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    1. LIBÉRALISME CATHOLIQUE##


LIBÉRALISME CATHOLIQUE. ORIGINE

uniquement l’indépendance et les libertés nécessaires à l’Église — mais déjà il invoque la Charte et ses promesses libérales. La prudence seule, du reste, semble l’avoir retenu car les formules de sa correspondance, à cette date, sont déjà celles de V Avenir.

Comment le collaborateur de Villèle et de Vitrolles au Conservateur ; l’ennemi du Constitutionnel, l’adversaire du libéralisme en est-il arrivé à se retourner contre la royauté pour devenir un libéral ? C’est Fultramontanisme, a-t-on répété, qui l’a conduit au libéralisme ; cela est vrai, non qu’il ait fait des doctrines libérales la conséquence logique de la doctrine ultramontaine — le côté doctrinal de la question ne le préoccupe pas d’ailleurs — mais par le libéralisme il croit servir l’ultramontanisme. Ce n’était pas en effet pour défendre la prérogative royale qu’il avait collaboré au Conservateur ; il comptait alors sur les Bourbons pour réaliser son idéal théocratique. Quand donc il les vit, d’une part, s’obstiner dans leur politique gallicane, d’autre part, mécontenter le pays, les jugeant perdus et la vertu monarchique épuisée, il conclut qu’en liant sa cause à la leur, l’Église se condamnait elle-même et la société avec elle. L’Église devait donc ostensiblement se séparer des Bourbons. Et, puisqu’au principe de la légitimité se substituait dans les esprits le principe de la souveraineté nationale, l’Église, pour garder sur le monde moderne son influence nécessaire, devait s’arranger de ce principe. Dans la pratique, enfin, la souveraineté nationale c’est la souveraineté d’un parti ; donc l’inconstance du pouvoir politique : vu cet état de choses, n’est-ce pas sagesse pour l’Église de se proclamer et de se rendre indépendante de ce pouvoir, autrement dit, de se séparer de l’État ?

Puis il subissait l’influence du néo-libéralisme, qui non seulement combattait dans le Globe « les médiocrités et les vieilles vanités » du libéralisme voltairien, et réclamait « toutes les libertés pour tous », mais qui entendait se tenir en dehors des partis, dans la région sereine de la vérité abstraite ; l’in fluence aussi de publicistes, tels que Benjamin Constant, pour qui, en religion comme en tout, la liberté amènerait les résultats en définitive les meilleurs( les États-Unis ne le prouvent-ils pas’?), tels que Ballanche, pour qui la Révolution est un événement providentiel, ordonné au renouvellement moral de l’humanité. Dans l’Allemagne de Metternich elle-même, il entendait Goerres, Frédéric Schlegel, Ilaller, Dcellinger à ses débuts, exalter la théocratie du Moyen Age, l’indépendance de l’Église à l’égard de l’État et proclamer leur intention de rendre à l’Église la direction de la pensée et de la science, pour lui rendre en même temps la direction de la société. Cf. (1. Frainnet, Essai sur la philosophie de P.-S. Ballanche, Paris, 1002 ; C. Huit, La vie et les œuvres de Ballanche, Lyon, 1002 ; Goyau. V Allemagne religieuse. Le catholicisme (1800-1848), 1010, 1. 1 et n.

