Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/270

Cette page n’a pas encore été corrigée

525

    1. LIBÉRALISME CATHOLIQUE##


LIBÉRALISME CATHOLIQUE. LAMENNAIS ET L’AVENIR

526

tendaient à décatholiciser la Belgique ; mais ce que les Hollandais n’essayaient que d’une main tremblante, les libéraux l’abordent tout d’un coup. » Les Belges lui répondirent par ces faits : « Tout le clergé sans exception connue » et les meilleurs d’entre les catholiques, ont vu « le doigt de Dieu dans les événements si extraordinaires où il les appelait visiblement à sauver leur religion. » Ils ont donc « adhéré à la révolution. .. de tous leurs vœux et de leur coopération. » Et ils n’ont pas lieu de s’en repentir, car si, au congrès, quelques révolutionnaires « dans le sens indiqué par le P. Ventura, ont prononcé des discours anticatholiques », le congrès n’en a pas moins voté les articles 14, 15, 16, 17, 18 et 20 de la constitution, où se trouvent affirmés et placés, sous la sauvegarde de toutes les libertés, l’indépendance et les droits de l’Église. Articles de l’ « Avenir », t. iii, p. 58-61.

En Belgique se réalisait ainsi l’idéal que prêchait Y Avenir ; les théories de Lamennais d’abord, puis de l’Avenir, avaient agi, en effet, sur le clergé belge. Cf. Thonissen, Études d’histoire contemporaine, t. i. 2e édit., La Belgique sous le règne de Léopold I er, p. 260 sq. En retour, ce triomphe du libéralisme catholique allait encourager Lamennais et son école. Le 20 juillet 1831, Lacordaire saluait dans la Belgique

une sœur, née du même père et de la même mère, c’est-à-dire du Christ et de la Liberté », et il proclamait cette mission Qu’elle a reçue du Ciel, d’élever la première le Labarum, qui conduira mieux et plus loin que celui de Constantin les siècles, dont nous sommes, disait-il, les vedettes aventurées ». Enfin il souhaitait qu’elle devînt un spectacle qui encourage les catholiques à conquérir leur affranchissement. Articles de f Avenir », t. v, p. 343 et 345.

Lamennais et ses disciples ne remarquaient point, sans doute, que si l’attitude des catholiques belges se justifiait par des nécessités politiques et religieuses, les mêmes nécessités ne se retrouvaient pas en d’autres pays.

Le libéralisme catholique en France.

A l’origine,

la Hévolution de Juillet porte en France ce double caractère : elle paraît dirigée contre l’autel presque aulant que contre le trône ; elle semble aussi devoir s’étendre à toute l’Europe et y entraîner, par le triomphe du libéralisme et de la démocratie, la destruction du régime Metternieh et de l’Europe delà Sainte-Alliance.

lui fait, hors de France, si l’on excepte la Belgique, le mouvement fut vite arrêté et, dans la France même, il aboutit de bonne heure à une sorte de compromis : le trône n’est point renversé, mais à la dynastie de droit divin est substituée une dynastie qui se réclame de la souveraineté nationale ; la démocratie n’est pas établie, mais la bourgeoisie se substitue à la noblesse comme (lasse dirigeante ; enfin, la nouvelle ebarte maintient la liberté des cultes (article 5). mais le catholicisme n’est plus que l’un d’eux, il perd sa qualité de religion d’État ; toutefois, l’article 7 le qualifie, comme le concordat de 1801 : religion de la majorité des Français. Il n’esl nullement question d’abolir le Concordat ; une l"i même est annoncée qui établira la liberté d’enseignement, réclamée par les catholiques depuis la Restauration, Mais, dans son ensemble, la bourgeoisie portée au pouvoir est voltai* rienne*, hostile à la puissance sociale de l’Église ; plus

hostiles encore sont les vainqueurs de Juillet, les

membres des sociétés secrètes. Cf. Thureau Dangm, / Église et l’Etat sous la monarchie de Juillet, Paris, imkii et Histoire’le ta France soi ; ’, lu monarchie de

.IlllIM. I. |.

