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LÉON (LOUIS DE) — LÉON VI LE SAGE


de n’avoir pas encore de livre qui le considère à ce point de vue particulier.

Les éditions anciennes sont annulées par deux publications récentes : Obras eastellanas de Fray Luis de Léon, 4 vol. in 4°, Madrid, 1885 ; Opéra latina Mag. Luysii, augustiniani, 7 vol., in 4°, Salamanque, 1891-1895 ; Fray Luis de Léon : Esludio biograftco, por et P. Francisco Blanco Garcia, Madrid, 1904 ; Los Nombres de Cristo, édicion esmerada con un Prologo biografico del P. Miguélez, Madrid, 1907 ; Proceso inquisitorial de Fray Luis de Léon, dans Colleccion de Documentos inediios para la Hisioria de Espana, t. x et xi ; Fray Luis de Léon y la filosofia espanola en el siglo XVI, por et P. Marcellino Gutierrez, 2e édit., Madrid, 1891 ; Revista augusiiniana y Ciudadde Dios, t. xxvi, xxx, xli et d’autres que l’on peut voir dans la table spéciale ; Aubrey G. Bell. Luis de Léon, a sfudy of Ihe spanish Renaissance, Oxford, 1925. P. Miguélez.

15. LÉON VI LE SAGE, empereur deByzance de 886 à 911, célèbre dans l’histoire de l’Église : 1. par sa politique ecclésiastique, notamment par l’affaire de la tétragamie ou des quatrièmes noces qui eut indirectement une influence trop réelle sur la consommation du schisme byzantin déjà si nettement ouvert par Photius ; 2. par son œuvre littéraire, juridique et théologique, qui lui a valu une place dans la Patrologie grecque.

I. La politique ecclésiastique de Léon VI. — 1° Les mariages successifs et l’affaire de la tétragamie.

— 1. Les origines de Léon, jusqu’à son avènement. — Léon naquit le 1 er décembre 866, alors que son père légal Basile le Macédonien était déjà co-empereur, une année à peine avant la mort de Michel III l’Ivrogne. Tout semble indiquer qu’il était fils adultérin de ce dernier et d’Eudocie Ingérina. Il courait à Byzance « un bruit fâcheux pour la maison de Macédoine » une tradition dont les chroniqueurs se sont faits les échos. « On disait que l’auteur de la dynastie, le grand Basile, n’avait épousé Eudokia Ingérina que pour favoriser les amours de son maître et collègue Michel III avec cette jeune fille ; que ses deux fils aînés, Constantin le Vieux et Léon VI, étaient fils de Michel III, par conséquent des fils bâtards, des enfants de l’adultère ; que le seul Alexandre était bien le fils de Basile. » A. Bambaud, L’empire grec au Xe siècle, Constantin Porphyrogénèle, Paris, 1870, p. 7, avec les références aux chroniqueurs. L’accusation paraît fausse pour Constantin le Vieux. Pour Léon, au contraire, les chroniqueurs ont raison : fils putatif de Basile, il est en réalité, fils adultérin de Michel III et d’Eudocie Ingérina. « Sur ses origines il ne peut guère y avoir de doute. Malgré le silence de la Vita Basil., xxxiv, 280, qui ne le nomme qu’incidemment avec Constantin comme fils de Basile et d’Eudocie, sauf à la fin du règne et sans faire nulle part mention de sa naissance, tous les chroniqueurs s’accordent à lui donner pour père Michel III et pour mère Budocle Ingérina. » A. Vogt, Basile I er empereur de Byzance (867-886), Paris, 1908, p. 60, avec références aux chroniqueurs.

Il était nécessaire de rappeler le mystère de ces origines, car elles éclairent pour l’historien toutes les péripéties du règne de Léon VI. « On comprend dès lors parfaitement la douleur profonde de Basile lorsqu’il vit son seul et unique enfant (Constantin). celui sur lequel il comptait pour continuer sa lignée, disparaître brusquement, forçant l’assassin de l’empereur légitime a rendre au fils de sa victime. Léon. l’héritage paternel. Aussi bien, est-ce ce qui explique la raison étrange et Incompréhensible à première vue. pour laquelle, dès la mort de Michel, Léon fut tonsuré. Dr Certm., P. G., I. cxii, col. 1157. L’empereur espérait sans doute empêcher par là cet importun de revendiquer jamais son droit à l’héritage paternel Il n’avait pas compté sur les hasards de la vie et de la mort. » Vogt, op. cit., p. 59.

