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LEONCE DE BYZANCE. SOTERIOLOGIE


Nouvel Adam, ce n’est donc pas la chair d’Adam innocent qu’il a prise, mais celle d’Adam coupable, car il n’est pas venu sauver les justes, mais les pécheurs. Il est venu payer la dette de notre nature, combattre le démon, nous montrer le chemin de la vertu : tout cela, il n’eût pu le faire de la manière qu’il convenait dans une chair impassible et incorruptible. Col. 1348-1349. — 0) Si la chair a été incorruptible dès le premier instant, dès ce premier instant aussi, tout le but de l’incarnation, qui est la restauration parfaite de l’homme, a été atteint : et alors le Christ aurait vécu ici-bas, aurait souffert et serait ressuscité on ne sait pourquoi. Col. 1352 AB. Le julianiste accepte en effet que l’incarnation aurait suffi, mais pense que Dieu a voulu, par tout ce qui a suivi, nous témoigner davantage son amour en même temps que sauvagarder les droits de sa justice. Col. 1324 A. Quant au fait de l’incorruption de la chair du Christ, dont les aphthartodocètes faisaient argument, Léonce répond que la passibilité et la corruptibilité de la chair du Christ étaient suffisamment prouvées par les passions et par la" mort : la corruption eût suivi, sans l’intervention de la puissance du Verbe : l’incorruption doit donc s’expliquer par un miracle, et non par une loi naturelle régissant la chair du Christ, Xoyco Gaûii-a-roç, àXX où vôizco çûaecoç. Col. 1348 AB.

Pour finir, Léonce adresse ses lecteurs aux traités des Pères dont il s’est servi, dit-il, pour composer son ouvrage et dont il va produire plusieurs témoignages. Il avertit que s’il se rencontre des oppositions de langage parmi les Pères, il ne saurait y avoir de contradiction véritable, puisque c’est le Saint-Esprit qui parlait en eux. Ces antilogies sont facilement résolubles soit par les divers sens des termes : corruptible, incorruptible, soit en les rapportant aux divers moments de la vie du Christ, soit même en voyant dans l’union au Verbe le gage certain de l’incorruption future de la chair du Christ. Les citations patristiques qui suivent, au nombre de vingt-sept, ne se trouvent que dans la version de Torrès, Bibliotheca Vct. Patrum, t. vi, Cologne, 1618, p. 474475. Les écrivains orthodoxes qui après Léonce se sont occupés de cette question n’ont fait que reproduire son enseignement. Voir art. Gaïanite (Controverse), t. vi, col. 1002 sq., et Julien d’Halicarnasse, t. viii, col. 1931 sq.

4. La Mère de Dieu.

C’est dans le IIe des Très libri, dirigé contre les aphthartodocètes, que Léonce nous parle de la vierge Marie. Elle est bien pour lui la Mère de Dieu. L’apthartodocète et lui sont d’accord pour l’appeler 0eox6xoç. Col. 1325 C ; 1329 A ; 1352 D. Il met parmi les impiétés de Théodore de Mopsueste et de Nestorius le refus qu’ils font de donner ce titre à la vierge Marie. Col. 1364 D ; 1368 B ; 1376 D ; 1377 A. Que Léonce entende le « théotocos » dans un sens pleinement orthodoxe, cela apparaît en ce qu’il reproche à Diodore « le nier les deux naissances de Dieu le Verbe. Col. 1388 B : là est, en effet, la pierre de touche qui fait discerner le juste emploi de cette expression. Marie est donc Mère de Dieu. Elle l’est vraiment, car le Saint-Esprit lui a apporté, outre la pureté de l’âme et la sanctification du corps », la fécondité miraculeuse, col. 1328 B. et c’est bien d’elle nue’a matière du corps du Christ a été prise, èx 8è ttjç 9ëot6xou /, ’J/r, t9)ç oùoîa ; 7rpoætXr, 7rTat. Col. 1352 D. Elle reste aussi vraiment vierge, car, promerveilleux, ni l’enfantement n’a dét mit la virginité, ni la virginité n’a empêché l’enfantement, oCte toô t6xou t’v 7tap0ev(av Xûoav-ror. </>-.z t/ç 7tap-Œv’aç êu, rco8c>v-r ?, xuoçoptqe yevoiiévr.ç. col. 1321 D le Christ’( sorti dei entrailles « le la Vierge en lais-Intarte la fleur de la virginité, toû ttje 7ror.pŒv’.a< ; dhrôouç àSiaf06po<j auvi : Col. 1 336 C Quant

