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LÉONARD DE SAINT-MARTIN — LÉONCE DE BYZANCE


Martin de Mulié, fils de Martin de Mulié et d’Isabelle Houtave, naquit à Courtrai, en Flandre, le 25 octobre 1716. Après d’excellentes études, à l’âge de dix-huit ans il entra au couvent des carmes déchaussés de Saint-Albert à Louvain, et y fit sa profession religieuse l’année suivante, 23 octobre 1735 ; il fut ordonné prêtre en 1739. Il remplit les charges de prieur du séminaire des missions (Placet) de Louvain (1751-1757), de définiteur provincial, de vicaire provincial (19 août 1779-1781) et de provincial de la province flandro-belge (1781-1784). Pendant vingt et une années il fut lecteur d’Écriture sainte consacrant à l’exégèse le meilleur de son temps. En 1793, malgré son grand âge, le P. Léonard était en pourparlers avec les évêques de Gand et de Bruges, pour la fondation d’un saint désert au lieu dit Papinglooveld, situé partie sur le territoire de la ville d’Eecloo et partie sur celui de la commune de Maldegem ; mais l’invasion française anéantit pour toujours le projet. Enfin il mourut à Gand, à l’âge de quatre-vingts ans, le 8 mars 1796.

Il a publié des œuvres scripturaires, qui furent très estimées au xviiie siècle. Notamment : 1° Examina scripturistica, Il vol. in-8°, Gand, 1764-1772 ; 2e édit. revue, corrigée et augmentée, Il vol. in-8°, Gand, 1778 sq. Après une introduction générale, l’auteur y commente successivement tous les livres de l’Écriture sainte, puisant ses commentaires aux saints Pères et aux exégètes, ses devanciers ; il s’attache principalement au sens littéral. — 2° Summa scripturistica tripartita, 4 vol. in-8°, Gand, 1774-1776. Le t. I er contient la Prima pars ou synopsis de toute la sainte Écriture ; le t. n comprend la Prima secundæ dans laquelle sont résolues les principales difficultés de l’Ancien Testament ; tandis que celles du Nouveau Testament le sont dans le Secunda secundæ ou t. m ; le tome iv est divisé en deux parties : la Tertia pars donne la solution des antilogies apparentes ; et le Supplementum est une chronologie depuis la création jusqu’à la mort de saint Jean l’Évangéliste. — En outre le P. Léonard composa en flamand deux traités ascétiques : le premier sur la foi et l’espérance, Gand, 1790, in-24, de viii-210-6 p., et le second sur la charité, Gand, 1788, in-24, de 89-6 p. Enfin aprèsl’avoir augmentée et annotée, il publia en flamand en deux t. in-8°, l’Histoire de Gand, de Jean-Liévin Roothæse, curé de Belcele (fl763), Gand, 1781. On lui doit encore une relation manuscrite de son voyage à Rome (1791), où il assista au chapitre général de 1791.

Nécrologe du couvent des carmes déchaussés de Gand ; Goyens, Authores prietermissi in bibliotheca earmelilana (de Cosme de Villiers), p. 9 a, Ms de la bibl. de l’Université de Gand ; Barthélémy de S. Ange et Henri du S. Sacrement, C. D., Collectio scriptorum O. Carm. exe, Savone, 1884, t. ii, p. 247-248 ; François De Potter Geschiedenis der stad Kortrijk, (Histoire de la ville de Courtrai), Gand, 1873-1876, t. iv, p. 272-275.

P. Anastase de S. Paul.

    1. LEONARDELLI Bonaventure##


LEONARDELLI Bonaventure, moraliste, né à Trente en 1673, entré dans la Compagnie de Jésus en 1698, enseigna la philosophie à Dillingen, à Ingolstad, la théologie à Trente et mourut à Augsbourg en 1757. Il a publié d’importants ouvrages de théologie morale : Confessio et communio examini theologico subjectæ, Trente, 1726 ; Augsbourg, 1730 ; Institulio practica ordinandorum, Trente, 1730 ; Decisiones practicæ casuum conscientiæ, Augsbourg, 1734-1739 ; Septem gratiarum rivi seu septem sacramenta, Augsbourg, 1745.

Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. iv, col. 1700 sq. ; Hurter, Nomenclator, 3e édition, t. IV, col. 1649.