Enfin Lamennais voyait les principes de 1879 fermenter dans l’Europe occidentale, en Pologne, dans l’empire ottoman et jusque dans l’Amérique du Sud. Surtout il les voyait au service de l’Église en Irlande, en Belgique, aux États-Unis, Ce n’était pas, en effet, au nom du droit propre a l’Église, mais au nom du droit commun et du principe naturel de liberté que luttaient pour l’émancipation des catholiques irlandais, contre l’Angleterre protestante. O’Conncll et V Association catholique. Même spectacle et plus frappant encore en Belgique.’ « il a bon droit que les Pays Bas autrichiens passaient depuis le commence ment du xvine siècle pour la citadelle de l’ultra montanisme. H. Pirenne. Histoire de Belgique, t. n. Bruxelles, 1021. p. 800. l.es idées ditolérance de .Toseph II avaient été la principale cause de l’insui i ec lion brabançonne de i ?x'> Vprèa 1815, dans les premières années du royaume des Pays-Bas, les catholiques s’étaient montrés peu favorables aux libertés publiques. Leurs chefs avaient repoussé comme attentatoire aux droits de l’Église la Loi fondamentale du royaume. Les évêques avaient solennellement réclamé le monopole de la liberté religieuse, l’exclusion des dissidents des emplois publics en rapport direct ou indirect avec le culte, la proscription de la liberté de la presse, l’entrée du clergé dans les assemblées nationales et provinciales à titre d’ordre reconnu par l’État, une dotation fixe pour l’Église et la direction souveraine de l’instruction publique. Dans le domaine religieux, c’était à peu près le retour pur et simple à l’Ancien Régime. » Thonissen, La constitution belge annotée, 2e édit., Bruxelles-Paris, 187(3, Préface, p. vi. Et, en face d’eux, des libéraux, partisans convaincus des libertés modernes, acceptaient avec empressement la Loi fondamentale, « applaudissaient à tous les actes qui tendaient à restreindre l’autorité de la hiérarchie catholique », ou la liberté de l’enseignement, et particulièrement à la création du Collège philosophique de Louvain, « destiné à inoculer aux lévites catholiques les doctrinesdu joséphisme », oubliant ainsi que, » d’une part, le monopole de l’enseignement, de l’autre, la formation d’un clergé prêt à subir toutes les exigences du pouvoir, devraient dans un avenir peu éloigné décupler les forces de l’administration hollandaise. » Ibid., p. mil Or, en 1828, ces frères ennemis font cause commune contre l’ennemi commun, le roi des Pays-Bas. Pour le bien de l’Église et pour l’indépendance de la patrie, malgré le Concordat de 1827, où le roi a accepté de réelles concessions — qu’il ne réalise pas, il est vrai — les catholiques belges, évêques compris, ont accepté ce mot d’ordre du plus pur libéralisme : Liberté en tout et pour tous. De l’autre côté de l’Atlantique enfin. l’Église paraissait se trouver très bien de la liberté commune. Cf. Laboulavc, UÉglise et l’État en Amérique, dans Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1873. Lamennais fut d’abord peu suivi. Soutenu, mais avec quelque réserve, par le Catholique du baron d’Eckstein et par le Correspondant, que fait paraître, dès le 10 mars 1829, cette Association pour la déjense de la religion catholique, (pue Lamennais a contribué à fonder mais dont les membres, jeunes hommes dévoués à la royauté, se défendront, le 3 novembre, d’être « ses disciples aveugles », il voit bientôt son livre Des progrès attaqué violemment et de tous côtes. Sur d’Eckstein, cf. Correspondant, 25 janvier 1862, Nécrologie, par Foisset ; et sur le premier Correspondant. C. SainteFoi, Souvenirs de jeunesse, Paris, 1911, p. 158-179. Gallicans et royalistes s’acharnèrent : l’épiscopat s’émut, et l’archevêque de Paris, Mgr de Quélen, dans sa Lettre pastorale, du 21 février 1829 sur la mort de Léon XII. parla sévèrement « des beaux talents qui semaient la défiance entre les souverains et les sujets Lamennais lui répondit — dans un geste qui rappelait celui de Rousseau à l’égard de Christophe de Beaumont — par une Première lettre à Monseigneur l’archevêque de Paris, mars 1820. fin p. in-8°. puis par une Seconde…. avril 1829, 71 p. ln-8°, où il accentuait sa critique du gallicanisme et sa confiance en la liberté. Cf. Baron Hcnrion. Vie et travaux apostoliques de Mgr de Quélen, Paris. 1840, nouvelle édition, 1842, et d’Exauvtlle, Vtede Mgr de Quélen, 2 ln-8°, Paris, 1840, 1. 1.

Le gouvernement le dénonça à Borne, niais | ! tut Dans s : i première encyclique, 21 mai 1829, le nouveau pape, Pie VIII, parla de l’indinercntisine. de la propagande protestante, de ces sociétés secrètes, qui s’appliquent à désoler l’Église et a perdre l’Étal. mais ne dit rien des récentes discussions < < silence du pape fut loin de plaire à 1.amendais qui rêvait d’une approbation formelle. Sa correspondance traduit même