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LEPORIUS — LEQUEUX

’dans sa nature : Verbum caro factum évacuât in persona quod possidet in natura. » Lib., n. 7 col. 1226 D.

Revenant ensuite à quelques-unes des plus graves erreurs qu’il avait professées, Léporius leur oppose expressément sa doctrine présente. On remarquera tout au moins l’exégèse qu’il donne du texte Deus meus, Deus meus, quare me dereliquisti dont il avait tiré jadis de si funestes conséquences. Il avait voulu y voir la preuve que, durant les tortures de l’agonie, la nature humaine abandonnée à sa propre vertu avait trouvé en soi la force de souffrir. Voici l’explication qu’il en donne à présent « Le Christ a poussé ce cri pour montrer clairement que le Fils de Dieu allait mourir selon la chair. C’est la chair elle-même qui est censée parler toute seule, en mettant d’ailleurs le passé pour le futur, car, par la mort de la croix, le corps terrestre allait être temporairement abandonné par Dieu, non seulement par Dieu, mais par l’âme qui était unie à Dieu. » En d’autres termes, et si nous le comprenons bien, Léporius veut dire ceci : « Au moment de la mort, le corps du Christ va être abandonné par la divinité et c’est pour figurer cet abandon que la toute dernière parole du Sauveur est cette plainte angoissée du corps de Jésus, qui va être privé de l’union avec la divinité, pendant les trois jours qu’il passera dans le sépulcre. » Avouons qu’à tous égards le deuxième commentaire ne vaut pas mieux que le premier. Mais le texte scripturaire en question soulève de si graves problèmes I

Telle est la profession de foi de Léporius : elle montre au théologien à quel point d’exactitude était parvenue en ce début du ve siècle la christologie des latins, quelles formules elle saurait opposer aux hérésies qui allaient pulluler en Orient. La profession du moine gaulois est un premier crayon du fameux tome à Flavien. On la rappellera souvent dans les luttes théologiques subséquentes. C’est ainsi que Cassien en donnera quelques extraits dans le De incarnatione, t. I, c. v ; de même saint Léon dans sa lettre à l’empereur son homonyme. Epist., clxv, P. L., t. liv, col. 1182 A (le texte est mis sous le nom de saint Augustin ex libro Assertionis fidei). Théodoret en fait état, Eran., II, P. G., t. lxxxiii, col. 209. Arnobe le jeune en transcrit un passage mais sans référence, Conjlict., t. II, c. viii, P. L., t. lui, col. 281 B. A l’époque de la controverse théopaschite, le pape Jean II s’y réfère pour justifier l’expression de Deus passus. Epist., iii, P. L., t. lxvi, col. 23. Quelques années plus tard, Facundus d’Hermiane en cite plusieurs extraits pour justifier l’appellation de Mère de Dieu donnée à Marie. Pro defens. trium capit., t. I, c. iv, P. L., t. lxvii, col. 545546. Bref cette profession de foi a été considérée par l’Église latine comme une véritable tessère d’orthodoxie. Pour l’historien des dogmes elle présente un intérêt égal, puisqu’elle révèle, antérieurement à l’explosion des controverses christologiques, l’existence en Occident d’un premier essai de nestorianisme, vite enrayé d’ailleurs par la vigilance des évêques gaulois et la lucidité de saint Augustin.

Le texte du Libellus, signalé d’abord par Sirmond dans les Concilia antiqua Galliæ, 1629, t. i, p. 52, a été publié par le même critique l’année suivante, d’après un ms. d’Hérival dans les Opuscula dogmatica velerum quinque scriplorum, voir Sirmondi opéra, t. i, p. 203 sq. ; il est passé de là dans les diverses collections conciliaires, puis dans la Bibl. Patrum de Lyon, t. vii, p. 14 et dans la Bibl. velerum Patrum de Gallandi, t. ix, p. 396 sq., enfin dans P. L., t. xxxi, col. 1215 sq.

Les sources ont toutes été indiquées au cours de l’article.

