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LÉON VI LE SAGE. SON ŒUVRE JURIDIQUE


Orientalis perpétua conscnsione, Cologne, 1648, t. II, c. vii, col. 604-605, que le schisme auquel mit fin le tomus unionis était moins entre Byzance et Rome, qu’entre les deux partis byzantins d’Euthyme et de Nicolas, et que, dans toute cette allaire, l’autorité suprême et la primauté du pape est nettement mise en relief par les actes du Saint-Siège et par le recours des Byzantins aux-mêmes : les lettres de Nicolas le reconnaissent en termes très explicites. Voir art. Constantinople au t. ni de ce Dictionnaire, col. 13561357.

2° La politique ecclésiastique de Léon VI en dehors de l’affaire de la tétragamie : la deuxième déposition de Photius (886). — Un des premiers actes de Léon VI, dès son avènement, avait été la déposition de Photius (la seconde), 7 décembre 886, et son remplacement par le prince impérial Etienne, le plus jeune fils de Basile le Macédonien. Le patriarche Etienne fut sacré aux environs de Noël 886 par Théophane métropolite de Césarée. Hergenrôther, Photius, t. ii, p. 686. Le nouvel empereur avait à se venger de Photius qui pendant les sept dernières années du règne de Basile (879-886) avait été le véritable maître de l’Église et de l’État. Dès la mort de Basile I er, Léon VI réunit un tribunal pour juger Photius et Théodore Santabarénos, son complice, promu au siège d’Euchaïtes dans le Pont. Ils étaient accusés d’avoir voulu susciter un compétiteur à Léon dans la personne d’un parent de Photius. Celui-ci fut de nouveau destitué et exilé dans un couvent. Théodore, frappé de verges et aveuglé, fut envoyé en Asie, puis à Athènes ; il mourut sous le règne de Constantin et de Zoé à Constantinople, où longtemps après son avènement Léon VI l’avait rappelé. Léo Gramm., 1097. Si le procès fait à Photius et à Théodore ne parvint pas à démontrer juridiquement leur projet de détruire la maison macédonienne, l’opinion publique n’en resta pas moins convaincue : Stylianos, évêque de Néocésarée écrivait au pape Etienne, peu après l’avènement de Léon, que le but de Photius et de Santabarénos avait été d’éloigner l’héritier afin de pouvoir prendre en mains l’empire et, soit par eux-mêmes, soit par un autre, toute l’administration. Mansi, Concil., t. xvi, col. 433. Notons cependant que pour un grand nombre de Byzantins cette déposition de Photius sous l’instigation de Stylien Zaoutzès parut une flagrante injustice. Vita Euthym., ii, 20-22, C. de Boor, p. 5.

Il se trouva que la vengeance de Léon à l’égard de Photius coïncidait avec le désir du pape Etienne VI de voir destituer le prélat tant de fois condamné. Ce fut Léon qui reçut la lettre adressée sur ce sujet par le pape à l’empereur Basile, où Photius était traité de « prévaricateur », tandis qu’on disait avoir appris avec joie la destination d’un des princes impériaux au sacerdoce. Mansi, t. xvi, col. 423-426 ; cf. t. xviii, col. 13. Léon VI convoqua alors, autour de Stylianos Mapa, métropolite de Néocésarée, les évêques, moines et clercs que Photius avait persécutés et leur dit : » Comme vous voyez, je n’oblige plus personne à communiquer avec Photius, puisque je l’ai chassé ; au contraire, je vous prie de vous réunir au patriarche mon frère, afin qu’il n’y ait qu’un troupeau. Mais comme il a été ordonné diacre par Photius, si vous ne voulez pas faire cette réunion sans l’autorité des Romains par qui Photius a été déposé, écrivons à l’évêque de Rome pour lui demander dispense et absolution en faveur de ceux que Photius a ordonnés. » L’empereur écrivit donc à Etienne VI. et Stylianos de même au nom des évêques, moines et clercs. La lettre de Stylianos est un aperçu complet de l’histoire de Photius. depuis la condamnation de Grégoire Asbestas. Mansi, Concil., t. xvi, col. 425-435. Elle a en réalité pour but de demander au pape le pardon officiel du peuple de Byzance. « Nous avons vraisemblable ment là un écho du procès intenté à Photius au lendemain de la mort de Basile. » Vogt, Basile I", p. 236, en note. Il n’y a pas lieu d’insister ici sur ces négociations entre Byzance et Rome, qui durèrent trois années et qui sont, au terme du néfaste épisode de Photius, une solennelle ailirmation de la primauté romaine reconnue et exercée en Orient. Voir art. Photius.

