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585 LIBÉRALISME CATHOLIQUE. LUTTES D’IDÉES SOUS PIE IX

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faculté d’accorder à ceux qui ne partagent pas leurs croyances ? Quel usage doivent-ils faire des libertés qu’ils possèdent ? en quelle mesure doivent-ils concéder aux autres les libertés dont ils disposent ? » — Il y a, dit Ketteler, une liberté essentielle pour l’Église : « Celle d’administrer elle-même ses affaires, suivant ses principes et de n’être soumise en cela qu’aux lois générales de l’État. » En outre, elle possédait autrefois des privilèges, « effet naturel de l’unité de foi, mais dont elle n’a pas besoin pour exister ». Traduction Belet, p. 151. « C’est une erreur capitale de notre temps qu’il faut attendre le salut des événements extérieurs et surtout de l’avènement de quelque prince illustre et saint. Le bien qu’il peut opérer, en outrepassant les limites de son pouvoir, n’est qu’apparent et illusoire ; il causera à l’Église comme à l’État les plus grands dommages. » P. 138. Les catholiques et la presse catholique doivent éviter avant tout ce qui pourrait faire croire que certaines formes politiques sont l’unique moyen de salut, p. 8. Quant à la tolérance, qu’en pense l’Église ? dans quelle mesure les catholiques peuvent-ils en reconnaître la légitimité et les princes catholiques l’accorder ? « En général, l’Église considère l’adhésion à la foi comme étant du domaine intérieur, et die conteste au pouvoir civil le droit de l’influencer par la contrainte. » S’il s’agit des infidèles, jamais l’Église n’a sollicité, ni même autorisé contre eux l’usage de la force. S’il s’agit d’hérétiques baptisés, c’est autre chose ; il peut y avoir délit d’hérésie chez ceux qui rompent par un acte d’insubordination spontanée l’unité de la foi. Mais, quand il s’agit d’une tradition héréditaire, quand un État est vraiment partagé sur la question religieuse, les princes peuvent légitimement accorder la liberté de conscience : Nul principe religieux ne défend à un catholique de croire qu’il est des circonstances où l’État ne peut rien faire de mieux que d’accorder une entière liberté de religion, » avec la réserve toutefois qu’il ne s’agira pas de sectes athées ou immorales. Ibid., c. xxiii.

3. Mais le manifeste libéral, qui eut le plus profond retentissement et émut davantage le monde ultracatholique, comprend les deux discours de Montalembert à Matines les 20 et 21 août 1863. En face des attaques dont l’Église était l’objet et des périls que courait la foi, — Renan venait de publier sa Vie de Jdsus, — les catholiques belges eurent l’idée de réunir a Malines un congrès catholique international. C’était encore là une idée émise par l’Avenir qui renaissait, mais incomplètement. Ils y invitèrent Montalembert qui, n’ayant pas été réélu aux élections parlementaires de 1863, accepta avec empressement.

I’premier discours, après un éloge de la Belgique, qui de 1830 à 1850 a servi d’exemple aux catholiques de France, et à qui Montalembert lui-même a emprunté les idées, les exemples, les solutions résumées dans une formule déjà célèbre : L’Église libre dans l’Étal librr », discute cette question : « L’Église peut-elle l’arranger de l’État libre ? » En dehors de la Belgique, dit Montalembert, les catholiques sont - sans cesse et partout opprimés, dépassés, vaincus ou dupés, tantôt par les Incrédules, tantôt par les protestants, ici par démocrates, là par les despotes ». Pourquoi ? qu’ils n’ont pas encore pris dur parti de la grande Révolution ; elle leur fait peur ; beaucoup d’entre eux sont restés d’Ancien Régime, tandis que i la lociéti nouvelle, la démocratie, pour l’appeler par son iimn.

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cratique « monte, monte toujours et va tout recouvrir ». Chrétien, l’orateur ne s’en effraie pas ; en même temps que le déluge, il voit l’arche, c’est l’Église. Les catholiques, pour remplir leur mission, doivent « corriger la démocratie par la liberté et concilier le catholicisme avec la démocratie ». Pour cela, ils doivent d’abord renoncer au passé, aux privilèges que l’Ancien Régime assurait à l’Église, à l’alliance du trône et de l’autel qui.de Louis XIV, à Napoléon III, n’a jamais vraiment profité à l’Église. Qu’ils proclament bien haut l’Église indépendante du pouvoir civil ; qu’ils acceptent l’égalité politique, c’est-à-dire « le droit semblable pour tous d’arriver à tout », la liberté religieuse, c’est-à-dire la suppression de tout privilège religieux et de toute contrainte. Que l’Église se place sur le terrain du droit commun, où sa liberté aura pour garantie la liberté générale, et, sans rien perdre, elle sera admise à parer aux dangers de la démocratie, à savoir : dans la vie politique, l’esprit révolutionnaire qui tue la liberté et aboutit toujours à César ou à Cromwell ; la passion de l’égalité, non de l’égalité légitime « qui n’est que la justice », mais de l’égalité absolue « qui poursuit le talent et l’intelligence comme les richesses et la naissance », qui assure le triomphe de la médiocrité, la défaite du droit par la force, de la qualité par la quantité, et enlève à l’individu toute garantie, la centralisation à outrance ; — dans la vie morale : « la passion universelle du bien-être, la disparition du frein de l’honneur. » Cf. Dôllinger, Heidenthum und Christenlhum, p. 415. Si « la religion a besoin de la liberté, la liberté a donc non moins besoin de la religion, et, plus mille fois que toute autre, la liberté démocratique ». La révolution démocratique n’a vraiment donné ses fruits que dans les pays religieux : Hollande, Angleterre, États-Unis et cela se comprend : la religion seule peut apprendre à supporter la liberté d’autrui. Sur le terrain du droit commun, l’Église a toujours été heureuse, et « il n’y a pas une seule des libertés modernes, dont les catholiques n’aient encore plus besoin que les démocrates ». Et il rappelait les paroles de Dupanloup dans Pacification religieuse. « Ces libertés si chères à ceux qui nous accusent de ne pas les aimer, nous les proclamons, nous les invoquons pour nous comme pour les autres. Vous avez fait la révolution de 89 sans nous et malgré nous, mais pour nous : Dieu le voulant ainsi malgré vous. » Le suffrage universel, l’égalité devant la loi, devant les charges et obligations civiles et sociales, les libertés d’enseignement et d’association, la liberté de la presse elle-même, l’Église peut très bien s’arranger de tout cela. Peut-elle s’arranger de la liberté des cultes ? Ce l’ut l’objet du second discours.

Mans le premier discours, Montalembert l’avait dit nettement, il se plaçait sur le terrain des faits. « Je ne fais point ici de théorie, ni surtout de théologi’parle uniquement en homme politique et en historien, .l’invoque ici des faits et j’en tire des enseignements purement pratiques. J’invoque l’expérience. » Dans le second discours, avec non moins de netteté, il affirme se placer dans l’hypothèse : « Je n’entends pas discuter un dogme. Je ne fais pas de la théologie, niais de la politique et surtoul de l’histoire. » il ne parle pas, dit-il encore, « en Interprète de l’Église, mais en simple chrétien, en homme politique, dominé parle senti ment

de ce qui est possible et de ce qui ne l’est plus ». Il traite non une question d’orthodoxie », mais une question de conduite ».

i.a liberté des cultes i n’est autre chose que l’appll

cation pratique et sociale de la liberté de conscience ».

hoiique qui la soiiiieni aujourd’hui n’admet pa.

lirement la ridicule et coupable doctrine que

. ni bonnes ». Il admet.

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