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    1. LIBÉRALISME CATHOLIQUE##


LIBÉRALISME CATHOLIQUE. LUTTES D’IDÉES SOUS PIE IX

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même intégralement le chapitre sur Le libéralisme et l’encyclique, p. 194-218, 218-228. — Sur les origines du Syllabus, cf. Hourat, Le « Syllabus », étude documentaire, s. d., t. i, 1849-1861 ; t. ii, 1860-1862, dans la collection Science et religion : sur ses sources, Recueil des allocutions consistoriules, encycliques et autres lettres apostoliques des souverains pontifes citées dans l’encyclique et le « Syllabus », in-8°, Paris, 1865 ; sur sa portée : Keller, L’encyclique du 8 décembre 1864 et les principes de 1789, in-12, Paris, 1865 ; 2e édit., 1866 ; sur Ketteler, cf. Goyau, L’Allemagne religieuse. Le catholicisme, passim et Fragments des œuvres de Ketteler, in-12, Paris, 1912.

3. Persévérance du libéralisme catholique.

Le libéralisme catholique, se jugeant orthodoxe, continua donc à vivre. Ses chefs et ses journaux, d’accord avec les catholiques intransigeants et leurs journaux, le Monde et l’Univers autorisé à reparaître le 16 avril 1867, continuent à lutter pour l’Église dans toutes les questions qui l’intéressent : question romaine, questions d’enseignement contre les projets Duruy et pour la liberté de l’enseignement supérieur ; mouvement révolutionnaire qui se dessine alors menaçant l’Église non moins que l’Empire. Mais il affirme toujours les mêmes idées que défendent de nouveaux venus, comme le P. Didon, le P. Hyacinthe, Gratry. Au troisième congrès de Malines, 1867, où parurent Dupanloup, le P. Hyacinthe, Falloux, celui-ci ne craignit pas de parler éloquemment de la civilisation moderne et de la liberté, le jeudi 5 septembre, et le lendemain, après avoir lu une lettre où Montalembert félicitait l’assemblée d’être « toujours décidée à revendiquer, pour défendre nos vieilles croyances, tout ce qu’il y a de si puissant et de si légitime dans les institutions libres, dans les progrès modernes », il faisait ensuite un éloge enthousiaste du grand libéral catholique et il disait : « Je m’honore et je m’honorerai toujours d’avoir marché derrière cet athlète infatigable qui, le premier, a réclamé toutes les libertés légitimes et sensées. J’ai appris de M. de Montalembert et j’apprendrai ici de plus en plus comment on se sert de ces institutions libres, de ces armes légales et loyales. » Le P. Hyacinthe demandait « la liberté du dimanche, la liberté par le dimanche et le dimanche par la liberté », et il saluait la démocratie chrétienne qui se lève. Cf. Correspondant, septembre 1867 : Maxime de La Hocheterie, Le congrès de Malines, p. 5-29, Falloux, Discours, p. 29-41 ; R. P. Hyacinthe, Discours, p. 41-58. Le I’. Hyacinthe et Gratry allèrent encore plus loin. Ils prirent une part active, à côté de libres penseurs, de protestants, au Congrès international pour la paix, convoqué en 18(17 par le gouvernement radical de Genève, sous la présidence d’honneur de Garibaldi, pour étudier les moyens de préparer < rétablissement d’une confédération de libres démocraties constituant les États-Unis d’Europe. et de fonder « une associalion durable des amis de la démocratie et de la liberté..

Mais le Correspondant, rendu prudent, était résolu

a B’abttenir de toute polémique sur les points controverses et à rentrer dans le rôle d’une revue morale. littéraire et politique ». Broglie, toc. « 7., p. 134, Lu 1868, « u particulier, après la révolution qui chassait d I

ie Isabelle II. le Correspondant refusera d’insérer un article de Montalembert, intitulé : Espagne et liberté. Montalembert y faisait la critique du despo liante, dénonçait une lois de plus les dangers que

lait courir a I Église I alliance aver le desp, .| i.pue.