Le patriarche Etienne mourut en 893. L’Église grecque l’a inscrit au nombre des saints et célèbre sa fête le 17 mai. C’est à lui que sont adressées toutes les Novelles de Léon VI touchant les matières ecclésiastiques. Antoine Caléas ou Cauléas occupa le trône patriarcal de 893 à 901 ; Nicolas le Mystique, qui lui succéda en 901, fut exilé en 907, comme on l’a vu dans l’histoire de la tétragamie, pour faire place à Euthyme, 907-912.

II. Œuvre juridique et littéraire de Léon VI.

— Léon VI fut un empereur fort instruit. Disciple de Photius, il avait appris de son maître tout le savoir d’un homme cultivé de son temps : rhétorique, philosophie, théologie, droit, histoire, magie, etc. Il écrit des poésies, compose et prononce des homélies, rédige un traité de tactique. Constantin Manassès, vers. 5330, l’appelle « homme très ami de la sagesse plein de toute connaissance et exercé dans toutes les sciences. » Nicéphore Grégoras, dans le panégyrique de sa première épouse, sainte Théophano, n. 21, Kurtz, p. 40, 1. 10-30, loue le mouvement littéraire de ce règne, et on peut voir dans les notes de Kurtz, p. 62-63, les références analogues à Constantin Pôrphyrogénète, au De Cerimoniis, à Skylitzès et à Cédrénos, spécialement au sujet de l’autorité hymno graphique de Léon.

Nous nous attacherons surtout à une étude de l’œuvre juridique de Léon VI à cause de ses rapports avec la vie ecclésiastique, puis nous nous bornerons à quelques indications sur son œuvre homilétique et sur son œuvre hagiographique.

1° Œuvre juridique. — Basile I er avait entrepris une codification nouvelle des lois de l’empire. Léon VI acheva ce recueil et le publia : ce sont les 70 livres des Basiliques ou Constitutions impériales. On lui doit aussi un recueil de 113 novelles, Neapal SiaTa^etç, entre autres celles qui ont pour objet les corporations de Constantinople ou Livre du préfet, Aéovroç tou CToepoû tô È7ïap)(ixov (316X£ov. Le livre du préfet ou l’Édit de l’empereur Léon le Sage sur les corporations de Constantinople, texte grec du Genevensis 23, publié pour la première fois par Jules Nicole, avec une traduction latine, des notices exégétiques et critiques, Genève, 1893, traduction française, Genève, 1894.

Les Novelles. — Les Novelles constituent le recueil juridique le plus personnel de Léon VI. Le Codex Marcianus 179 de Venise en contient 113. Elles furent imprimées en 1558 à Paris par Henri Scrimger, avec les corrections de Henri Estienne, et ont été reproduites par Zachariae von Lingenthal, Jus grseco-romanum, t. iii, p. 65-226, qui y a joint quelques nouellse Leonis extravagantes, et par P. G., t. cvii, col. 419-660. Considérées isolément, ces 113 novelles sont les unes antérieures aux Basiliques qui les ont utilisées, les autres postérieures. Mais le recueil comme tel, groupant les Novelles dans l’ordre où nous les avons, fut fait après la publication des Basiliques. C’est alors aussi que fut rédigée la préface, pour indiquer la portée de la législation impériale. H. Monnier, Les Novelles de Léon le Sage, Bordeaux et Paris, 1923, p. 2-3, a cherché à préciser la date des Novelles. « Si l’on admet, avec Ch. G. E. Heimbach, que les Basiliques ont été publiées en 888 ou 889, on placera entre 888 (ou 889) et 894 (ou tout au plus 899) la date de publication du liber Novellarum. Léon, en effet, se maria pour la