P. Bernard.

    1. LÉONCE DE BYZANCE##


1. LÉONCE DE BYZANCE, théologien

byzantin du vie siècle. — I. Vie. — -II. Œuvres (col. 401). — III. Doctrine (col. 403).

I. Vu :. — La tradition byzantine, qui a si fort estimé l’autorité de Léonce de Byzance, ne nous a transmis sur sa vie que sa profession de moine. C’est comme moine aussi que le présente la suscription manuscrite de son premier et principal ouvrage. Outre cela, lui-même nous apprend que, jeune homme, il tomba dans le nestorianisme et en fut retiré, avec la grâce de Dieu, par un cercle d’hommes instruits et qu’il composa ses ouvrages assez longtemps après sa conversion, P. G. t. lxxxvi a, col. 1357-1360 ; c’est tout ce que nous savons directement sur lui. Loofs, le premier, a réussi à répandre plus de lumière sur la vie et les œuvres de cet écrivain, Leontius von Byzanz und die gleichnamigen Schriflsteller der griechischen Kirche. I Teil, Das Leben und die polemischen Werke des Leontius von Byzanz, Leipzig, 1887, dans Texte und Unlersuchungen, t. iii, fasc. 1 et 2. L’ensemble de ses conclusions a été généralement adopté.

L’examen des ouvrages authentiques de Léonce oblige à placer leur composition entre 529 et 543. L’auteur a donc vécu sous Justin et Justinien. Or, parmi les nombreux personnages du nom de Léonce que l’on rencontre dans les documents afférents à cette époque, quatre seulement ont chance de coïncider avec notre auteur. Le premier est l’un de ces moines scythes qui, au début du règne de Justin, bataillent pour imposer la formule : « Un de la Trinité a été crucifié. » Il fait partie de la députation envoyée à Rome dans ce but en juin 519. Voir Hormisdas, t. vii, col. 171 sq. Le second participe à la conférence de 531 entre catholiques et sévériens sous le titre : Leontius, vir venerabilis, monachus et apocrisiarius patrum in sancta civitate constitutorum, Mansi, Concil., t. viii, col. 818 A, en compagnie d’un dominus vir venerabilis Eusebius presbyter et cimeliarcha sanctissimæ majoris ecclesiæ. Ibid., col. 817 A. Le troisième est présent au concile présidé par Mennas en 536, avec la désignation : Aeovxioç [iovaxôç xai f)Y°ûf jlev0 Ç y - a’T07TOTr)p7)TY]< ; tcÔlg^ç tÎ] ; épY)[i, ou. Ibid., col. 9Il A. Il s’y trouve en compagnie des moines Domitien et Théodore, les futurs évêques d’Ancyre et de Césarée que leur origénisme allait rendre fameux. Le quatrième enfin est ce moine, BoÇàv-rioç tw yévei. qui vint à Constantinople avec saint Sabas en 531, y controversa en faveur du concile de Chalcédoine, mais, reconnu par le grand abbé pour origéniste, fut chassé de son entourage, trouva alors accueil auprès de l’influent Tzà-TzaLC, Eusebios, retourna plus tard à la Nouvelle-Laure où il parut un des principaux chefs de la secte. Voir Cyrille de Scythopolis, Vita Sabse, dans Cotelier, Ecclesiæ græcæ monumenta, Paris, 1677, t. iii, p. 344-345, 361-366. Loofs a identifié ces quatre personnages avec notre écrivain. W. Rugamer, qui paraît le seul à l’avoir combattu, Leontius von Byzanz, Wurzbourg, 1894, p. 49-72, regarde comme douteuse la première identification pour plusieurs raisons dont la plus sérieuse est l’absence de la formule : unus de Trinitate crucifixus est, dans les œuvres de Léonce, et nie catégoriquement la quatrième : il lui paraît impossible qu’un origéniste comme celui de la Vite Sabæ ait pu jouir de tant de considération chez les écrivains ecclésiastiques orthodoxes. Cette dernière identification semble pourtant devoir être conservée, car elle paraît inséparable des deux précédentes, et s’accorde de plus avec la polémique de notre auteur contre Théodore de Mopsueste, que les origénistes combattaient avec ardeur et dont ils allaient provoquer la condamnation comme revanche de la leur. L’objection de W. Rugamer ne fait pas une insurmontable difficulté, car d’une part, comme le fait observer Loofs,