Quelle serait l’attitude de l’Église de Fras L’éplscopat, Hé aux Bourbons pat un serment, par quinze années d’alliance et pai tout son pané, hesi

tait à trahir ce passé et à accepter la situation diminuée faite à l’Église. Mais Pie VIII reconnut Louis-Philippe et, encouragé par lui, l’épiscopat ne tarda pas à s’incliner devant le fait accompli et à ordonner les prières pour le roi. Articles de V « Avenir », 1. 1, p. 16 et 123 ; Baron Henrion, Vie de Mgr de Quélen, 2e édit., p. 254. La vie de l’Église de France sembla donc devoir continuer comme sous la Restauration, avec moins d’appui officiel et plus d’hostilité dans le pays. Ces compromis ne pouvaient suffire à Lamennais. La révolution de 1830 a justifié ses prévisions, l’heure lui semble venue d’entraîner les catholiques de France et, par eux, le pays et même le monde vers l’idéal des temps nouveaux, celui que déjà il a esquissé. La même pensée, mais avec un tout autre idéal, hante au même moment les saint-simoniens dont le Globe va devenir l’organe, en janvier 1831. Cf. Weill, L’école saint-simonienne, Paris, 1896 ; Charléty, Histoire au saint-simonisme, Paris, 1896.

1. Fondation et programme de V « Avenir ». — Pour sa croisade, il faut au nouveau prophète des auxiliaires et un journal. Les auxiliaires sont prêts : ce sont les membres de la congrégation de Saint-Pierre et surtout les hôtes de la Chesnaie. Des’journaux ou périodiques catholiques existants aucun ne convient : le Mémorial catholique, où Lamennais écrit, n’est pas assez populaire ; d’autres, la Gazette de France, la Quotidienne, sont les défenseurs des Bourbons et du passé ; le Correspondant a bien déclaré, le 6 août, que la cause des Bourbons est à jamais perdue et que la religion reste à défendre, mais c’est une revue et d’une allure trop discrète. De là sortit l’Avenir, journal quotidien auquel devaient collaborer, sous la direction de Lamennais, dès la première heure : Gerbet, l’historien ecclésiastique, Rohrbacher, Lacordaire, Harel du Tancrel, de Coux, d’Eckstein, Waille et, bientôt après, Montalembert. Le premier numéro parut le 16 octobre 1830. (Dorénavant, les articles de l’Avenir seront cités d’après le recueil en 7 vol. qui porte ce titre.)

L’Avenir : ce nom seul est un programme. Dans le nouveau journal, il sera question, non du passé, pour le faire revivre ; ou du présent, pour le consolider, mais des siècles futurs qu’il faut édifier. La devise : Dieu et la liberté indique déjà et le Prospectus, œuvre de Gerbet, expose « sa position entièrement neuve ». Il vient prêcher aux Français, et par eux à l’humanité, cette union de la religion et de la libelle que réclament à la fois l’opinion et la raison. La majorité des Français veut sa religion et sa liberté Ce sont là d’ailleurs « les deux principales forces morales qui existent dans la société. Nul ordre stable ne serait possible, si elles étaient considérées comme ennemies. De leur union naturelle, nécessaire, dépend donc le salut de l’avenir. » Articles de PAvenir », Prospectus, t i.p.i. Or. Jusqu’ici, i une théologie servi le, le gallicanisme, présentant la volonté du p rince comme la source de tous les droits ». conduisit les catholiques a former, au nom même de la religion, un parti antipathique à toutes les idée-, de progrès et de religion », il en résulte des pr éve ntions et des haines terribles i contre le catholicisme chez ceux

qui ne pouvaient supporter un pouvoir arbitraire.

el qui avaient ce besoin de liberté… propre.iu nations chrétiennes tbtd. Il faut que cesse

divorce apparent du catholicisme et de la liber

D’autre part, les libéraux om entendu fonder la liberté sans la religion et même contre elle : libéralisme est devenu synonyme de philosophie. Que les libéraux le comprennent : ils ne pourront fonder la liberté smis lui donner la religion pour base et s ; ms l’appui des popu lations catholiques. Qu’écoutant le conseil du grand libéral belge, « le Potter, ils cessent de se défier dis