, y ajoutant les indulgences et privilèges de l’ordre ; cet ouvrage parut en italien à Florence, 1598, in-8°, par les soins du carme François Minucius. On lui doit également un Nécrcloge des carmes morts à Bruxelles de 1383 à 1602 en latin ; Daniel de la Vierge Marie le continua jusqu’en 1663 et le fit paraître à Bruxelles, in-fol. Enfin on lui doit plusieurs compositions littéraires, tels, en latin, un commentaire sur les poésies de J.-B. de Mantoue relatives à la vie de sainte Catherine, vierge et martyre, Florence, 1591, in-8°, une poésie sur l’origine de Florence et la noblesse de la famille des Médicis, ibid., 1594, in-4° ; une harmonie monastique restée en ms.

C. Daniel de la V. Marie, O. C, Spéculum Carmel., Anvers, 1680, t. il, p. 1110 ; Cosme de Villiers, O. C, Bibl. Carmel., Orléans, 1752, t. ii, col. 579-580 ; J. F. Foppens, Bibliotheca Belgica, p. 988 ; A. Sanderus, Chorographia sacra Brabantiæ, La Haye, 1726-1727, t. ii, Chorographia sacra Carmeli Bruxellensis, c. ix, p. 310 ; Ms. 29 de la Bibl. des Bollandistes, Bruxelles, ꝟ. 551 et 562.

P. Anastase de S. Paul

    1. LICINIEN ou LUCINIEN##


LICINIEN ou LUCINIEN, évêque de Carthagène en Espagne, fin du vie siècle. — Isidore de Séville, De script, eccl., 42, P. L., t. lxxxiii, col. 1104. nous dit simplement de lui : Claruit lemporibus Mauricii Augusti, c’est-à-dire entre 582 et 602. Il ajoute cette information qui reste pour nous mystérieuse. « 11 mourut à Constantinople, empoisonné, dit-on, par des ennemis. » C’est bien peu pour reconstruire le curriculum vitsc de Licinien. Autant qu’on en peut juger par un mot de lui à Grégoire le Grand, il était déjà évêque quand il reçut la visite, fort rapide, de Léandre de Séville, revenant de Constantinople vers 584, voir plus haut, col. 96 ; et il signale cette visite de Léandre peu d’années après, mais alors que Grégoire est déjà pape, P. L., t. lxxii, col. 692 A. Cela nous met vers 592. Le voyage de Licinien à Constantinople se place donc après ; mission diplomatique analogue à celle qu’avait jadis remplie Léandre, exil au moment des troubles religieux qui suivirent la mort de Reccarède, 601. et l’usurpation de Wittéric ? Nous ne pouvons le dire. Isidore parle de Licinien comme d’un homme. fort versé dans les saintes Écritures : cette science devait lui valoir des consultations, et Isidore a lu un grand nombre de lettres en provenance de notre auteur. Il signale en particulier une lettre sur le baptême pour répondre aux questions d’un abbé Eutrope, depuis évêque de Valence, et qui demandait quarc baptizatis infaniibus chrisma, post hœc unctio tribuatur. Ibid., 45„