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609 LIBÉRALISME CATHOLIQUE. ENSEIGNEMENTS DE LÉON XIII 610

sans aucune concession à l’esprit moderne et en opposition avec les principes de la Révolution..

Sans parler des entretiens où Mgr Pie critique sans relâche le libéralisme, deux écrits de 1874, montrent bien les griefs du catholicisme intransigeant contre le catholicisme libéral. L’un est une Note où Mgr Ladoue, évêque de Nevers, résume les conférences qu’il a organisées dans son diocèse contre le libéralisme. Cette Note, parue dans la Revue de l’enseignement chrétien (reproduite dans Tolra de Bordas, Mgr de Ladoue, 1879), reproche au catholicisme libéral d’avoir, pour principe fondamental, le premier principe de la déclaration de 1682, l’indépendance absolue de l’ordre naturel, d’où résultent la liberté de penser, la liberté de conscience, la liberté de faire « tout ce qui ne nuit pas à autrui ». Négation des droits de Dieu, du péché originel et de ses suites, fausse notion de la liberté, de tels principes ne peuvent aboutir qu’à des conséquences funestes : les libéraux ont donc voulu faire de l’Église une monarchie parlementaire, limiter sa puissance directive sur l’école et lui faire accepter les libertés politiques imposées à la société par le malheur des temps. Le second est l’écrit très alerte de Ségur : Hommage aux jeunes catholiques libéraux. Dans le catholicisme libéral, dit-il, on peut distinguer : un sentiment qui a du bon, l’horreur de la tyrannie, mais surtout du mauvais, l’esprit d’indépendance, — un parti, mais qui divise le monde catholique et se laisse conduire par des intrigants, — une doctrine, mais cette doctrine « tend à amoindrir les vérités et les principes ». Il faut se défier des catholiques libéraux surtout quand ils sont prêtres. « Un prêtre catholique libéral fait, à lui seul, plus de mal que cinq cents laïques. »

Dans ces conditions, les catholiques qui, unis, eussent pu beaucoup, n’assurèrent à l’Église qu’une seule conquête, la liberté de l’enseignement supérieur, par la loi du 12 juillet 1875. Les uns, avec Yeuillot, la revendiquaient au nom du droit supérieur de l’Église ; les autres, avec Dupan|oup, par des considérations générales et au nom du droit commun, et ce furent ceux-ci qui décidèrent de la victoire.

Dans le souvenir des condamnations antérieures et dans la crainte de nouvelles, les libéraux gardaient, autant qu’ils le pouvaient, un silence prudent. Mais pro Citant de ces divisions, exploitant L’idée que le retour du roi c’était d’un côté la guerre avec l’Italie et même avec l’Allemagne qui avait protesté contre uns campagnes de l’Univers, de l’autre la ruine des libertés, de 1789, les prophètes « anticléricaux », comme l’on commençait a dire, de la République française avec Gambetta, du XIXe siècle avec Sarcey et About, du Rappel avec Vacquerie et Lockroy. de la Lanterne, de Droits de l’homme, soutenus par la franc-maçonnerle, retournent pour ainsi dire la France Elle reprend un visage hostile a l’Église et leur donne le pouvoir : Nous avons combattu an cri : Le cléricalisme, voilà l’ennemi. Demain, nous dirons : Le cléricalisme. voilà le vaincu, s’écriall au Chftteau-d’Eau, le 9 octobre 1H77, celui qui avail mené en chef la lutte. < lam betta, et sa prophétie se trouva réalisée. Le vaincu Immédiat était le groupe des catholiques libéraux, puisqu’il détenait ce pouvoir et qu’il le perdait.

Mais, eu LS7H. titiiss ; iit une période dans l’histoire du libéralisme catholique : Pie l mourait le s lévrier, Dupanloup le n octobre de la même année ; Mgr Pie

1 mourir le IK mai 1KKO et Veuillol le 7 avril 1883.