lait que personne n’arrachera plus du monde

moderne le principe de la liberté de conscience et que

stholiques étalent dans la nécessite de l’ai cep ter ;

puis, s’il al laquait le gouvernement provisoire espa

il qui, après avoii proclamé la liberté, attaquait

dans les jésuites la liberté d’association et même refusait à l’Église les libertés nécessaires, il attaquait les jésuites de la Civiltà caltolica qui, ayant un pressant besoin de liberté, déclarent néanmoins chaque jour « qu’il n’y a pas de liberté moderne qui ne soit en elle-même une chose déréglée, pernicieuse et mortelle en ses effets ; que la liberté, non pas la liberté absolue et illimitée, mais toute liberté eh soi, est une peste, une peste spirituelle ». Lecanuet, op. cit., t. iii, p. 440-443. D’autre part, Veuillot, dans l’Univers ressuscité, déclarait de nouveau ne vouloir servir que la pure doctrine du Christ. Les deux camps des catholiques français demeurent formés.

En Allemagne il y a une division semblable, mais avec ses nuances propres. Un groupe intellectuel, conduit par Dœllinger, réclame, « pour la véritable science théologique, celle qui s’appuie non sur la scolastique mais sur la philosophie moderne et l’histoire, celle qui est par conséquent non à Rome mais en Allemagne », la liberté de ses conclusions et la direction » de la pensée catholique. C’était comme une nouvelle Sorbonne qui se dressait en face de Rome. A la fin de septembre 1863, à Munich, ce groupe réunit en congrès les représentants de la science catholique allemande. Dœllinger y exposa ses idées. Son discours, venant après celui de Montalembert à Malines, inquiéta Rome et, le 21 décembre, dans un bref à l’archevêque de Munich, Pie IX revendiquait pour la hiérarchie le droit de conduire la pensée comme l’action. Les commentaires du Syllabus que ne cessèrent de publier dans les Stimmen ans Maria Laach des théologiens et des canonistes de la compagnie de Jésus, ce mot prononcé à un congrès de Trêves : « Le Syllabus est le plus grand acte du siècle et peut être de tous les siècles », faisaient crier le groupe de Dœllinger à l’esclavage de la pensée. Cf. Goyau, op. cit., t. iv, c. vi. C’était une crise intellectuelle se superposant à la lutte politique et sociale dans l’Église. Il était temps, conclut Goyau, que l’Église intervînt. Sur la lettre du pape à l’arclr.-vêque de Munich, cf. Cardinal Pie, Œuvres, t. v. p. 334-337.

6° Le concile du Vatican. 1. Son annonce. Première attitude des libéraux catholiques. — A Malines, Falloux avait fait applaudir « la grande pensée du concile » et prêté à Pie IX ce langage : « Bien des bouches sont fermées, moi, je vais ouvrir la bouche à l’Église universelle ; bien des intelligences sont en soulïrance, eh bien I moi, qu’on dit l’ennemi de la discussion, je m’en vais ouvrir la discussion la plus vaste, la plus universelle, sur les intérêts primordiaux de l’humanité tout entière. » Loc. cit., p. 32. Montalembert, dans la lettre lue par Falloux a Maliru s, saluait avec autant de bonheur que de respect cette inspiration providentielle de Pie IX », ibid., p. 37, et Dupanloup, la même année, applaudissait auprès du pape a l’idée du concile.

Évidemment, tous attendaient (lu concile de grands résultats et, si l’on peut ainsi dire, une mise au point de la doctrine relativement au monde moderne, mais il y avait dans leur façon de voir des nuances bien différentes, Montalembert est très catégorique : « La convocation du concile par Pie l lui parait comme parut aux contemporains la convocation des États généraux par Louis XVI Oui aurait pu croire que PU IX serait celui la même qui appellerait les conciles a renaiiic après trois siècles d’interruption ? Quel prodige et quel mystère ! » ("est bien un retoui en arriére qu’il attend. Pie i a arrêté Le grand mou

veinent libéral qui avait produit de si heureux résul tais niais, avec le concile. il v ailla opposition, des voix éloquentes se feront entendre pour exposer les

besoins des sociétés modernes, poui défendre et reven

dlquer les lilierlés nécessaires, i I.ce. muet. Inr. cit..