à la sainteté de Marie, elle fut au-dessusjde" celle de tous les hommes : « La Vierge, dit Léonce, n’avait rien de plus que nous, si ce n’est sa sainteté, » oùSèv ty ; ç 7rocp6évou Tzp<j>/oùar l ç, 7)(jlcôv, TCAifjv ye (x6vrç -ôjç àyiÔT^TOç. Col. 1329 A. Mais comme ailleurs Léonce dit que le Saint-Esprit survenant en Marie, lui apporta la pureté et la sanctification de la chair, xa6ap6T7 (-roç… ûjtîjpyev aÔTyj t ?ç xaxà ^u^v xai àytaa[i.où toû xaxà tt ; v aâpxa, col. 1328 B, il n’est possible de rien tirer de notre auteur sur la sainteté initiale de la Mère de Dieu.

Sotériologic.

1. État initial de l’humanité

et chute. — Le premier homme, Adam, a été créé dans un état d’innocence et d’immortalité. Son corps pourtant n’était pas incorruptible, mais devait entretenir son incorruption par l’usage du fruit de l’arbre de vie. Col. 1348. L’homme est déchu de ce premier état par sa faute et a mérité son châtiment. Col. 1369. L’ignorance, col. 1373, et la moit, col. 1332, sont les suites du péché. Le péché d’Adam est la racine des maux, col. 1369, et en lui tous les hommes ont péché. Col. 1332 C. Ainsi, aucune âme humaine n’est exempte de péché volontaire ou non volontaire. De plus, même les âmes des saints ont eu des souillures personnelles, au moins par pensées. Seul, Jésus-Christ est pur de tout péché, même de pensée. Ibid., CD. Le péché a été une dette contractée envers Dieu, une victoire du démon sur l’homme, col. 1348 D, et par lui, notre nature a été souillée et rendue malade. Col. 1324-1325.

2. Divers aspects de la rédemption.

Dieu aurait pu nous sauver par sa seule volonté et puissance, mais il lui a plu de le faire par charité et par justice, Col. 1324 A. C’est le but unique de l’incarnation. C’est pour Adam coupable qu’il est venu, et non seulement pour Adam, mais pour nous aussi. Col. 1348 C. La sotériologie de Léonce embrasse plusieurs aspects : il y a la dette à acquitter, col. 1348 D ; la, victoire sur Satan à remporter, col. 1349 ; la mort à détruire, ibid., notre nature à guérir, col. 1324-25 ; et la ressemblance divine à nous rendre. Col. 1349. Ce sont ces derniers aspects, et surtout le dernier, qui sont le plus fréquemment et le plus volontiers exposés par notre auteur.

3. Plan et processus de la rédemption.

Puisque Dieu ne s’est pas contenté de vouloir pour notre salut, mais a daigné faire quelque chose, il était nécessaire que dans la divine incarnation rien n’outrepassât sa sagesse. S’il a pris notre nature pour la guérir, il a dû la prendre entière et telle que nous l’avons. Il a pris mon âme, intelligente et raisonnable, il a pris mon corps, passible et mortel, afin d’opérer le salut de l’homme tout entier, en guérissant le semblable par le semblable : autrement, ce serait autre chose, à savoir ce qu’il aurait pris, et non pas moi, qu’il aurait sauvé. Col. 1324-1325. L’incarnation donc est notre salut et notre guérison : elle y suffit, à condition de l’entendre prr modam unius avec toute la suite des mystères du Christ. Car. c’est le moyen qu’il a pris, lui. le sage et l’unique médecin de nos âmes, pour guérir notre maladie en prenant nos infirmités. Col. 1324. Sans la passion du Christ, sans la passibilité qui en est la condition, comment le Christ aurait-il payé pour nous la dette, comment aurait-il réparé notre ruine ? Col. 1348.

i i once et l’aphtartodocète avec qui ildiscute.ont une conception différente de la rédemption. Pour ce dernier. tout est fini avec l’incarnation : notre nature est guérie, notre salut accompli ; le reste est un surcroît

de i.i bonté et de la justice de Dieu, i t c’est pourquoi

il établit dès le début l’incorruptibilité de la chair du Christ. Col. 1321. Pour Léonce, au contraire, tout cnmmrnrr avec l’incarnation, et c’est pourquoi