// : DS /s, j i., mort

de i ni devait Inévitablement amener une détente

bien dans hdomaine de la politique, que dans

(chu des discussions théoriques. Ce sera l’incontes tabli rendu pai Léon Mil d’avoir clarifié,

i rein de la doctrine ecclésiastique, des

DtCT, m ninii im hqL,

discussions où l’esprit de parti avait apporté bien du trouble. Ses exposés, tout iréniques, mettront au point, d’une manière définitive, l’enseignement de l’Église en ces délicates matières, tandis que sa politique, infiniment souple, constituera pour les catholiques la plus claire des « leçons de choses ».

1° Le pontificat de Léon XIII (1878-1903). —

1. Léon XIII. Les espoirs du libéralisme catholique. — Les années 1870-1878 avaient été comme des années d’attente. Après l’extraordinaire tension qui avait marqué les dernières années du pontificat de Pie IX, les libéraux catholiques attendaientdonc un pape conciliateur. Leur joie fut grande à l’avènement de Léon XIII. Sans doute, le nouvel élu était l’un des promoteurs du Syllabus ; au concile du Vatican il avait voté toutes les propositions de la majorité, mais à ce même concile, il s’était tu, et l’opposition l’estimait. Puis, le février et le 10, trois jours après la mort de Pie IX, il avait publié deux lettres pastorales « sur les harmonies de l’Église et de la civilisation ». Les libéraux n’étaient pas assez naïfs, ni assez ignorants, pour penser que Léon XIII modifiât jamais la thèse, mais ils escomptaient de lui une attitude pratique qui leur donnât raison et les relevât des humiliations antérieures. Cf. Conestabile, Léon XIII et la situation de l’Église, dans Correspondant, 25 octobre 1878.

2. Léon XIII et le libéralisme catholique.

Dans ces limites leur attente ne fut pas déçue. « Nous aussi, suivant l’exemple de nos prédécesseurs, disait Léon XIII, le 22 février 1879, dans une Allocution aux journalistes, Nous ne cessons d’affirmer et de revendiquer ces droits (de l’Église) et Nous ne cesserons jamais de le faire. » De Franciscis, Recueil des discours du pape Léon XIII, 1884, p. 82. Cf. l’éloge de Pie IX dans l’Allocution du pape Léon XIII aux cardinaux, le 28 mars 1878, ibid., p. 9. L’encyclique Inscrutabili Dei consilio, 21 avril 1878, condamnait « les lois destructrices de la divine constitution de l’Église, adoptées dans la plupart des pays », tandis qu’elles assuraient « une liberté effrénée d’enseigner et de publier tout ce qui est mal » ; l’encyclique Quod apostolici, 28 décembre 1878, condamnera « le rationalisme athée » qui a fait l’État laïque, l’instl uction laïque et fait du peuple le souverain suprême : les encycliques Arcanum de 1880, sur le mariage civil, Diuturnum, de 1881, condamnaient la conception civile du mariage et « ce qu’on appelle le droit moderne et la souveraineté du peuple ». Léon XIII entendait donc bien enseigner la même doctrine que Grégoire XVI ou Pie IX ; mais les circonstances étaient autres. « Pie IX avec toute l’ardeur des saintes indignations avait dû crier et combattre ; Léon XIII offrit au monde la paix avec instance. » De Franciscis, ibid.. p. 11.

L’attitude pratique de Léon XIII, autrement dit son attitude dans 1 hypothèse, à l’égard des catholiques fiançais principalement — car la même division se retrouvait quelque peu chez les catholiques de tous les pays — S’inspira sans doute de l’impression de puissance que lui avaient laissée les catholiques belges et, en tout cas, fut dominée par ces deux Ldi amener les catholiques français à ne plus s’opposer aux tendances politique des Irrésistibles du

monde moderne : qu’en conséquence, ils ne rêvent plus l’Impossible, une restauration du comte de Chambord

ou du comte de Paris : que leur attitude politique

ne fournisse plus de prétexte à des mesures hostiles et n’éloigne plus d’eux la nation ; avant tout, les fondre

en une seule masse, ilu’unis par la même foi. pat le

même dévoûment a i i’.lise, les zelantl et les libéraux ou modérés cessent de se combattre, Unis, ils formeront une force politique suffisante pour que les gouvernements en sollicitent l’appui et les paient dl

cessions a II élise.

IX.

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