Dès qu’il fut maître de l’empire par l’assassinat d e Michel III, Basile I er, s’était empressé d’associer au trône ses deux « fils », Constantin et Léon. Du vivant de Constantin, l’empereur pouvait également donner la couronne à Léon, sûr qu’il était que l’aîné serait basileus, et ainsi les apparences se trouvaient sauvegardées. Mais à la mort de Constantin, Basile avait un autre fils légitime, né depuis son avènement : Alexandre. Dès lors, on comprend que les espérances du père, frustrées par la mort de l’aîné, se soient reportées sur Alexandre, au détriment du fils putatif Léon. On a même fait remarquer que Léon pourrait bien avoir été le vrai motif de l’assassinat de Michel III. Michel en effet n’avait associé Basile à l’empire que parce qu’alors il était sans enfants. Vita Basil., xviii, 253. La naissance de Léon en 866 modifia singulièrement les choses et il n’est pas impossible qu’elle ait été une des raisons de brouille entre les deux souverains. Michel devait tenir à ce que son fils Léon, quoique illégitime, régnât ; Basile pouvait espérer la même gloire pour son fils Alexandre. Aussi, au cours de l’année 866, Michel et Basile cherchèrent-ils mutuellement à se faire mourir. Ce fut Basile qui l’emporta. Mais il n’est pas étonnant « que Basile n’ait jamais aimé ce fils qu’il était obligé d’adopter comme sien d’abord, puis d’associer à son gouvernement. » Vogt, op. cit., p. 60. Aussi le lui fit-il bien sentir. Quoique Basile, par raison dynastique, eût dès 869 associé Léon au pouvoir suprême, quoiqu’il l’eût fait élever avec grand soin en héritier présomptif du trône, lui donnant pour maître Photius, « jamais pourtant il ne l’avait aimé, et aux côtés de ce père soupçonneux, irascible et sévère, l’existence du jeune homme semble avoir été assez triste. » Ch. Diehl, Figures byzantines, I re série, c. viii, p. 185. A la mort de Constantin (879), Basile s’empressa de couronner Alexandre, quoique tout enfant, « dans l’espérance qu’il supplanterait un jour Léon ; ce qu’il essaya du reste lui-même immédiatement, en l’incarcérant. » Vogt, op. cit., p. 61. Au cours de l’hiver 881-882, probablement aux environs de Noël, il avait obligé Léon à épouser une jeune fille qu’il n’aimait pas, Théophano, de la famille patricienne des Martinacioi. Vita Euthymii, c. vii, éd. C. de Boor, p. 20-21. La Vita Théophano raconte ce mariage de manière beaucoup plus gaie et sans allusion à aucune contrainte, Vita Théophano, n. 9-11, dans É. Kurtz, p. 5-7 ; cf. Diehl, op. cit., p. 187-1 88. Inconsolable de la perte de son fils Constantin, et subissant l’influence du moine Théodore Santabarénos, un protégé de Photius que les contemporains ont soupçonné de magie et de sorcellerie, Basile ne voyait plus autour de lui qu’intrigues et complots. Voir Vogt, p. 155-156. « Quand donc Santabarénos, depuis longtemps brouillé avec le prince héritier, dénonça Léon au basileus comme coupable de conspiration contre la vie de son père (Cedren., 1132), Basile se laissa sans peine convaincre par les plus futiles apparences. » Diehl. op. et loc. cit. Par son ordre Léon fut mis aux arrêts avec sa femme et sa fille Eudocic dans l’un des appartements du palais, dépouillé des insignes impériaux. I e basileus songea même à lui faire crever les yeux, mais Photius et Zaoutzès l’en dissuadèrent, (irorg., Mon. cont., p. 763, n. 18 ; Kurtz. op. cit.. p.. r >. r >, n. 17. Pour que la liberté fût rendue à Léon après trois mois de réclusion, il fallut l’énergique intervention de Photius et de Zaoutzès. Vita Théophano. 16, dans Kurtz, p. 11 18 ; Vita Basil., c c, p. 364 365 ; Syméon Magister, xxi. p. 760. D’ailleurs, tous les grands dignitaires.

inquiets de l’état de santé chaque jour plus alarmant de Basile, conseillaient Ifl clémence. Basile se laissa fléchir et le 20 juillet. en la fête de saint Plie, le prince fut élargi. Vtta Théophano, n Pi. éd. Kurtz. p. 13 Le vieil empereur n’en COnservail pas moins son rcs