Parmi les travaux anciens il faut mentionner : Baro nlus, Annales, an. 420, n. 12-14, avec les remarques de Pagi, n. 0-13 ; Tillemont, Mémoires, t. xiii. p. 878885 et les notes correspondantes ; Histoire littéraire de la France, t. ii, 1735, p. 165-175 ; Dom Cellier, llisl. des auteurs eccl., 2’édit., t. viii, p. 232-237 ; II. W. Phfllott, art. Léporius du Diction. <>/ chistian biographg. — Dom Morin, Revue bénédictine, 1807, t. xiv, p. 102, 103 donne quelques raisons plausibles de situer à Trêves la patrie de Léporius.

É. Amann.

LE PRÉVOST Jean(Pnepositus), jésuite d’Arras dont on a pu écrire : « Homme d’une science éminente et d’une vaste intelligence dans un petit corps grêle et assez mal tourné. » Sotvell, Bibliotheca scriplorum Soc. Jesu. — Il professa d’abord la philosophie à Douai, pendant quatre ans, puis la théologie scolastique tant à Louvain qu’à Douai, l’espace de seize années. Il fut créé docteur en théologie en 1617 et mourut à Mons, le 6 juin 1634. Sur le point de mourir, il prit tout haut à témoin de sa foi et de ses dispositions, le Christ en son Eucharistie : « Seigneur Jésus, dit-il. si j’ai enseigné ou écrit quoi que ce soit d’utile ou d’avantageux pour votre Église, me voici prêt à le signer de mon sang ; mais si j’ai avancé quelque proposition hérétique, je la rétracte, ou même si j’ai dit quoi que ce soit d’erroné, de téméraire, de vain, de mordant ou d’imprudent, je retire tout ; tout de nouveau. »

On a de lui : 1. Commentaria in 7// am partem Summse theologicse sancti Thomas, de incarnatione Verbi divini, sacramentis et censuris, Douai, 1629, in-fol. ; 2. In 7 am partem, de Deo uno et trino, de angelis, de operibus sex dierum, ibid., 1631, in-fol. : In /am./7ae de beatitudine, actibus humanis, peccalis, legibus et justificatione, ib.’d., 1637, in-fol. Dans les questions morales il compte au nombre des auteurs qui font autorité.

Valère André, Bibliotheca belgica, édit. de 1739, t. ii, p. 714 ; Richard et Giraud, Dictionnaire universel des sciences ecclésiastiques ; Moréri, Grand dictionnaire historique ; iiiTter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 632.

A. Thouvenin.

    1. LEQUEUX Claude##


LEQUEUX Claude, prêtre du diocèse de Paris (xviiie siècle), fut nommé, le 29 septembre 1759, vicaire desservant de la chapelle de SaintYves, située à Paris, rue Saint-Jacques. Il fut toujours fervent janséniste, au point que, dit-on, il jeta au feu un manuscrit que Bossuet avait composé en 1703 au sujet du Cas de conscience et dans lequel le jansénisme était critiqué. Il prit part aux convulsions et il fut même enfermé quelques jours à la Bastille pour avoir été trouvé chez une convulsionnaire. Il mourut à Paris le 30 avril 1768.

Les écrits traduits ou édités par Lequeux ont pour objet des questions religieuses et sont ordinairement présentés sous un jour favorable au jansénisme ; il en est de même de quelques écrits dont il est l’auteur. Il a composé, du moins en grande partie, les ouvrages suivants : Les dignes fruits de pénitence du pécheur converti ou image d’un véritable pénitent, in-12, Paris, 1743 : L’année chrétienne, — par Le Tourneux, abrégée par Lequeux, 6 vol. in-12, Paris, 1746. — Tableau d’un vrai chrétien, in-12, s. 1., 1748. — Le chrétien fidèle à sa vocation ou Réflexions sur les principaux devoirs du chrétien, distribuées pour chaque jour du mois et utiles pour les retraites avec le tableau d’un vrai chrétien, composé de passages choisis des saints docteurs de l’Église, in-12, Paris, 1754. — Le Verbe Incarné, m-12, s. 1., 1759.

Mais Lequeux est surtout connu par les nombreux ouvrages qu’il a édités ou traduits. Il faut citer ici : Les instructions chrétiennes de Singlin, 6 vol., in-12, Paris, 1736. — Lettres de la duchesse de La Vallière, avec